Le 21 mai, le président Joe Biden et le président sud-coréen Moon Jae-in ont publié une déclaration conjointe, dans laquelle les deux dirigeants ont réaffirmé leur « engagement mutuel » à coopérer dans divers domaines tels que la santé mondiale et la technologie, tout en renforçant la « résilience de la chaîne d’approvisionnement ». La déclaration a été publiée dans le cadre du sommet États-Unis-Corée du Sud, auquel ont participé plusieurs entreprises de la nation asiatique.
« Nous convenons de coopérer pour accroître la résilience de nos chaînes d’approvisionnement, notamment dans des secteurs prioritaires tels que les semi-conducteurs, les batteries écologiques des VE [véhicules électriques], les matériaux stratégiques et critiques et les produits pharmaceutiques. Nous convenons également de travailler ensemble pour accroître l’offre mondiale de puces anciennes pour les automobiles et pour soutenir la fabrication de semi-conducteurs de pointe dans les deux pays », peut-on lire dans la déclaration conjointe.
Les domaines de coopération concernant la chaîne d’approvisionnement technologique, figurant dans la fiche d’information publiée par la Maison-Blanche, sont les suivants :
Création d’un groupe de travail États-Unis-Corée du Sud sur la chaîne d’approvisionnement pour « mettre en œuvre et examiner la coopération bilatérale » dans le domaine de la fabrication et des chaînes d’approvisionnement de haute technologie.
« Investissements mutuels et complémentaires » dans les semi-conducteurs, les batteries à haute capacité et les puces automobiles de qualité, y compris dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement en matériaux, pièces et équipements nécessaires à la fabrication de ces produits.
Recherche et développement (R&D) conjointe dans la prochaine génération de 6G, l’intelligence artificielle (IA), la biotechnologie et la technologie quantique.
Sécurisation des réseaux 5G et 6G. Les États-Unis se sont engagés à investir 2,5 milliards de dollars dans la R&D dans ce secteur, et les deux pays travailleront ensemble au développement et à la normalisation de la technologie O-RAN (Open Radio Access Network).
Soutien américain au développement par la Corée du Sud de son propre système de navigation, le Korean Positioning System, et interopérabilité avec le Global Positioning System (GPS) américain.
Et, promotion de la coordination dans la chaîne d’approvisionnement des marchés nucléaires étrangers.
L’entourage du président Moon Jae-in comprenait des chefs d’entreprise du pays qui ont annoncé leurs projets d’investissement aux Etats-Unis, lors du sommet. Les deux principaux fournisseurs de batteries en Corée, SK Innovation et LG Energy Solution, envisagent d’investir environ 14 milliards de dollars dans des projets séparés ou communs.
Hyundai Motor s’est engagé à investir 7,4 milliards de dollars pour augmenter sa capacité de production de véhicules électriques et ses infrastructures de recharge en Amérique. Le fabricant de puces SK Hynix va dépenser un milliard de dollars pour construire un centre de R&D à grande échelle dans la Silicon Valley, axé sur l’IA et sur les solutions de stockage NAND.
Samsung a annoncé un investissement de 17 milliards de dollars dans une usine de fonderie de puces à Austin, au Texas, dont l’achèvement est prévu pour 2024. Équipée d’un processus technologique avancé de fabrication de puces en 5 nm, l’usine stimulera la production de puces aux Etats-Unis, contribuant à éviter que le problème actuel de pénurie de puces ne se reproduise.
Partenariats avec Taïwan
Les États-Unis développent également des liens économiques solides avec Taïwan. Le 20 mai, la secrétaire américaine au commerce, Gina M. Raimondo, a participé à un sommet virtuel sur les semi-conducteurs auquel participait la société taïwanaise TSMC, la plus grande fonderie indépendante dédiée aux semi-conducteurs au monde.
En mai 2020, TSMC a annoncé qu’elle allait investir 12 milliards de dollars dans la construction d’une usine à Phoenix, en Arizona. Le site utilisera la technologie de fabrication de semi-conducteurs en 5 nm de l’entreprise, pour produire des puces à compter de 2024.
Selon le Taipei Times, TSMC prévoit également de fabriquer des puces en 2 nm de nouvelle génération et plus petites, dans l’usine de Phoenix. Une installation de production en 3 nm est également en cours de discussion, ce qui impliquerait un investissement supplémentaire de 23 à 25 milliards de dollars.
Découplage de la Chine
Dans une interview accordée à The Epoch Times, l’analyste financière hongkongaise Katherine Jiang Tianming a déclaré que l’Amérique s’investit dans le découplage des chaînes d’approvisionnement mondiales de la Chine tout en renforçant les chaînes d’approvisionnement américaines avec la Corée du Sud et Taïwan.
Les États-Unis prennent également des mesures réglementaires en faveur du découplage chinois, notamment :
Un décret du 15 mai 2019 du président de l’époque, Donald Trump, demandant de sécuriser toutes les chaînes d’approvisionnement en technologies et services d’information et de communication du pays et interdisant aux entreprises américaines d’utiliser des équipements de télécommunication considérés comme une menace pour la sécurité nationale.
Cet ordre a finalement conduit à l’exclusion de l’entreprise technologique chinoise Huawei de la chaîne d’approvisionnement américaine en télécommunications. En mars de cette année, l’administration Biden a de nouveau interdit aux entreprises américaines de fournir des composants à Huawei.
Le 21 avril 2021, la commission des relations extérieures du Sénat a adopté la loi sur la concurrence stratégique de 2021 (S.1169), par 21 voix contre 1.
Le projet de loi vise notamment à élargir le champ d’action du Comité des investissements étrangers aux États-Unis (CFIUS), un organisme en charge d’examiner minutieusement les transactions financières afin d’identifier les menaces pour la sécurité nationale. La loi soumettrait les universités américaines recevant des subventions et des contrats chinois à un examen minutieux, rapporte Reuters.
Le 12 mai 2021, le Sénat a adopté le projet de loi « Endless Frontier Act » (Loi sur les Frontières sans Fin) visant à stimuler les investissements américains dans la technologie pour concurrencer la Chine. Sur une période de cinq ans, 100 milliards de dollars seront consacrés à des projets de recherche avancée et 10 milliards de dollars à la création de pôles technologiques à l’échelle du pays.
Selon Tianming, la législation adoptée ces deux dernières années constitue un mécanisme réglementaire et juridique permettant aux États-Unis de se dissocier de la Chine. Au fur et à mesure que la Corée du Sud resserre ses liens avec les Etats-Unis, elle finira probablement par se découpler de la Chine.
Rédacteur Fetty Adler
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