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Monde. États-Unis : un jeune homme de dix-neuf ans accusé d’avoir vendu des médicaments contrefaits contenant du fentanyl

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Un jeune américain de 19 ans a fait l’objet d’une inculpation à la suite d’une enquête de plusieurs mois, pour avoir vendu des médicaments contrefaits contenant du fentanyl, un opioïde hautement toxique.

Cette arrestation souligne de nouveaux risques inhérents à un marché créé par la montée en flèche des prescriptions dans le cadre de la tendance à la télésanté, combinée aux sévères restrictions récentes sur l’approvisionnement et la distribution causées par le règlement d’un procès civil entre les gouvernements américains et Big Pharma sur la crise des opioïdes.

L’annonce a été faite par le service de police du village d’Antioch sur Facebook le 5 avril, indiquant que Robert Julian avait été arrêté lors d’un contrôle routier le 3 avril à la suite d’un mandat d’arrêt.

Antioch est une petite ville d’environ 15 000 habitants située à une vingtaine de minutes de Chicago. Lors de l’arrestation, la police a également retrouvé un pistolet 9 mm chargé, 1,2 gramme de méthamphétamine, « plusieurs pièces d’attirail de drogue » et 80 pilules de prescription qui ont toutes été testées positives au fentanyl.

Robert Julian a été inculpé de six chefs d’accusation et est détenu sous une caution de 500 000 dollars. Sa prochaine date d’audience est fixée au 3 mai.

La crise du fentanyl en Amérique est importante car des entités liées au département du travail du Front uni du Parti communiste chinois (PCC) ont travaillé au trafic de produits chimiques précurseurs vers les cartels de drogue mexicains, qui synthétisent ensuite l’opioïde hautement addictif et hautement toxique pour le distribuer à travers la frontière poreuse du sud des États-Unis.

Des restrictions d’approvisionnement à la fois rigoureuses et obliques

L’importance de la découverte de produits pharmaceutiques contrefaits contenant du fentanyl est également marquée à la lumière de nouvelles apparues début avril. Les pharmacies se voient refuser l’approvisionnement de substances couramment prescrites, mais strictement contrôlées, comme le Xanax et l’Adderall, un médicament à base de sels d’amphétamine normalement prescrit pour les personnes souffrant de TDAH, à la suite d’un accord historique conclu dans le cadre d’un procès civil entre les grandes sociétés pharmaceutiques, les distributeurs et pratiquement tous les niveaux du gouvernement américain, qui a imposé des restrictions d’approvisionnement à la fois rigoureuses et obliques.

L’approvisionnement et la distribution de médicaments comme l’Adderall ont été problématiques suite à une augmentation considérable de leur prescription dans le cadre du mandat de confinement Covid-19, qui a entraîné un boom des prescriptions dans le domaine de la télémédecine.

Les changements dans les conditions de vie humaine provoqués par l’utilisation de la situation de pandémie par le gouvernement étaient cependant plus un crescendo d’une tendance déjà existante que sa cause.

En 2015 déjà, le nombre d’adultes américains dépassait celui des enfants dans la prise de stimulants et d’amphétamines prescrits pour le TDAH, avait indiqué Bloomberg à l’époque, en s’appuyant sur les données d’un grand fabricant de médicaments.

Le PDG de l’entreprise a déclaré aux investisseurs, lors d’une conférence téléphonique sur les résultats, que le marché des adultes était « en forte croissance, presque deux fois plus rapide que le marché global ».

Les vendeurs du dark web

Si les consommateurs de médicaments ne parviennent pas à s’approvisionner auprès des pharmacies légitimes, ils pourraient commencer à se tourner vers les vendeurs du dark web ou les trafiquants de drogue de la région pour satisfaire leurs besoins, où l’achat de produits contrefaits ou volés fait courir aux acheteurs le risque d’en avoir plus que ce qu’ils ont négocié.

En octobre 2022, Wired a lancé un avertissement dans un article sur le sujet : « la pénurie d’Adderall pourrait aggraver la crise des overdoses aux États-Unis. Des gens pourraient mourir », citant l’histoire d’une rédactrice travaillant à domicile, identifiée sous le nom de « Kitty », qui n’a pas pu remplir son ordonnance et a commencé à acheter les doses excédentaires de son amie.

