Hollywood est la capitale mondiale du cinéma, produisant année après année des superproductions internationales. Il n’existe littéralement aucun grand pays où l’influence des films hollywoodiens ne se fasse sentir. Pékin a compris le pouvoir que détient Hollywood. En fait, le Parti communiste chinois (PCC) s’efforce de coopter Hollywood pour promouvoir ses intérêts dans le monde entier et pour empêcher le secteur de l’industrie de véhiculer une image négative du gouvernement communiste chinois.
Se plier à la Chine
Le pouvoir que Pékin exerce sur Hollywood est dû à deux facteurs : l’énorme taille du marché du cinéma chinois et la réglementation gouvernementale stricte qui en contrôle l’accès. Au premier trimestre 2018, la Chine a pour la première fois de l’histoire, dépassé les États-Unis en termes de recettes trimestrielles au box-office. On estime que les recettes du box-office chinois atteindront 15,5 milliards de dollars d’ici 2023, ce qui est bien supérieur aux 11,4 milliards de dollars de recettes générées par le box-office américain en 2019.
Si les sociétés de production d’Hollywood veulent s’assurer une part des recettes du cinéma chinois, elles devront se conformer aux règles fixées par le régime communiste. Et les règles sont assez simples - ne pas critiquer le gouvernement chinois. En 2019, des films comme Spider-Man : Far From Home, Avengers: Endgame et Fast & Furious: Hobbs & Shaw, ont rapporté davantage d’argent en Chine qu’aux États-Unis. Du fait que la part du cinéma chinois ne cesse de croître, les grandes maisons de production hollywoodiennes se plient encore plus à la volonté du régime communiste.
Si les sociétés de production hollywoodiennes veulent obtenir une partie des revenus du cinéma chinois, elles devront respecter les règles fixées par le régime communiste. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Il existe de nombreux exemples où des scènes de films hollywoodiens ont été modifiées ou supprimées pour contenter les censeurs chinois. Le film Red Dawn de 2012 était à l’origine une histoire sur l’occupation des États-Unis par la Chine. Cependant, une fois le tournage terminé, les antagonistes ont été changés en Nord-Coréens. Les drapeaux chinois dans le film ont été remplacés numériquement par des drapeaux nord-coréens. Dans le film Pixels de 2015, la maison de production Sony a complètement supprimé une scène représentant des extraterrestres détruisant la Grande Muraille de Chine. Le film Dr. Strange de Marvel, sorti en 2016, a donné le rôle d’un important personnage tibétain à une actrice caucasienne, car la maison de production craignait que la Chine interdise la diffusion du film dans les salles de cinéma en raison d’une représentation positive des Tibétains.
Les cinéastes se voient également forcés d’insérer des scènes montrant le régime chinois sous un jour positif. Dans le film Iron Man III, une scène montre des médecins chinois en train de sauver la vie d’Ironman. Ces scènes ont été spécifiquement tournées et diffusées en Chine uniquement. Gravity un film de 2013, et Premier Contact de 2016, montrent tous deux des forces militaires chinoises jouant un rôle majeur dans le sauvetage du monde.
La controverse de Mulan
La plus récente controverse hollywoodienne impliquant le régime chinois concerne le film Mulan de Disney. Le gouvernement chinois aurait travaillé en étroite collaboration avec Disney, visant à promouvoir à travers le film une version de la culture chinoise approuvée par le PCC. Avant sa sortie, la star du film, Liu Yifei, avait provoqué un déferlement pour son soutien à la police de Hong Kong contre les manifestants.
Cela a provoqué la colère des habitants de Hong Kong et de nombreux appels au boycott du film ont été lancés non seulement par Hong Kong, mais aussi par des pays comme Taïwan et le Japon. Tout au long de cette controverse, Disney est resté silencieux, ne montrant aucun soutien significatif aux Hongkongais qui luttaient contre le gouvernement chinois oppressif.
Après la sortie de Mulan dans les salles de cinéma et en vidéo à la demande, une autre controverse a éclaté - des séquences du film ont apparemment été tournées dans la région du Xinjiang où Pékin a détenu plus d’un million de Ouïghours et mis en place un vaste système de surveillance pour contrôler la communauté. De plus, Disney a même remercié les autorités dans le film !
Des séquences de Mulan ont apparemment été filmées dans la région du Xinjiang où Pékin a détenu plus d’un million de Ouïghours. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Dans le générique du film, deux agences sont créditées par Disney. La première est le département de publicité du Comité de la région autonome ouïghoure du Xinjiang du PCC, reconnu comme le département de propagande du gouvernement dans la région. La seconde est le bureau de police de Turpan. En octobre dernier, le ministère américain du commerce a inscrit le bureau de la sécurité publique de Turpan sur sa liste noire, en raison de son implication dans la répression des Ouïghours.
Un groupe de législateurs américains a récemment écrit une lettre au PDG de Disney, Bob Chapek, lui demandant d’expliquer les liens de l’entreprise avec les services de sécurité et de propagande du Xinjiang. Les législateurs ont demandé à Disney de révéler si le travail forcé des minorités a été utilisé pendant la production. Le sénateur républicain Marco Rubio a déclaré que la décision de Disney de tourner dans le Xinjiang offrait une légitimité au génocide.
Risques du financement
Un risque plus important pour l’indépendance d’Hollywood est celui des coproductions avec la Chine. Ces films sont financés en partie par des investisseurs chinois. Ainsi, le PCC a davantage son mot à dire sur ce qui peut être montré et ce qui ne doit pas l’être. Les producteurs Hollywoodiens tissent des partenariats de coproductions avec la Chine car elles offrent de meilleurs profits. Un film produit conjointement avec des investisseurs chinois n’est pas soumis aux quotas auxquels sont soumis les films étrangers. De plus, les productions conjointes obtiennent une part plus importante des recettes des salles de cinéma que les productions étrangères.
Parmi les plus gros investisseurs chinois dans les films hollywoodiens, on peut citer Tencent Pictures, Alibaba Pictures, Perfect World Pictures, Huayi Brothers Media Company, Beijing Polybona Film Distribution Company, etc. Ces investisseurs injectent des millions dans les superproductions hollywoodiennes à gros budget et orientent probablement le récit de l’histoire pour qu’il réponde aux intérêts du PCC. L’administration Trump prend des mesures strictes à l’encontre des entreprises technologiques chinoises, allant même jusqu’à les interdire, en raison de préoccupations liées à la sécurité nationale. Le gouvernement devrait peut-être bientôt se pencher sur Hollywood.
Rédacteur Gabriel Olamsaint
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