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Monde. L’Italie interdit le poisson, les produits laitiers et la viande de synthèse pour protéger sa culture et ses traditions

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Cette décision intervient juste un jour après que l’Europe ait annoncé qu’une entreprise australienne fabriquait une boulette de viande de synthèse à partir d’ADN de mammouth laineux, épissé avec de l’ADN d’éléphant, et cultivé dans les cellules souches d’un mouton.

Le gouvernement italien propose une législation visant les produits laitiers, le poisson et la viande de synthèse

L’Italie interdit les aliments produits en laboratoire, afin de protéger les agriculteurs, la culture et le patrimoine culinaire et vinicole légendaires du pays.

La BBC s’est fait l’écho de cette évolution le 29 mars en déclarant que le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Francesco Lollobrigida, avait annoncé ces mesures, qui seront appliquées au moyen d’amendes d’un montant de 60 000 euros.

Le même jour, The Guardian a rapporté que les importateurs, les exportateurs et les producteurs risquaient également une suspension de leurs activités, ordonnée par le gouvernement, en cas de violation des règles.

Selon la BBC, la législation est saluée par l’industrie agro-alimentaire italienne, qui a recueilli plus d’un demi-million de signatures pour une pétition visant à protéger les « aliments naturels », et détestée par les défenseurs des droits des animaux qui affirment que la viande produite en laboratoire protégera les animaux et sauvera le monde de la menace du changement climatique due au carbone.

« Les produits de laboratoire, à notre avis, ne garantissent pas la qualité, le bien-être et la protection de notre culture, de notre tradition », a expliqué M. Lollobrigida, ajoutant que la motivation était de « protéger notre culture et notre tradition, y compris la nourriture et le vin », a rapporté The Guardian.

L’interdiction s’appliquera non seulement à la viande de synthèse, mais aussi aux poissons et au lait synthétiques, a précisé le journal.

Le 29 mars, M. Lollobrigida a publié un tweet sur la législation, la qualifiant de victoire pour le gouvernement Meloni, car il s’agit d’une « position forte en faveur des nombreux producteurs traditionnels, confrontés à quelques multinationales de plus en plus dénuées de scrupules ».

The Guardian a cité le ministre de la Santé, Orazio Schillaci, qui a déclaré à la presse : « (Parce qu’) il n’y a pas encore d’études scientifiques sur les effets des aliments synthétiques. Nous voulons sauvegarder l’héritage de notre nation et notre agriculture basée sur le régime méditerranéen ».

L'Italie interdit le poisson, les produits laitiers et la viande de synthèse pour protéger sa culture et ses traditions
À Singapour les nuggets de poulet cultivés en laboratoire ont été rendus légaux en décembre 2020. (Image : photosforyou / Pixabay)

Les promoteurs des aliments de synthèse réagissent et avancent leurs arguments

Le dirigeant d’un parti de gauche cité par le journal a affirmé que les cellules animales cultivées en laboratoire, remplaçant les pratiques et industries humaines de chasse et d’élevage vieilles de milliers d’années, sont « une technologie qui pourrait nous permettre de moins polluer et tuer ».

Une ONG spécialisée dans la politique alimentaire, citée par The Guardian, a estimé que l’Italie était « une aberration » en Europe sur cette question, ajoutant que « d’autres gouvernements sont désireux d’exploiter certains des avantages de la viande synthétisée et se montrent donc favorables ».

Un jour avant la décision de l’Italie, The Guardian et d’autres médias ont annoncé qu’une entreprise australienne avait créé une boulette de viande cultivée en laboratoire en utilisant de l’ADN provenant d’une espèce éteinte, le mammouth laineux.

Le PDG de l’entreprise a confié au Guardian que l’objectif de son entreprise était de susciter des changements de comportement pour tenter de modifier les conditions de vie des gens qui mangent de la viande.

« L’objectif est de faire passer quelques milliards de mangeurs de viande de la consommation de protéines animales (conventionnelles) à la consommation de choses qui peuvent être produites dans des systèmes de synthétisation », a-t-il souligné, ajoutant : « Nous avons un problème de changement de comportement en ce qui concerne la consommation de viande ».

« Et nous pensons que le meilleur moyen d’y parvenir est de fabriquer la viande. Nous recherchons des cellules faciles à cultiver, vraiment savoureuses et nutritives, puis nous les mélangeons pour créer une viande vraiment savoureuse », a-t-il avancé.

Un cofondateur de la société a expliqué que le mammouth laineux avait été choisi parce que cet animal disparu est « un symbole de la perte de diversité et un symbole du changement climatique ».

L’article indique que l’entreprise a travaillé avec l’Institut australien de bio-ingénierie de l’université du Queensland pour créer le matériel génétique nécessaire à la fabrication de la substance en utilisant « la séquence d’ADN de la myoglobine du mammouth, une protéine musculaire essentielle pour donner à la viande sa saveur, et en comblant les quelques lacunes à l’aide d’ADN d’éléphant ».

L’ADN a ensuite été cultivé à l’intérieur de cellules souches prélevées sur des moutons. Le processus n’a pris que quelques semaines.

Un scientifique de l’institut a avoué que personne ne se hasarderait à manger la bio-matière car « nous n’avons aucune idée de la façon dont notre système immunitaire réagira lorsque nous la mangerons ».

Restrictions strictes également sur les produits alimentaires contenant des insectes

Au début du mois, la Hongrie et l’Italie ont également mis en place des restrictions strictes sur les produits utilisant des insectes à la place de farines végétales.

Selon le média hongrois Origo, la Hongrie exige que ces produits soient présentés séparément dans les magasins et que leurs emballages soient marqués de manière claire et sans ambiguïté.

Le ministre de l’Agriculture, István Nagy, aurait dit : « Ceux pour qui il est important d’acheter des aliments d’origine hongroise ne veulent pas manger d’insectes ».

M. Nagy a ajouté : « En outre, les agriculteurs hongrois fournissent continuellement à la population hongroise des produits de base et des aliments frais de haute qualité, et nous n’avons pas à craindre de pénurie de nourriture ou de protéines ».

M. Lollobrigida a été cité par le Times le 24 mars, expliquant à propos de réglementations similaires en Italie : « Il est fondamental que ces farines ne soient pas confondues avec des aliments fabriqués en Italie ».

« Ceux qui veulent choisir des grillons, des larves et des criquets peuvent y aller et ceux qui n’en veulent pas, comme je l’imagine la plupart des Italiens, peuvent s’en préserver », a ajouté le ministre.

Rédacteur Albert Thyme

Source : Italy Bans Synthetic Meat, Fish, and Dairy to ‘Protect Our Culture and Our Tradition’

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