Selon un rapport publié le 4 mai par les associations Last Beach Cleanup (LBC) et Beyond Plastics, seulement entre 5 et 6 % du plastique utilisé aux États-Unis en 2021 a été effectivement recyclé. Le reste a fini soit dans une décharge (85 %), soit dans un incinérateur (10 %).
Un document de recherche du Département de l’Énergie des États-Unis (United States Department of Energy, ou DoE), qui a analysé les données de 2019, est arrivé à la même conclusion : à peine 5 % du plastique est recyclé.
Les chercheurs ont noté que la quantité de déchets plastiques mis en décharge aux États-Unis a augmenté en raison de plusieurs facteurs, notamment « les faibles taux de recyclage, la croissance démographique, la préférence des consommateurs pour les plastiques à usage unique et les faibles frais d’élimination dans certaines parties du pays. »
Le problème a également été exacerbé par les changements sur le marché mondial du recyclage, notamment par le refus de la Chine, à partir de 2017, d’importer des déchets plastiques venant des Etats-Unis.
Jan Dell, la fondatrice de la LBC, a déclaré que la Chine a longtemps accepté des conteneurs entiers de déchets plastiques en provenance des États-Unis, mais que désormais, sans cette option, davantage de plastique finit dans les décharges et les incinérateurs, car peu d’installations américaines ont la capacité de recycler le plastique.
Pratiques trompeuses
Le rapport de la LBC dénonce les pratiques trompeuses de l’industrie du plastique, qui « a mené une campagne de désinformation pendant des décennie, perpétuant le mythe selon lequel le plastique est recyclable ». Les gouvernements commencent eux-aussi à s’en rendre compte.
Le 28 avril, le procureur général de Californie, Rob Bonta, a accusé les entreprises de combustibles fossiles et de produits pétrochimiques de promouvoir le recyclage tout en sachant que cette pratique ne pourrait jamais suivre la montée en flèche de la production de plastique.
« Trop, c’est trop », a déclaré Rob Bonta dans un communiqué, ajoutant que « depuis plus d’un siècle, l’industrie du plastique s’est engagée dans une campagne agressive visant à tromper le public, en perpétuant le mythe selon lequel le recyclage peut résoudre la crise du plastique. »
Rob Bonta, le procureur général de Californie a lancé une enquête sur cette affaire, en adressant une assignation à ExxonMobil pour obtenir des informations relatives au rôle présumé de la société dans une « campagne de tromperie sur le plastique qui dure depuis des décennies ». L’enquête vise à déterminer si les actions de l’industrie du plastique ont violé la loi de l’État de Californie.
Selon le magazine en ligne Grist, la société ExxonMobil et Le Conseil américain de l’industrie de la chimie (American Chemistry Council), un groupe commercial de l’industrie du plastique, ont tous deux rejeté les accusations de Rob Bonta et ont promis de rester concentrés sur « l’amélioration de la gestion des déchets, notamment par un meilleur recyclage du plastique ».
Une attention constante sur le potentiel de recyclage à l’avenir
Selon le rapport de la LBC, « l’accent mis sans relâche sur le potentiel de recyclage à l’avenir pour réduire les déchets plastiques et la pollution va à l’encontre des faits concrets. »
Les chercheurs soulignent plusieurs « faits concrets » qui sapent l’idée que l’industrie et le grand public peuvent résoudre la crise du plastique dans des circonstances normales.
Le rapport souligne que depuis 1980, la production de déchets plastiques par personne aux États-Unis a grimpé en flèche, passant de 27,2 kg à 99 kg par personne et par en 2018, et que « pas un seul type d’article de restauration en plastique, y compris les couvercles de gobelets en polypropylène que Starbucks vante comme étant recyclables, n’a jamais été recyclable selon la définition légale du guide vert de la FTC ».
Les risques de toxicité associés au recyclage du plastique et les « obstacles insurmontables en matière de contamination, d’environnement et d’économie » sont les raisons évoquées pour lesquelles un recyclage efficace et significatif des plastiques reste insaisissable.
Solutions
L’interdiction des plastiques à usage unique ou la tarification à l’usage, sont présentées dans l’étude comme les mesures les plus efficaces pouvant être mises en œuvre par les gouvernements, pour résoudre la crise des plastiques.
Une étude de 25 ans, menée par le Center for Environment, Fisheries and Aquaculture Science au Royaume-Uni, a révélé que « beaucoup moins de sacs en plastique » ont été trouvés dans les fonds marins depuis que les pays européens ont introduit des taxes sur les sacs plastiques.
En 2019, après que l’Australie ait interdit aux supermarchés de fournir des sacs plastiques à usage unique, leur utilisation a chuté de 80 % sur le continent.
Lorsque le comté de Suffolk, dans l’État de New York a adopté une loi imposant une taxe de 5 cents par sac, les chercheurs ont observé que leur nombre a fortement diminué.
À Austin, Texas, une étude menée par Austin Resource Recovery, l’administration municipale, a révélé qu’un décret sur les sacs à usage unique avait permis de réduire la quantité de sacs plastiques jetés en ville, enregistrant une baisse de 90 % au cours des six premiers mois suivant la promulgation du décret. Toutefois, le décret a ensuite été annulé en raison d’une décision de la Cour suprême du Texas.
Enfin, à San Jose, en Californie, deux ans environ après l’entrée en vigueur de l’interdiction des sacs plastiques à usage unique, leur nombre a approximativement diminué de 89 % dans les égouts de la ville, de 60 % dans les ruisseaux et les rivières et de 59 % dans les rues de la ville.
Rédacteur Fetty Adler
Collaboration Jo Ann
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