L’activiste très apprécié de Hong Kong, Joshua Wong, a récemment annoncé qu’il abandonnait son rôle de Leader du parti d’opposition Demosisto, son groupe pro-démocratie. Celui-ci a finalement été dissous.
La décision a été prise suite à l’entrée en vigueur de la loi chinoise sur la sécurité nationale à Hong Kong, le 1er juillet dernier. Est-ce la crainte d’être persécuté par le régime communiste chinois qui a poussé ce célèbre militant pro-démocratie à dissoudre son propre parti ?
Démission
La loi sur la sécurité nationale qui a été imposée à Hong Kong donne, entre autres, au régime communiste chinois, le pouvoir d’emprisonner toute personne accusée de sécession, d’activités terroristes, de collaboration avec des ennemis étrangers. En conséquence, toute personne qui évoque la démocratie, les droits de l’homme, la liberté d’expression, l’autonomie de Hong Kong, etc, peut être qualifiée de « menace », arrêtée par la police de Hong Kong et sévèrement sanctionnée par les tribunaux. Dans certains cas, la personne pourra même être transférée sur le continent pour y être jugée, perdant ainsi ses chances de bénéficier d’un procès équitable.
À peine deux semaines après l’entrée en vigueur de la loi, de nombreux Hongkongais ont été arrêtés, dont beaucoup pour possession de matériel « subversif ». Les messages pro-démocratiques collés sur les murs ont été détruits. Des fonctionnaires ont demandé aux écoles de retirer tout matériel pédagogique qui menacerait la sécurité nationale. De nombreux « livres sensibles » ont été retirés des bibliothèques. Dans un tel environnement, Joshua Wong n’était pas sûr que les membres de Demosisto soient à l’abri de la persécution. Comme le Parti communiste a pris le contrôle total de la sécurité et de l’ordre public à Hong Kong, il a pensé qu’il leur serait difficile d’échapper à la prison. C’est pourquoi il a démissionné de son poste de dirigeant. Les membres ont convenu que la dissolution de Demosisto serait le meilleur moyen de se protéger.
La loi sur la sécurité nationale étant maintenant entrée en vigueur, Joshua Wong n’était pas sûr que ses alliés de Demosisto soient à l’abri de la persécution. (Image : Studio Incendo / flickr / CC BY 2.0)
Cela ne signifie pas pour autant que J. Wong a décidé de mettre un terme à son activisme. Loin de là. Il poursuivra son combat contre le Parti communiste chinois et continuera à promouvoir personnellement la démocratie. Il a déclaré que même si sa famille devait quitter la ville pour rejoindre des endroits plus sûrs, il resterait à Hong Kong. Dans un tweet, il a noté que la loi sur la sécurité nationale marquait « la fin du Hong Kong que le monde connaissait auparavant ». Il a salué la proposition de l’Australie, qui a promis de fournir des visas aux Hongkongais qui cherchent refuge dans le pays.
« Offrir un canot de sauvetage aux habitants de Hong Kong est une bonne chose. Si même les pays qui n’ont pas directement signé la déclaration conjointe sino-britannique fournissent une assistance aux habitants de Hong Kong, cela montre à quel point le monde occidental n’accorde que peu de crédit à Pékin ... De nombreux fonctionnaires favorables au régime chinois envoient également les propres membres de leur famille en Australie, ils n’ont donc aucune raison de critiquer cela », a déclaré J. Wong à The Australian Financial Review.
L’exode des entreprises
Il semble que la décision radicale de la Chine d’écraser l’autonomie de Hong Kong commence à avoir un impact sur l’économie de la ville. Plusieurs entreprises envisageraient sérieusement de quitter Hong Kong, car elles ne se sentent plus en sécurité et elles ne sont pas sûres de pouvoir respecter les normes internationales en matière de droits de l’homme. Des entreprises comme Google, Microsoft et Facebook ont annoncé qu’elles cesseront temporairement d’honorer les demandes de données du gouvernement de Hong Kong.
Les entreprises ne sont pas sûres de pouvoir respecter les normes internationales en matière de droits de l’homme, en demeurant à Hong Kong. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Lors une enquête menée par la Chambre de commerce américaine (AmCham) à Hong Kong, plus de 25 % des personnes interrogées ont admis qu’elles cherchaient à déplacer leurs biens et leurs entreprises vers des lieux plus sûrs. L’une des villes candidates favorites est Singapour, qui est déjà connue pour être un centre d’affaires important. Jeffrey Wright, un analyste du groupe Eurasia basé à Washington, a souligné que les entreprises technologiques de Hong Kong finiront par se trouver dans l’impossibilité d’opérer en dehors de la ville car les contrôles américains à l’exportation commencent déjà à les matraquer.
Rédacteur Camille Lane
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