La politique « Zéro Covid » imposée par Pékin a des conséquences dramatiques, non seulement sur la population chinoise mais aussi sur l’industrie mondiale. Les entreprises allemandes qui ont jusqu’à présent toujours privilégié le marché continental sont en train d’ajuster leurs chaînes d’approvisionnement pour quitter la Chine.
Le confinement strict de la ville de Xi’an par le Parti communiste chinois (PCC), a gravement interrompu les chaînes d’approvisionnement.
Selon un récent rapport du journal allemand Weltam Sonntag, Maximilian Butek, représentant en chef de la Chambre de commerce allemande (AHK) à Shanghai, a déclaré que les confinements répétés de villes entières en Chine, en limitant les déplacements, ont perturbé les chaînes d’approvisionnement, rendant les entreprises allemandes opérant en Chine continentale pessimistes quant à leur avenir.
Selon Maximilian Butek, ces entreprises sont confrontées à davantage de défis, les pénuries de matières premières et les problèmes de chaîne d’approvisionnement faisant partie des plus grands risques. En conséquence, le public peut s’attendre à ce que « les prix d’achat augmentent considérablement et les consommateurs doivent faire face à des prix plus élevés et à des temps d’attente plus longs. »
Maximilian Butek a également déclaré que certaines entreprises allemandes cherchent d’autres fournisseurs. Une enquête de la Chambre de commerce allemande montre que près d’un cinquième des entreprises allemandes de Shanghai ont déclaré envisager de quitter la Chine continentale cette année, ou plus tard, si l’épidémie se poursuit, afin de réduire les risques liés à la chaîne d’approvisionnement.
La politique stricte adoptée par le régime chinois face à la pandémie
Michael Hüther, directeur de l’Institut der deutschen Wirtschaft à Cologne, a déclaré que c’était la première fois depuis des décennies que les entreprises allemandes se posaient la question de savoir si elles pouvaient continuer à s’approvisionner dans des pays lointains. Il pense qu’à moyen et à long terme, les entreprises vont adapter leurs modèles d’approvisionnement et leurs chaînes d’approvisionnement.
Selon Michael Hüther, le problème découle des mesures strictes de prévention des épidémies adoptées par les autorités de Pékin. Tant que Pékin continuera de croire que le virus peut être éradiqué et qu’un seul cas suffit à confiner une ville entière, le problème de la chaîne d’approvisionnement ne sera pas résolu.
L’échec de la stratégie « Zéro Covid » pose le plus grand risque au niveau mondial
Le 3 janvier, Eurasia Group, un cabinet de recherche américain qui analyse les crises politiques internationales, a publié ses prédictions concernant les 10 principaux risques mondiaux en 2022. L’échec potentiel de la politique « Zéro Covid » de la Chine est considéré comme le plus grand risque au niveau mondial, car il pourrait aggraver les perturbations de la chaîne d’approvisionnement mondiale et les pressions inflationnistes.
Dans une interview accordée à Bloomberg News, Ian Bremmer, président et fondateur d’Eurasia Group, a déclaré que la stratégie européenne et américaine consistant à « vivre avec le virus » est l’exact opposé de la politique « Zéro Covid » du Parti communiste chinois. L’approche de la Chine ne fonctionnera pas, mais elle s’y tiendra. Cela entraînera des épidémies plus importantes et des blocages plus sévères « et de plus grandes perturbations économiques dans une nation qui a longtemps été le principal moteur de croissance du monde. »
Ian Bremmer et Cliff Kupchan, président de l’Eurasia Group, ont écrit dans le rapport que la politique de « tolérance zéro » du PCC face à la Covid-19, non seulement ne parviendra pas à contenir les infections, mais qu’elle pourrait entraîner des épidémies plus importantes qui nécessiteront des blocus encore plus sévères. Cela entraînerait une plus grande perturbation économique et une plus grande intervention du gouvernement.
Pour le monde, cela signifie davantage de perturbations de la chaîne d’approvisionnement, selon le rapport.
Les grandes multinationales fuient la Chine
L’augmentation des coûts de production, y compris les coûts de main-d’œuvre, en Chine continentale, ainsi que la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, et l’épidémie de Covid-19 qui continue de faire des ravages dans le monde, poussent de plus en plus de multinationales à quitter la Chine continentale.
Un cabinet de recherche du nom de Gartner a révélé en 2020 qu’un tiers des multinationales, à la tête de la chaîne d’approvisionnement, prévoient de délocaliser au moins une partie de leur production dans d’autres pays et régions d’ici 2023, tandis qu’une enquête menée en 2020 par UBS Evidence Lab a révélé que 76 % des entreprises américaines ayant des usines en Chine continentale déménagent et envisagent de quitter la Chine continentale.
Le gouvernement japonais a annoncé en avril 2020 qu’il investissait 2,2 milliards de dollars pour soutenir les entreprises japonaises qui reviendraient au Japon ou dans d’autres régions d’Asie, comme en Asie du Sud-Est. Le gouvernement américain a pris des mesures similaires pour encourager les entreprises américaines en Chine à revenir s’installer aux États-Unis.
Des médias ont cité certaines des grandes entreprises multinationales qui ont quitté (partiellement ou complètement) la Chine continentale ces dernières années, notamment Apple, Hasbro, Stanley Black & Decker, Dell, HP, Microsoft, Alphabet, Intel, Steve Madden, Adidas, Puma, Nike, Samsung, LG, Hyundai, Kia, Hyundai Mobis, Sharp, Sony, Nintendo, Quanta Computer, et bien d’autres. Ces multinationales sont retournées dans leur pays d’origine, ou ont déménagé dans des endroits comme le Vietnam, l’Inde, la Thaïlande, le Cambodge, l’Indonésie et le Bangladesh, mais aussi le Mexique, le Brésil, Taïwan et d’autres endroits.
Rédacteur Fetty Adler
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