La très mauvaise gestion de l’environnement en Chine est-elle la raison de l’aggravation de la crise écologique mondiale ? La Chine est le pire pollueur au monde. Compte tenu de l’importance de sa population et de ses exportations dans le secteur industriel, cela n’est pas surprenant. Selon les estimations, près de 30 % de la pollution atmosphérique mondiale est imputable à la Chine. En fait, le taux de dioxyde de carbone totalisé par cinq provinces en Chine serait plus élevé que celui totalisé par n’importe quel pays au monde ! De tels niveaux de pollution ont un coût environnemental énorme. L’une des principales raisons de cette forte pollution est due au manque de responsabilité du pays en matière d’éthique commerciale.
Le problème de l’environnement
Même si Pékin affiche une position favorable à l’environnement, le régime communiste donne la priorité au développement économique plutôt qu’à la gestion de la pollution. Les lois environnementales qu’il a adoptées ces dernières années n’existent d’ailleurs pour la plupart que sur papier. Les entreprises agissent souvent à l’encontre de ces lois en ayant recours à la corruption des fonctionnaires locaux qui acceptent de fermer les yeux sur ces activités illégales. En Chine, seules les entreprises d’État sont obligées de présenter des rapports de durabilité. En ce qui concerne les entreprises privées, ces rapports sont volontaires et les politiques et directives environnementales adoptées par l’État sont peu ou pas appliquées.
Entre 2008 et 2019, le nombre d’entreprises rendant compte de leurs performances économiques, environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) est passé de 200 à environ 3 000. Mais la qualité de leurs rapports laisse beaucoup à désirer. Une étude réalisée en 2017 par la société de conseil GoldenBee a révélé que moins de 10 % des entreprises chinoises cotées en bourse font vérifier leurs rapports de durabilité par un tiers de confiance. Les entreprises qui n’affichent pas honnêtement leurs rapports, sont rarement pénalisées. Avec des normes éthiques aussi médiocres, il n’est pas étonnant que les entreprises ne respectent pas les directives environnementales.
Les échanges commerciaux avec la Chine pourraient contribuer à accroître la pollution. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
« Il n’y a pas eu beaucoup de pression sur les entreprises qui ne respectent pas les règles de conformité... C’est pourquoi on constate un écart entre les politiques environnementales et les pratiques commerciales réelles... En outre, la sensibilisation des investisseurs, des médias, des organisations non gouvernementales (ONG) et des consommateurs est faible, de sorte que les entreprises n’ont guère été incitées à introduire la durabilité au cœur de leur stratégie commerciale », a déclaré Yuan Yuan, directeur principal de la durabilité chez CECEP Environmental Consulting, à Eco Business.
Les échanges commerciaux de la Chine avec d’autres nations induisent aussi le risque de dommages environnementaux. Une étude visant à déterminer si les échanges commerciaux de la Chine avec les pays d’Afrique subsaharienne et d’Amérique latine avaient une incidence sur leur émission de dioxyde de soufre a révélé que le niveau de pollution de ces pays augmente en même temps que leurs échanges commerciaux avec la Chine. Cependant, un schéma intéressant s’est dégagé. Selon l’Institut de la qualité du gouvernement, Les pays dont la gouvernance est de meilleure qualité, n’ont pas connu d’augmentation de la pollution atmosphérique malgré l’accroissement des échanges commerciaux avec la nation asiatique. En revanche, les pays dont la qualité de la gouvernance est la plus mauvaise ont vu la pollution atmosphérique augmenter parallèlement à l’essor du commerce avec la Chine.
Solutions
Cependant, une tendance est apparue en Chine. Les organisations de la société civile s’impliquent de plus en plus dans la vérification des rapports ESG des entreprises, révélant ce qui est mentionné et ce qui est caché. Les ONG ont commencé à dénoncer les entreprises qui ne reconnaissent pas l’impact négatif de leurs activités. L’année dernière, une ONG environnementale, le Shanghai Minhang Qingyue Environmental Information Technology Service Center, a découvert que plus de 11 900 entreprises avaient déposé des rapports incomplets concernant le rejet des eaux usées. L’administration aurait habilité ces ONG à effectuer ce genre de tâches.
Les rapports ESG devraient faire l’objet d’une vérification approfondie. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
Il faudrait de plus qu’un effort soit fait pour améliorer la gouvernance dans les pays en développement. Comme l’étude l’indique, une meilleure gouvernance devrait, à terme, garantir que le commerce avec la Chine n’engendre pas une augmentation de la pollution. En outre, les pays dotés d’une telle gouvernance de haute qualité sont également susceptibles de rendre la Chine responsable des normes pro-environnementales, ce qui contribuera grandement à forcer les entreprises chinoises à adopter de telles pratiques afin de maintenir leurs marchés.
Rédacteur Fetty Adler
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