Lundi 19 septembre, lors d’un forum sur les droits de l’homme, organisé dans le cadre de la 77ème session de l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU), des organisations et des militants des droits de l’homme ont appelé les Nations unies à prendre des mesures punitives à l’encontre du gouvernement chinois, accusé de « crimes contre l’humanité ». L’ONU sera jugée sur la manière dont elle traitera cette accusation, ont-ils fait savoir.
Des persécutions mises à jour depuis plusieurs années
Pendant des années, les défenseurs des droits de l’homme et les journalistes ont révélé la manière dont les Ouïgours et d’autres minorités ethniques importantes de la région du Xinjiang, à l’extrême Ouest de la Chine, ont été brutalement persécutés par le régime communiste chinois. Ce dernier est accusé d’une campagne brutale de torture, d’agressions sexuelles et de nettoyage ethnique, a rapporté l’Associated Press le 20 septembre. Ces allégations ont été largement admises en Occident. Elles ont reçu une nouvelle reconnaissance dans un rapport historique publié à la fin du mois dernier par le Bureau des droits de l’homme des Nations unies.
Lundi 19 septembre, les dirigeants du monde entier arrivaient à New York pour l’Assemblée générale annuelle des Nations unies. C’est dans ce contexte que le rapporteur spécial des Nations unies sur les questions relatives aux droits des minorités, Fernandes de Varennes, a déclaré, lors d’un forum parrainé par l’Atlantic Council et Human Rights Watch : « Il n’est plus possible de ne rien faire. Si nous laissons cela impuni, quel genre de message allons-nous faire passer ? », « L’ONU sera jugée sur la manière dont elle traitera les allégations de persécutions menées en Chine par le Parti communiste chinois (PCC) ».
Dans le domaine des droits de l’homme, « L’intégrité de l’ONU est menacée »
L’ambassadeur adjoint des États-Unis auprès des Nations unies, Jeffrey Prescott, a affirmé que l’intégrité de l’ONU avait été menacée par sa réponse au PCC : « La façon dont ces atrocités sont traitées dépend en fin de compte de la crédibilité du système, et de la crédibilité de notre système international lui-même ».
« Il est profondément décourageant de voir un pays qui a joué un rôle si important dans la création du système moderne des Nations unies et qui jouit du statut de membre permanent du Conseil de sécurité violer à ce point ses engagements », a-t-il ajouté.
Le 31 août 2022, Michelle Bachelet, l’ancienne Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, avait rendu public un rapport sur les droits de l’homme concernant les graves violations présumées des droits de l’homme par le PCC, au Xinjiang. La publication de ce rapport aurait été retardée d’un an. Mme Bachelet n’a jamais expliqué les raisons de ce retard. Les groupes de défense des droits de l’homme ont estimé que Mme Bachelet avait subi des pressions de la part du PCC.
Après la publication de ce rapport des Nations unies sur les droits de l’homme, le PCC l’a qualifié de « patchwork de fausses informations » et l’a décrit comme étant une « fabrication occidentale ». Le Parti communiste a également promis de cesser de coopérer avec le bureau des droits de l’homme des Nations unies. De plus, les diplomates communistes font pression pour un nouvel examen, plus approfondi, des abus commis par les communistes au Xinjiang : mais effectué par d’autres personnes ou institutions.
« Nous devons nous occuper de cette question »
L’ambassadeur du Canada aux Nations unies, Rob Roe, a qualifié les actions de la Chine, au Xinjiang, de violation des droits de l’homme. Il a de même qualifié la réponse de la Chine (PCC) de « peu surprenante », tout en déclarant qu’elle méritait une nouvelle action de l’ONU.
« Nous devons nous occuper de cette question. Nous devons nous pencher sur la question des sanctions supplémentaires qui sont nécessaires. Nous devons nous pencher sur la question de savoir quelles mesures supplémentaires peuvent être prises pour faire face à la gravité de cette crise », a-t-il affirmé.
Le rapport des Nations unies sur les droits de l’homme se fonde en partie sur des entretiens avec plus de 20 anciens détenus du Xinjiang et d’autres personnes connaissant bien les conditions de détention dans huit centres de détention du Xinjiang. Ils ont décrit avoir été battus, interdits de prier et contraints à des actes sexuels avec des gardes communistes. Le rapport considère ces preuves comme un possible « crime contre l’humanité ». Mais ce rapport ne fait aucune mention du génocide que les États-Unis et d’autres pays accusent la Chine (le PCC) de commettre.
« Se taire, c’est se rendre complice »
Le Prince Zeid Ra’ad Al Hussein, le prédécesseur de Mme Bachelet au poste de Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a déclaré que son successeur devrait être félicité pour la publication du rapport. Il regrette toutefois que ce rapport ne qualifie pas ces atrocités de « génocide ». De même, il trouve dommageable que la création d’une commission d’enquête officielle des Nations Unies n’a pas été demandée, suite à ce travail. « Se taire, c’est se rendre complice », a-t-il affirmé.
Rayhan Asat, une avocate d’origine ouïgoure, qui travaille pour le Conseil de l’Atlantique, a exhorté le monde à persister dans ses actions, non seulement contre le PCC, mais aussi contre les entreprises qui profitent des infractions du PCC. « Nous ne devons pas laisser le gouvernement chinois s’en tirer en normalisant ce qu’il fait, car au bout du compte, il s’agit d’une violence d’État », a-t-elle certifié.
Rédacteur Jean-Baptiste Adrien-Clotaire
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