Le marché des paris sportifs aux Etats-Unis a explosé au cours des deux dernières années, et plus particulièrement au cours de l’année dernière. Cependant, la cible principale est constituée par les jeunes de 18 à 24 ans, qui prennent des risques avec de l’argent qu’ils ne peuvent pas se permettre de perdre. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Alors que les paris sportifs sont devenus à la fois courants et facilement accessibles grâce à une multitude d’applications ludiques, une aubaine à la fois pour les bookmakers et pour les gouvernements des États, les jeunes se retrouvent à prendre les pires risques.
Dans un article publié le 22 mars par Newsweek, le journal affirme que depuis qu’une décision historique de la Cour suprême en 2018 a ouvert les paris sportifs au public américain, l’industrie a connu une croissance significative.
Cependant, l’article précise que le plus grand boom a peut-être eu lieu au cours des 12 derniers mois. Le tournoi de basket universitaire de la NCAA, qui a vu 45 millions de personnes parier 3,1 milliards de dollars en 2022, devrait voir 68 millions d’Américains parier plus de 15 milliards de dollars cette année d’ici la fin du tournoi.
Une infographie publiée le 13 mars par Visual Capitalist montre que certains États, comme la Virginie, l’Indiana et le Michigan, ont vu des montants compris entre 4,5 et 4,9 milliards de dollars misés rien qu’en 2022. Ces trois États comptent 10 millions d’habitants ou moins.
Ces chiffres, aussi énormes soient-ils, sont d’autant plus remarquables, selon Visual Capitalist, que la Floride, le Texas et la Californie les trois États les plus peuplés d’Amérique n’ont pas encore légalisé les paris sportifs.
Selon l’American Gaming Association, que Newsweek a consultée pour l’article, l’expansion est attribuée aux paris sportifs en ligne, car les publicités pour les plates-formes et les applications émaillent désormais pratiquement tous les événements professionnels télévisés, avec environ 1,8 milliard de dollars dépensés à l’échelle nationale pour des campagnes axées sur les célébrités, selon un groupe industriel interrogé.
Risques de dépendance chez les jeunes
Newsweek a cité une interview du National Council on Problem Gambling (NCPG) avec Pew Research selon laquelle « les risques de dépendance au jeu ont augmenté de 30 % entre 2018 et 2021, le risque étant concentré chez les hommes de 18 à 24 ans qui sont des parieurs sportifs ».
Le NCPG a mis cela en perspective, en déclarant que les appels, les textes et les chats à une ligne d’assistance pour la dépendance au jeu gérée par le groupe ont connu une augmentation de 43, 59 et 84 % respectivement.
Le Conseil a également noté un énorme pic du volume d’appels entrants vers ses lignes d’assistance dans les États qui venaient de légaliser les paris sportifs. Le Massachusetts a connu une augmentation de 276 % depuis la légalisation de 2020, la Virginie a connu une augmentation de 387 % au cours de sa première année, et l’Illinois a connu une augmentation de 425 % entre 2020 et 2022.
Newsweek a cité des experts avertissant que pour les parieurs âgés de 18 ans, le danger était de développer une habitude dans leur cerveau et leur psychologie en développement qui formerait des schémas obstinément résistants à l’élimination plus tard dans la vie.
Dans un article secondaire sur le sujet, le média indique que les signes de danger souvent observés chez les joueurs qui développent des problèmes sont les suivants : « sautes d’humeur brutales liées aux paris ou mensonges pour cacher l’ampleur du jeu », « augmentation des sommes d’argent ou du temps consacrés aux paris pour obtenir le même niveau émotionnel » et « tentative de réduire ou d’arrêter le jeu sans succès et problèmes financiers liés aux paris ».
Selon Newsweek, les dépenses publicitaires s’expliquent par le fait que les entreprises sont conscientes qu’une fois que le boom aura ruiné l’argent frais entrant dans le secteur, seuls quelques grands acteurs resteront debout, au dire les experts.
Un nouveau record
Les données publiées en mars 2022 par l’American Gaming Association indiquent que le premier trimestre a généré à lui seul 14,31 milliards de dollars de recettes commerciales dans l’ensemble du pays, chiffre qui inclut les casinos en dur et les courses de chevaux.
Il s’agit d’un record, qui éclipse les chiffres du quatrième trimestre 2021, que l’AGA a qualifiés de « meilleur début d’année jamais enregistré ».
Rien qu’en mars, l’industrie du jeu a retiré plus de 5,3 milliards de dollars de l’économie américaine.
Le problème ne se limite pas aux jeux d’argent sous forme de paris sportifs. Une analyse publiée en avril 2022 par la London School of Business a révélé que les spéculateurs boursiers ont perdu près de 5,3 milliards de dollars en jouant sur le marché des options, bien que les transactions aient eu lieu pendant le plus grand marché haussier jamais enregistré, en particulier sur des sociétés comme Gamestop, qui sont notoirement pompées et jetées sur le site web d’influence sociale Reddit.
En juillet 2022, des données provenant de sources multiples ont révélé que des Américains avaient contracté des prêts sur salaire et épuisé leurs cartes de crédit afin de spéculer sur les crypto-monnaies pendant l’essor du marché en 2021.
Ces facteurs contribuent peut-être à un problème signalé par les prêteurs sur gages au Royaume-Uni et aux États-Unis en 2022, où les gens ont commencé à mettre leurs objets de valeur sous clé afin de pouvoir payer leurs courses et leur essence en raison du resserrement de l’économie.
L’année 2023 s’est ouverte sur une nouvelle inquiétante : le taux d’épargne des particuliers était tombé, fin 2022, à son niveau le plus bas depuis 2005.
Toutefois, un examen plus approfondi des données diffusées par la Réserve fédérale a montré que si les classes moyennes et supérieures n’avaient pas été touchées, ce sont les 20 % de salariés les plus modestes qui ont été anéantis.
