La politique de prévention et de contrôle de la pneumonie de Wuhan (Covid-19) du président chinois Xi Jinping a réduit à néant de nombreuses opportunités commerciales en 2022, et accéléré le transfert des capitaux étrangers vers d'autres pays. Dans ce contexte, les investisseurs européens continuent à privilégier l’ASEAN, l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est.
Bien que le zéro-Covid ait finalement pris fin, selon une analyse de la radio allemande Deutsche Welle, l'objectif d'investissement des entreprises européennes en 2023 ne sera pas transféré de l'ASEAN vers la Chine.
La Chine est désormais considérée comme un marché à aborder avec prudence
Deutsche Welle cite Chris Humphrey, directeur exécutif de la Conférence de l'Union européenne (UE) pour l'Europe de l'Est, qui souligne que la levée par Pékin de la politique du zéro-Covid pourrait être une bonne nouvelle. Mais les investisseurs européens et ceux qui prônent le découplage avec la Chine, visant à diversifier les chaînes d'approvisionnement, ne resteront pas parce que la situation a changé.
M. Humphrey a déclaré que l'Asie du Sud-Est bénéficie d'une augmentation des investissements étrangers directs. Il ne pense pas que les récentes mesures prises par la Chine changeront cette tendance. Pour de nombreux entrepreneurs, la Chine est désormais considérée comme un marché qu'il faut aborder avec prudence. L'Asie du Sud-Est est désormais considérée comme faisant partie de la configuration asiatique et mondiale.
En 2021, les investissements des États membres de l'UE dans les dix pays de l'ASEAN s'élevaient à environ 26,5 milliards de dollars, un record. Ce chiffre a considérablement augmenté par rapport aux 18,5 milliards USD investis en 2020 et aux 6,1 milliards USD investis en 2019.
Lors du premier sommet global des dirigeants de l'UE et de l’ASEAN à Bruxelles en décembre 2022, la présidente du comité exécutif de l'UE, Ursula von der Leyen, s'est engagée à investir 10 milliards d'euros en Asie du Sud-Est afin de contrer les ambitions de la Chine dans le cadre du plan « Belt and Road ».
Les tensions entre l'UE et Pékin se sont considérablement aggravées en 2021 sur toute une série de questions. L'UE a notamment sanctionné un certain nombre de responsables chinois pour des violations présumées des droits de l'homme contre la minorité ouïgoure dans le nord-ouest du Xinjiang.
Pékin a également réagi en sanctionnant certains responsables européens. Cette mesure avait étouffé la signature d'un accord global d'investissement entre la Chine et l'UE courant 2020.
On peut affirmer que les restrictions anti-Covid strictes de la Chine sont la principale raison pour laquelle les investisseurs hésitent sur le marché chinois. Dans le même temps, la concurrence entre les États-Unis et la Chine inquiète également les investisseurs européens.
Les investisseurs européens commencent à bouder la Chine
M. Frederick Kliem, chercheur à la S. Rajaratnam School of International Studies (RSiS) de Singapour, a déclaré que les États-Unis pourraient imposer de nouvelles sanctions à la Chine. La portée des sanctions sera probablement très large, ce qui permettra aux pays européens de s’y adapter sans trop de difficultés.
Alors que les investisseurs européens commencent à bouder la Chine, les pays d'Asie du Sud-Est ont réussi à capter leur attention.
Shada Islam, experte des affaires européennes, a déclaré que le dernier « mantra » de l'UE était de "réduire la dépendance" à l'égard des produits clés fabriqués par un seul pays. Toutefois, les efforts déployés pour se débarrasser de la Russie montrent que la volonté de rompre une relation commerciale à long terme est facile à dire, mais assez difficile à faire.
En signe de protestation contre l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le 28 février, le département du Trésor américain a sanctionné la banque centrale russe en interdisant les transactions avec cette dernière et les fonds d'investissement étrangers dans ce pays, et imposé un durcissement des sanctions financières à l'encontre de l'économie russe.
Les Russes ont également riposté en restreignant les exportations de gaz naturel, laissant de nombreux membres de l'UE dans une situation critique. Cette action a contribué à augmenter encore davantage les prix de l'énergie, déjà très élevés, entraînant une inflation record dans l'Union européenne.
L'accord de protection des investissements entre l'UE et Singapour a pris effet à partir de 2019. L'accord avec le Vietnam n'a été ratifié que par 12 pays de l'UE sur 15. Les négociations avec l'Indonésie progressent, celles avec la Thaïlande, la Malaisie et les Philippines pourraient également aboutir d'ici quelques années.
Rédacteur Yasmine Dif
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