Depuis que Pékin a ouvert sa première base militaire à Djibouti, la Chine cherche un endroit pour construire une nouvelle base à l’extérieur du pays. Bien qu’il y ait eu de nombreux débats sur le fait que le Pakistan pourrait être le prochain hôte, il n’y avait jusqu’à présent aucune preuve solide pour soutenir cette thèse. De nouvelles images satellites montrent que la Chine envisage peut-être de construire une base navale à Gwadar, située à l’extrémité ouest de la côte pakistanaise.
La base militaire
Les images ont permis d’identifier un complexe de haute sécurité identifié comme appartenant à CCCC Ltd, une entreprise de construction publique chinoise qui participe à plusieurs projets de génie civil. Le niveau de sécurité autour du complexe semble anormal pour une simple entreprise. Par exemple, « il est doté de barrières anti-véhicules, de clôtures de sécurité et d’un mur élevé. Des postes de sentinelles et des tours de garde surélevées couvrent le périmètre entre la clôture et le mur intérieur. Cela suggère des gardes armés de fusils », selon Forbes. En plus de ce complexe, il existe deux autres sites qui pourraient être liés à l’armée chinoise. Ces sites comportent plusieurs rangées de bâtiments aux toits de couleur bleue. Certains ont suggéré que ces structures pourraient servir de casernes pour le personnel militaire chinois.
Le niveau de sécurité autour du complexe semble anormal pour une simple entreprise. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Le port de Gwadar, dont le coût de construction est estimé à 62 milliards de dollars, est l’élément central du corridor économique Chine-Pakistan. Pékin accorde la plus grande importance à ce projet car il prévoit d’utiliser ce corridor pour acheminer des marchandises vers et depuis l’Afrique. Pour l’instant, la Chine doit acheminer ses marchandises via le détroit de Malacca, ce qui prend trop de temps. Le port de Gwadar va aussi permettre à la Chine de développer l’activité économique dans ses régions occidentales. En faisant de Gwadar un port militaire, la Chine peut facilement attaquer les forces navales indiennes stationnées dans la région orientale.
Le projet de construction du port de Gwadar s’est heurté à une forte opposition de la part de la population locale des Baloutches, qui luttent contre le régime pakistanais pour leur indépendance. En 2018, le consulat de Chine à Karachi a été attaqué par des membres de l’Armée de libération du Baloutchistan. La même année, un analyste chinois ayant des liens avec le gouvernement a admis auprès des médias que la base située près du port de Gwadar serait utilisée pour l’accostage et l’entretien des navires de guerre. Le mois dernier, il a été rapporté que la Chine était en train d’agrandir sa base militaire à Djibouti afin d’y accueillir de grands navires, et qu’elle avait construit une jetée d’environ 330 mètres pour les porte-avions.
Corruption
Un rapport d’enquête publié en mai a révélé à quel point les entreprises chinoises exploitent sans scrupules le peuple pakistanais. Le rapport, préparé par un comité dirigé par le Premier ministre Imran Khan, fait suite à une interrogation sur les raisons des coûts élevés de l’électricité et dévoile l’existence d’un réseau de corruption lié aux entreprises chinoises. Une entreprise du nom de Huaneng Shandong Ruyi (Pak) Energy (HSR) s’est avérée avoir gonflé les coûts d’installation de ses centrales à charbon. Il est apparu que près de 625 millions de dollars américains étaient liés à des pratiques de corruption dans le secteur indépendant de la production d’électricité, dont près d’un tiers était liés à un projet chinois.
Le Premier ministre pakistanais a créé un comité pour enquêter sur les raisons des coûts élevés de l'électricité et a découvert un réseau de corruption lié aux entreprises chinoises. (Image : pixabay / CC0 1.0)
En parallèle, les États-Unis ont demandé à la Chine d’annuler une partie des dettes du Pakistan, en invoquant les pratiques commerciales déloyales et abusives de Pékin. Un fonctionnaire américain a fait valoir que sans l’allégement de la dette, le pays ne pourra pas financer la lutte contre la pandémie de Covid-19. Le gouvernement pakistanais est en difficulté financière depuis un certain temps, accablé par la dette et par la récession économique. La dette publique du pays atteindrait presque 90 % de la valeur totale de son économie nationale.
Rédacteur Fetty Adler
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