« Lorsqu’une personne habituée à prendre des stimulants arrête soudainement, elle peut parfois ressentir des symptômes de sevrage, en particulier si elle prend une dose élevée », indique l’article, qui ajoute : « un arrêt brutal peut encore provoquer des sensations désagréables comme la somnolence et l’irritabilité, que les gens voudront éviter. Même les patients qui ne s’inquiètent pas du sevrage seront confrontés à la perte d’accès à des médicaments qu’ils considèrent comme utiles dans leur vie quotidienne ».

L’article cite un directeur de faculté d’un groupe de défense situé dans une université, qui déclare : « si beaucoup de gens passent en même temps du marché pharmaceutique au marché illicite, beaucoup de mauvaises choses peuvent se produire ».

Wired a souligné que cette tendance est analogue à la façon dont l’épidémie d’opioïdes a commencé après que l’OxyContin a été commercialisé comme étant sûr et efficace à la fin des années 90. Après que Big Pharma a rendu les patients accros aux prescriptions et que l’offre a été retirée dans les années 2000, lorsque la dépendance à l’opioïde a commencé à faire la une des journaux, les utilisateurs ont rapidement « échangé contre de l’héroïne ou d’autres opiacés illicites, qui étaient faciles à acheter et moins chers en plus ».

La police d’Antioch a indiqué dans son communiqué de presse que Robert Julian « était également soupçonné d’avoir vendu des pilules contrefaites contenant du fentanyl, qui auraient été liées au décès par overdose d’un habitant d’Antioch l’année dernière ».

Le chef Geoffrey Guttschow a ajouté : « le type de drogue qui a été retiré de nos rues cette semaine est le même que celui qui est à l’origine de la grande majorité des overdoses auxquelles notre service de police a dû faire face. »

Décès liés à la présence de fentanyl dans des produits pharmaceutiques

Des vies ont déjà été perdues dans d’autres localités en raison de la présence de fentanyl dans des produits pharmaceutiques.

En mai 2022, le média WHIO7 de Columbus, dans l’Ohio, a rapporté que trois étudiants de l’université d’État de l’Ohio avaient fait une overdose, deux femmes d’une vingtaine d’années étant décédées, après avoir pris des médicaments contenant du fentanyl.

L’université n’a pas précisé quel médicament les personnes décédées avaient pris, mais a émis une « alerte concernant de fausses pilules Adderall, qui semblent contenir du fentanyl », après le drame.

En janvier, The Guardian a publié un article sur la pénurie d’Adderall qui s’appuyait sur des études soulignant que l’utilisation de stimulants par des patients ne souffrant pas de TDAH était en fait à des fins récréatives.

« Des études ont montré que les stimulants délivrés sur ordonnance n’ont que peu ou pas d’effet sur les performances cognitives des adultes ne souffrant pas de TDAH. Ce qu’ils procurent aux autres personnes, c’est une élévation de l’humeur, un état d’euphorie », a déclaré le média.

The Guardian a également noté que les « publicités ciblées » pour les fournisseurs de services de télésanté ciblant les jeunes étaient monnaie courante.

Cette tendance est également remarquable à la lumière des récentes informations selon lesquelles Big Pharma a investi des milliards de dollars de budget marketing dans les  influenceurs de patients  sur les plateformes de médias sociaux, telles que TikTok du PCC, où les patients atteints de certaines maladies comme le diabète, utilisent leurs expériences personnelles pour attirer un grand nombre de personnes atteintes des mêmes troubles, qui sont ensuite commercialisées par les marques par l’intermédiaire des influenceurs avec lesquels elles collaborent.

L’impact de TikTok est particulièrement flagrant, non seulement parce que la plateforme diffuse des messages à un public essentiellement très jeune, mais aussi parce qu’elle sert de passerelle entre les utilisateurs et le marché des drogues illicites.

En mars, un rapport du groupe de responsabilisation des entreprises Eko, utilisant une série de faux comptes dont l’âge est fixé à 13 ans pour sonder l’algorithme de TikTok, a révélé que l’application transmettait à ses robots à la fois des contenus suicidaires et des comptes faisant la publicité de canaux Telegram qui proposaient toutes sortes de stupéfiants illicites et délivrés sur ordonnance, disponibles avec une livraison internationale gratuite.

Rédacteur Fetty Adler
Collaborateur Jo Ann 

Source : 19-Year-old Charged After Allegedly Selling Fentanyl-laced Counterfeit Prescription Drugs

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