Le 18 mai 2023, le Premier ministre Fumio Kishida, lors de sa visite dans la préfecture d’Hiroshima, a tenu une réunion au sommet avec Joe Biden, président des États-Unis d’Amérique. (Image : wikimedia / Prime Minister's Office website / CC BY 4.0)
Un nouveau rapport émanant du gouvernement japonais présente les ambitions du Parti communiste chinois (PCC) en Asie-Pacifique comme une menace croissante pour la paix dans la région. Tokyo y dénonce les ambitions militaires chinoises dans le Pacifique, notamment le partenariat de Pékin avec la Russie et ses visées sur Taïwan.
Le document, approuvé par le cabinet du premier ministre Fumio Kishida, est le premier depuis l’adoption par le pays de sa stratégie de sécurité nationale en décembre de l’année dernière, a rapporté AP News. Ce document de 510 pages cite la République populaire de Chine, la Russie et la Corée du Nord comme facteurs contribuant à « l’environnement sécuritaire le plus grave et le plus complexe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale », tout en mettant l’accent sur les récentes activités militaires de la Chine.
Tokyo a qualifié la RPC de « grave préoccupation pour le Japon et la communauté internationale » déclarant que la Chine représentait le « plus grand défi stratégique ».
Selon Nikkei Asia, le document indique également que l’équilibre militaire entre la Chine et Taïwan « penche rapidement en faveur de la Chine ».
Le 27 juillet, des délégués de la Russie et de la Chine ont rencontré le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un à Pyongyang pour assister à un défilé militaire au cours duquel le pays a présenté un assortiment de drones et de missiles à longue portée.
Tokyo a déclaré que cette manifestation était « clairement destinée à faire une démonstration de force contre le Japon et qu’elle était très préoccupante ». Moscou et la Chine ont mené des exercices militaires conjoints en mer du Japon, ce qui les rapproche stratégiquement.
En réponse au document de défense, la porte-parole du ministère des affaires étrangères de la RPC, Mao Ning, a déclaré qu’il « mettait délibérément en avant la soi-disant menace chinoise et créait des tensions dans la région ». Elle a ajouté que le renforcement militaire de Tokyo avait également suscité l’inquiétude des pays asiatiques, les avertissant de « cesser de trouver des excuses à son expansion militaire ».
Selon CNN, Wang Yi, le ministre des affaires étrangères de la république populaire de Chine, a exhorté le Japon et la Corée du Sud à coopérer avec la Chine pour « revitaliser l’Asie » et à ne pas compter sur le soutien des États-Unis.
Dans ce contexte de tensions, le Japon a également interdit l’exportation de technologies de micropuces vers la Chine, à l’instar des États-Unis et des Pays-Bas qui ont mis en place des restrictions similaires.
Ce rapport sur la défense a été publié sept mois après la mise en œuvre de nouvelles stratégies de sécurité et de défense nationales, dont le point culminant est l’accélération du budget militaire du Japon, qui devrait s’élever à environ 43 000 milliards de yens japonais (310 milliards de dollars américains) d’ici à 2027.
Préparatifs sur les îles
La crainte est que le Chine pourrait disposer de 1 500 ogives nucléaires d’ici 2035, ce qui l’aidera à affirmer son emprise répressive sur Taïwan.
Revendiquant la possession de l’île autonome, le dirigeant de la RPC, Xi Jinping, prévoit de construire une « armée de classe mondiale » qui affirmerait sa domination sur Taïwan.
Cela mettrait en péril des territoires japonais comme Okinawa, ce qui a incité le gouverneur de l’île à demander la réduction des bases américaines pour permettre « des efforts accrus en matière de diplomatie et de dialogue avec Pékin ». Les cicatrices de la bataille d’Okinawa, qui s’est déroulée il y a plusieurs décennies, sont encore profondes au sein de la population d’Okinawa, et les habitants craignent d’être les premiers à tomber si un conflit militaire venait à éclater.
Afin de préparer les habitants de l’île, le secrétaire général du cabinet, Hirokazu Matsuno, s’est rendu à Ishigaki la semaine dernière pour leur témoigner son soutien et reconnaître « les difficultés liées à l’évacuation » de la population. Le maire d’Ishigaki, Yoshitaka Nakayama, a également demandé une protection supplémentaire pour les « installations aéroportuaires et portuaires », ainsi que des abris souterrains.
La Corée du Nord s’est également montrée plus agressive. Le pays continue de développer son arsenal nucléaire et est devenu « une menace plus grave et plus imminente que jamais pour le Japon », selon le rapport.
Depuis 2022, Pyongyang a procédé à des essais de lancement de près de 100 missiles, le rapport affirmant qu’elle peut désormais lancer des ogives pouvant atteindre le Japon et les États-Unis.
Malgré l’amélioration de ses liens avec le Japon, la Corée du Sud a critiqué le document de défense concernant les revendications de Tokyo sur l’une de leurs îles contestées, estimant qu’il était «injuste ».
