Lors d’un espace Twitter, Elon Musk a expliqué à la foule que lors de son récent voyage à Pékin et à Shanghai, il avait prévenu le gouvernement chinois que l’IA pourrait en fait finir par renverser le régime. (Image : wikimedia / Heisenberg Media / CC BY 2.0)
Lors d’un récent voyage à Pékin et à Shanghai, Elon Musk, PDG de Tesla et propriétaire de Twitter, a averti le gouvernement chinois que l’intelligence artificielle (IA) pourrait être capable de prendre le contrôle du pays.
Le milliardaire a révélé ces commentaires lors d’un événement Spaces intitulé « The Future of AI » sur la plateforme Twitter, a rapporté Business Insider le 13 juillet.
Elon Musk a déclaré aux auditeurs qu’il avait passé « pas mal de temps avec les hauts dirigeants » lors de son voyage en Chine en mai, le premier depuis le début de la pandémie de pneumonie de Wuhan fin 2019, où il a été officiellement reçu par le ministre des Affaires étrangères Qin Gang.
L’intelligence artificielle pourrait conduire à une « superintelligence numérique »
Il a averti l’administration Xi Jinping que l’intelligence artificielle pourrait conduire à une « superintelligence numérique » que Business Insider a résumée comme ayant le pouvoir « d’usurper le Parti communiste chinois (PCC) et de prendre le contrôle du pays. »
Elon Musk a déclaré qu’il pensait que ses commentaires « avaient trouvé un écho » auprès de Pékin durant les sspaces, ajoutant : « aucun gouvernement ne veut se retrouver évincé par une superintelligence numérique. »
Reuters a rapporté que Ro Khanna (D-CA) et Mike Gallagher (R-WI), membres de la Chambre des représentants des États-Unis, étaient présents lors de l’événement et qu’Elon Musk avait utilisé l’anecdote pour déclarer : « la Chine est tout à fait intéressée à travailler dans un cadre international coopératif pour la réglementation de l’IA ».
Quelques jours avant les commentaires, le gouvernement de Xi Jinping a publié des contrôles stricts sur les entreprises et les entités souhaitant fournir des services d’IA générative au public chinois.
Les réglementations officielles exigent que les fournisseurs gardent leurs algorithmes exempts de facteurs qui pourraient être considérés comme « incitant à la subversion de la souveraineté nationale ou au renversement du système socialiste » ou « mettant en danger la sécurité et les intérêts nationaux ou nuisant à l’image de la nation ».
Actuellement, ChatGPT, Google Bard et Bing AI ne sont pas autorisés sur l’internet chinois hautement censuré. Bien que les offres des entités nationales Baidu et Alibaba aient fait l’objet de tests bêta à usage limité, elles n’ont pas non plus été mises à la disposition du public.
Selon le South China Morning Post, Elon Musk a également déclaré que les dirigeants chinois se rangeaient du côté de « l’équipe de l’humanité » en ce qui concerne les cadres législatifs mondiaux en matière d’IA.
Le représentant Gallagher a cependant exprimé son désaccord, affirmant que la faction de Xi est du côté du « communisme génocidaire » et que les dirigeants du parti utiliseraient l’IA comme un « instrument de contrôle total de la technologie », a rapporté Futurism.
« Je reste sceptique quant au fait qu’ils ralentiraient le développement (de l’IA), et je suis presque certain qu’à court terme, Xi Jinping l’utilisera comme un instrument de contrôle total de la technologie », a déclaré Mike Gallagher, selon le South China Morning Post.
Le South China Morning Post a paraphrasé Elon Musk en admettant que « le plus grand obstacle à la réglementation de l’IA en dehors de la Chine est la crainte que Pékin ne se joigne pas aux efforts internationaux et prenne ainsi l’avantage dans le domaine de la technologie ».
Elon Musk a également été cité lors de l’événement, affirmant qu’à mesure que l’avenir devient plus dystopique, les conflits actuels paraîtront minimes par rapport à ce qui se passe : « je pense qu’en fin de compte, ces batailles entre États-nations paraîtront insignifiantes par rapport à une superintelligence numérique », a indiqué Futurism.
Malgré ces inquiétudes, les grandes entreprises technologiques souhaitent étendre leurs activités d’IA à l’intérieur des frontières de la Chine continentale.
Hou Yang, PDG de Microsoft Greater China, aurait déclaré à un auditoire lors de la cérémonie d’ouverture de la Conférence mondiale sur l’intelligence artificielle (WAIC) début juillet : « nous utiliserons notre technologie et nos ressources pour cultiver en profondeur l’écosystème chinois et développer les échanges avec des organisations partenaires dans différents secteurs », a rapporté Nikkei.
Le WAIC est un événement annuel organisé par le gouvernement central du PCC et le gouvernement municipal de Shanghai.
Le président de Huawei, Ken Hu, a également été cité lors du WAIC comme ayant déclaré que son entreprise avait l’intention de « construire une base de puissance informatique solide pour soutenir le développement de l’activité d’IA en Chine ».
Les commentaires de Ken Hu sont particulièrement pertinents à la lumière des fuites de fin juin au Wall Street Journal par l’administration Biden, selon lesquelles Washington a l’intention d’interdire totalement les ventes de processeurs NVIDIA aux entités du continent afin d’entraver le développement de l’intelligence artificielle en Chine.
Elon Musk a également qualifié l’IA de « risque civilisationnel » au cours de l’entretien, a rapporté Bloomberg.
Il a ajouté que les relations diplomatiques entre Pékin et Washington s’amélioreraient « une fois que la très difficile question de Taïwan sera, vous savez, résolue ».
« Il va probablement faire chaud dans le Pacifique, espérons que ce ne sera pas trop chaud… Espérons que nous pourrons dépasser cela et parvenir à une situation positive pour le monde dans l’esprit suivant : nous aspirons tous à faire partie de l’équipe de l’humanité. Mais cela va devenir épicé », a déclaré Elon Musk, cité par Bloomberg.
