Le Premier ministre des îles Salomon a annoncé son intention de conclure un accord de sécurité avec la République populaire de Chine (RPC), ce qui n’est pas sans alarmer l’Australie voisine ainsi que d’autres alliés occidentaux de la région Asie-Pacifique.
Selon des documents ayant fait l’objet d’une fuite, les accords de sécurité proposés couvriraient les besoins humanitaires en plus du maintien de l’État de droit, et pourraient impliquer l’installation d’une base militaire chinoise dans la partie sud de l’île.
Cette nation insulaire du Pacifique de moins d’un million d’habitants se situe à 1 240 miles (environ 2 000 km) au nord-est de l’Australie. En 2019, elle a rompu ses relations diplomatiques avec la République de Chine (Taïwan) au profit de Pékin, marquant l’influence croissante de la Chine continentale dans la région.
Après des mois de tensions sur fond d’enjeux diplomatiques accompagnés de violentes émeutes à travers le pays, la petite nation s’est de plus en plus tournée vers la Chine pour obtenir une aide à la reconstruction de son économie et un soutien militaire. Le gouvernement australien a également envoyé des troupes dans les îles Salomon pour réprimer les émeutes et rétablir l’ordre en novembre dernier.
Dans ses premiers commentaires sur la question, le gouvernement des îles Salomon a confirmé qu’il « diversifiait le partenariat de sécurité du pays, y compris avec la Chine » et qu’il signerait un certain nombre d’accords avec Pékin « afin de créer un environnement sûr et sécurisé pour les investissements locaux et étrangers ».
Les détails du projet n’ont toutefois pas été confirmés et l’on ignore si les documents qui ont fuité étaient une version finalisée de l’accord.
« L’élargissement des partenariats est nécessaire pour améliorer la qualité de vie de notre peuple et répondre aux menaces de sécurité mineures et majeures auxquelles le pays est confronté », a déclaré le gouvernement dans un communiqué publié le 24 mars.
L’Australie et la Nouvelle-Zélande expriment leurs inquiétudes
Après l’annonce de la nouvelle, des analystes de sécurité australiens et néo-zélandais ont déclaré avoir fait part au gouvernement des Îles Salomon de leurs préoccupations concernant son éventuel partenariat avec Pékin. L’Australie s’est montrée particulièrement préoccupée car les îles Salomon sont situées à proximité de son territoire et une présence militaire chinoise croissante pourrait s’avérer gênante pour son gouvernement démocratique et ses alliés.
La ministre australienne des affaires étrangères, Marise Payne, a déclaré qu’elle respectait le droit du pays insulaire du Pacifique à prendre des décisions souveraines qui profiteraient le plus à son gouvernement et à son peuple, ajoutant : « nous serions particulièrement préoccupés par toute action qui porterait atteinte à la stabilité et à la sécurité de notre région, y compris l’établissement d’une présence permanente telle qu’une base militaire. »
Le vendredi 25 mars, le Premier ministre australien Scott Morrison a déclaré aux journalistes qu’il n’avait pas eu d’entretien avec son homologue des Îles Salomon, Manasseh Sogavare, suite à l’annonce des discussions sur la sécurité avec la Chine. Il a par ailleurs insisté sur le fait que son pays, l’Australie, ainsi que la Nouvelle-Zélande et les Îles Salomon faisaient partie de la « famille du Pacifique » et que des discussions avec Honiara étaient prévues pour le début de la semaine suivante.
L’influence croissante de la Chine dans la région indo-pacifique est une grave préoccupation
Scott Morrison a également mentionné que l’influence croissante de la Chine dans la région était un sujet de préoccupation pour beaucoup. « Il y a d’autres personnes qui peuvent chercher à prétendre à une influence et à obtenir une sorte d’emprise dans la région, nous en sommes très conscients et c’est une grave préoccupation », a-t-il déclaré.
Afin de freiner l’influence croissante de la Chine dans la région, l’Australie a lancé en 2018 sa politique « Pacific Step Up », visant à renforcer son engagement pour « renouer avec sa famille du Pacifique » et à augmenter ses dépenses. Elle a également mis en place un fonds d’infrastructure de plusieurs milliards de dollars considéré comme un contre-pouvoir, suite aux prêts et aux dépenses croissantes de la Chine dans la région.
L’accord sur le maintien de l’ordre avec la Chine « signalerait une proposition d’accord de sécurité plus large couvrant l’armée, envoyé à son cabinet pour examen », selon la déclaration d’un responsable des Îles Salomon à Reuters le 24 mars.
La source a également déclaré que le traité conclu avec Pékin pourrait permettre à la Chine de déployer des forces dans les îles Salomon d’ici trois mois. En outre, la nation du Pacifique pourrait également « demander à la Chine d’envoyer des policiers, des forces de police armés, du personnel militaire, ainsi que d’autres forces de l’ordre et forces armées. »
Une autre clause du document stipule que la Chine pourrait également « faire des visites de navires, effectuer un réapprovisionnement logistique, faire escale et effectuer une transition, dans les îles Salomon. »
L’ancien Premier ministre australien Kevin Rudd a déclaré à des journalistes de la BBC, le 25 mars, que l’accord des Îles Salomon avec la Chine était l’une des évolutions les plus importantes en matière de sécurité jamais vues depuis des décennies et un échec du gouvernement actuel de l’Australie à défendre ses « propres eaux territoriales ».
Rédacteur Fetty Adler
Collaboration Jo Ann
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