Mike Johnson, président de la Chambre des représentants des États-Unis, prononce un discours à la suite de son élection à ce poste, le 25 octobre 2023. (Image : wikimedia / Office of Speaker Mike Johnson / Domaine public)
Au début du mois de novembre, Mike Johnson, récemment élu président de la Chambre des représentants des États-Unis, a annoncé son intention de diffuser plus de 40 000 heures d’images de sécurité filmées lors de l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021.
Mike Johnson a déclaré dans un communiqué : « la vérité et la transparence sont essentielles. Cette décision permettra à des millions d’Américains, aux accusés, aux organisations d’intérêt public et aux médias de voir par eux-mêmes ce qui s’est passé ce jour-là, plutôt que de devoir se fier à l’interprétation d’un petit groupe de représentants du gouvernement ».
La décision de Mike Johnson de diffuser les images a suscité des réactions mitigées, les républicains affirmant que les images minent la thèse selon laquelle ce qui s’est passé ce jour-là était une insurrection, tandis que les démocrates soutiennent que les images supplémentaires renforcent leur thèse selon laquelle un groupe, incité par le président Trump, a tenté de renverser le gouvernement.
De nombreux démocrates affirment également que les images n’auraient pas dû être diffusées, car elles pourraient alimenter la désinformation et les théories du complot.
Certains prétendent même que ce qui s’est passé le 6 janvier était aussi grave, voire pire, que l’attentat terroriste du 11 septembre ou l’attaque impériale japonaise à Pearl Harbor, deux des attaques les plus meurtrières de l’histoire sur le sol américain.
Ces récits concurrents font le tour des médias et des réseaux sociaux, chaque camp se battant pour son récit, ce qui rend difficile pour l’Américain moyen de discerner ce qui s’est réellement passé.
Ce que disent les démocrates
Depuis que les émeutes se sont déroulées, les démocrates et les opposants à l’ancien président Donald Trump ont pris d’énormes mesures pour affirmer leur position selon laquelle les émeutes étaient une insurrection légitime, l’un des jours les plus sombres de l’histoire américaine qui menaçait directement les institutions démocratiques de l’Amérique.
Fin 2021, Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants, a organisé une commémoration de l’émeute du 6 janvier et a admis qu’elle avait organisé cet événement « pour établir et préserver le récit du 6 janvier ».
Les démocrates se concentrent sur les images montrant la violence qui a éclaté ce jour-là, des vidéos montrant le chaos, des attaques contre la police du Capitole, des hordes d’émeutiers brisant des fenêtres et pénétrant de force dans le bâtiment du Capitole.
D’autres images montrent des émeutiers traînés hors du bâtiment et la police du Capitole luttant pour contenir le désordre.
Nancy Pelosi n’hésite pas à mettre en avant les images montrant des émeutiers pénétrant dans les bâtiments du Capitole en la cherchant spécifiquement.
Les images montrent des émeutiers disant : « où es-tu, Nancy ? Nous te cherchons » et « Oui, nous arrivons », avant de pénétrer dans son bureau.
Dans le cadre des efforts déployés par les démocrates pour préserver le récit, la commission spéciale de la Chambre des représentants chargée d’enquêter sur l’attentat du 6 janvier a été créée et a publié son rapport final le 22 décembre 2022.
Cette commission était composée de neuf membres, dont sept démocrates
Ce rapport volumineux de 845 pages contenait plusieurs conclusions essentielles et accusait principalement le président Trump d’avoir orchestré les émeutes et de ne pas avoir mis fin à la violence, tout en louant les efforts de la police pour réprimer le chaos.
Ce que disent les républicains
De nombreux républicains, avec quelques dissidents notables comme Liz Cheney, qui était membre de la commission d’enquête de la Chambre des représentants, estiment que les nouvelles images prouvent que ce qui s’est passé le 6 janvier 2021 n’était en aucun cas une insurrection, en s’appuyant sur des heures et des heures de vidéo montrant des personnes se déplaçant pacifiquement dans les couloirs du Capitole et interagissant même avec la police du Capitole par le biais d’accolades et de checks.
Les images récemment diffusées montrent effectivement ces interactions
Nombreux sont ceux qui affirment que les événements du 6 janvier ne peuvent être considérés comme une insurrection, car rien n’indique qu’ils aient été coordonnés.
Le Federal Bureau of Investigation (FBI) a admis qu’il n’avait trouvé que peu de preuves que l’attaque du Capitole était coordonnée.
Des images montrent la police du Capitole autorisant les gens à franchir les portes du Capitole, semblant les guider dans les couloirs comme s’il s’agissait d’une visite guidée.
Si beaucoup affirment que ces images d’interactions pacifiques avec les autorités prouvent qu’il ne s’agissait pas d’une insurrection, d’autres affirment qu’il s’agissait de la police employant des tactiques de contrôle de la foule pour éviter l’escalade du conflit.
La diffusion de ces images a donné lieu à de nombreuses spéculations, dont certaines affirment que les émeutes ont été encouragées par des agents fédéraux infiltrés dans le but de ternir l’image de Donald Trump.
Par exemple, le célèbre YouTubeur Tim Pool a affirmé que la police trompait les gens en les guidant, tandis que d’autres insistent sur le fait que des agents fédéraux ont été intégrés à l’émeute dans le but d’aggraver la situation. Aucune de ces théories n’a été prouvée de manière concluante à ce jour.
Des images triées sur le volet
Ce qui semble se passer, c’est que chaque camp sélectionne des images pour étayer sa propre version des faits.
Alors que les vidéos diffusées à ce jour montrent à la fois des actes violents de la part des émeutiers et des interactions pacifiques, certains commentateurs affirment que les événements du 6 janvier n’étaient pas une insurrection, mais qu’ils n’étaient pas non plus « une promenade de santé ».
Chris Chappell, animateur de la chaîne populaire America Uncovered sur YouTube, a affirmé dans une vidéo du 23 novembre qu’« à tout moment, différents groupes de personnes faisaient différentes choses à différents endroits, et la police et la sécurité devaient réagir en fonction des personnes les plus proches ».
« La sécurité du Capitole ne voulait surtout pas d’une bagarre générale dans les couloirs », a-t-il ajouté.
Chris Chappell a conclu que « ce que nous pouvons tirer de tout cela, c’est qu’il n’y a pas de récit unique que les images soutiennent ».
« Les gens veulent que les choses s’emboîtent parfaitement, comme si tout avait été planifié et exécuté à la perfection. Ils voient ce qu’ils veulent voir, en extrayant les éléments qui confirment ce qu’ils pensent déjà, plutôt que l’inverse », a-t-il ajouté.
Selon lui, les gens doivent visionner les images et parvenir eux-mêmes à une conclusion.
« Tirez vos propres conclusions sans laisser les influenceurs des médias sociaux ou les médias d’information déterminer le récit pour vous », a encouragé Chris Chappell.
