Usine Nippon Steel Kimitsu (Kimitsu, Chiba, Japon). Le 23 octobre 2007. Les actions de la société japonaise Nippon Steel ont chuté de plus de 6 % le 19 décembre après l’annonce de l’achat de US Steel pour plus de 14 milliards de dollars, ce qui donnera naissance au deuxième sidérurgiste mondial. (Image : wikimedia / takato marui from Osaka, Japan / CC BY-SA 2.0)
Le 19 décembre, trois sénateurs républicains et plusieurs démocrates ont exhorté les autorités américaines à bloquer l’acquisition de l’emblématique U.S. Steel par le groupe japonais Nippon Steel, invoquant des raisons de sécurité nationale.
Le 18 décembre, la société japonaise Nippon Steel a annoncé qu’elle achèterait l’entreprise sidérurgique de Pittsburgh pour 14,9 milliards de dollars en espèces, l’emportant sur ses rivaux Cleveland-Cliffs, Arcelor Mittal et Nucor à l’occasion d’une vente aux enchères.
Lors d’une conférence de presse à Tokyo, le président de Nippon Steel, Eiji Hashimoto, a déclaré aux journalistes qu’avec cette acquisition, son entreprise espérait établir « un réseau mondial adapté à la nouvelle ère » et retrouver le potentiel de croissance du Japon alors que la consommation intérieure diminue.
Dans un communiqué publié sur X, anciennement Twitter, U.S. Steel a écrit : « le conseil d’administration de #USSteel a approuvé à l’unanimité l’acquisition de U.S. Steel par Nippon Steel, un leader mondial de la sidérurgie, de l’innovation et de la décarbonisation. Nous nous réjouissons de devenir le " meilleur sidérurgiste avec des capacités de premier plan " ».
#USSteel Board of Directors unanimously approved the acquisition of U. S. Steel by Nippon Steel, a global leader in steelmaking, innovation and decarbonization. We look forward to becoming the ‘Best Steelmaker with World-Leading Capabilities.’ https://t.co/SGptpF4NWdpic.twitter.com/6NLPgS9aae
Le conseil d’administration de #USSteel a approuvé à l’unanimité l’acquisition de U.S. Steel par Nippon Steel, un leader mondial de la sidérurgie, de l’innovation et de la décarbonisation. Nous nous réjouissons de devenir le « meilleur sidérurgiste avec des capacités de pointe ».
Le 19 décembre, les sénateurs républicains JD Vance, Josh Hawley et Marco Rubio ont exhorté la secrétaire au Trésor Janet Yellen, qui préside le Comité sur les investissements étrangers aux États-Unis (CFIUS), à bloquer l’acquisition.
« Malgré l’absence de toute délibération axée sur la sécurité de la part de U.S. Steel, la production nationale d’acier est vitale pour la sécurité nationale des États-Unis », ont-ils déclaré.
Le CFIUS est chargé d’examiner les transactions susceptibles d’avoir un impact sur la sécurité nationale des États-Unis et devrait examiner cette transaction, toutefois, Karine Jean-Pierre, secrétaire de presse de la Maison Blanche, a déclaré aux journalistes, lors d’un point de presse régulier, qu’il « pourrait » y avoir un examen de la transaction, sans donner plus de détails.
Nippon Steel est actuellement le quatrième producteur mondial d’acier, tandis que U.S. Steel, fondé il y a 122 ans, se classe au 27ème rang.
Opposition bipartisane
Un certain nombre de démocrates se sont également prononcés contre l’accord, notamment les sénateurs Sherrod Brown, John Fetterman, Bob Casey et Joe Manchin. Deux membres démocrates de la Chambre des représentants de Pennsylvanie ont exprimé leurs protestations.
Le 18 décembre, John Fetterman a promis de faire tout ce qui est en son pouvoir « pour bloquer cette vente à l’étranger ».
Dans un message publié sur X, anciennement Twitter, John Fetterman a écrit : « l’acquisition de @U_S_Steel par une société étrangère est une erreur pour les travailleurs et pour la Pennsylvanie. Je vais faire tout ce que je peux pour la bloquer ».
The acquisition of @U_S_Steel by a foreign company is wrong for workers and wrong for Pennsylvania. I’m gonna do everything I can to block it. pic.twitter.com/9EqohwRhRJ
L’acquisition de @U_S_Steel par une entreprise étrangère est une erreur pour les travailleurs et pour la Pennsylvanie. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour la bloquer.
À la suite de l’annonce de l’acquisition, le cours des actions de U.S. Steel a grimpé de plus de 25 %.
« Ces dernières années, Nippon Steel a cherché à se développer à l’étranger, car la diminution de la population au Japon, où elle réalise près des 3/5ème de son chiffre d’affaires, assombrit les perspectives de la demande d’acier haut de gamme utilisée pour les automobiles et les produits électroniques », a indiqué Reuters.
En acquérant U.S. Steel, Nippon Steel ajouterait 20 millions de tonnes métriques à ses 66 millions de tonnes actuelles, ce qui en ferait un fournisseur plus important de l’industrie automobile américaine.
Le syndicat s’exprime
Le syndicat des Métallurgistes unis (USW), qui soutenait l’offre de Cleveland-Cliffs, se dit « déçu » de la tournure des événements.
« Dire que nous sommes déçus de l’accord annoncé entre U.S. Steel et Nippon Steel est un euphémisme », peut-on lire dans la déclaration de l’USW à ce sujet.
David McCall, président international de l’USW, a déclaré : « tout au long de ce processus, nous sommes restés ouverts à une collaboration avec U.S. Steel pour que cette entreprise américaine emblématique reste détenue et exploitée au niveau national, mais au lieu de cela, U.S. Steel a choisi d’ignorer les préoccupations de sa main-d’œuvre dévouée et de vendre à une entreprise étrangère », ajoutant : « ni U.S. Steel ni Nippon Steel n’ont pris contact avec notre syndicat au sujet de l’accord ».
Nippon Steel affirme avoir l’intention d’honorer tous les accords conclus entre U.S. Steel et le syndicat.
Josh Spoores, analyste de l’acier au CRU Group, pense que l’accord sera une victoire pour les acheteurs d’acier. Il a déclaré à Yahoo Finance : « je pense que c’est une victoire pour les acheteurs d’acier », ajoutant : « tant que nous aurons un marché compétitif pour l’acier aux États-Unis, cela contribuera à inciter notre industrie manufacturière à rester ici et à produire davantage aux États-Unis avec davantage de travailleurs américains ».
Selon Josh Spoores, la consolidation de l’industrie aux États-Unis a entraîné une hausse des prix sur le marché intérieur et a favorisé la délocalisation de la production vers des pays comme la Chine.
« Si un autre sidérurgiste (américain) avait racheté U.S. Steel, et qu’il s’agissait simplement d’une consolidation au sein du marché, je pense que cela aurait entraîné une hausse des prix et, en fin de compte, une plus grande délocalisation de la fabrication et l’importation de produits à forte teneur en acier », a déclaré Josh Spoores, ajoutant : « je considère que c’est une victoire pour l’industrie manufacturière aux États-Unis et en Amérique du Nord dans son ensemble ».
