Alors que cette année marque le 50ème anniversaire des relations entre la Chine communiste et l’Iran, les deux nations ont signé un pacte de coopération stratégique d’une durée de 25 ans, que la Chine a appelé « Plan de coopération globale ». L’accord impliquerait 400 milliards de dollars d’investissements chinois, incluant des importations massives de pétrole iranien.
L’accord signé le 27 mars à Téhéran par le ministre iranien des affaires étrangères Javad Zarif et son homologue chinois, renforce ainsi les liens déjà étroits entre l’Iran et le régime communiste. Cet accord était en gestation depuis cinq ans. En 2016, les deux pays ont publié une déclaration conjointe sur l’établissement d’un partenariat stratégique global ayant pour objectif de porter leurs échanges commerciaux à 600 milliards de dollars.
L’accord, qui comporte des clauses politiques, stratégiques et économiques, intervient à un moment où l’Iran souffre des sanctions unilatérales appliquées par l’ex-président américain Donald Trump. En février, l’Iran a rejeté une invitation de l’UE à discuter avec les États-Unis de la possibilité de signer à nouveau le plan d’action global conjoint. L’Iran a refusé cette réunion, à moins que les États-Unis n’allègent certaines de leurs sanctions, ce qui a laissé les pays dans une impasse. Certains analystes pensent que le nouvel accord sino-iranien pourrait affaiblir l’influence des États-Unis sur l’Iran.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif (à droite), et son homologue chinois, Wang Yi, posent pour une photo après avoir signé un accord à Téhéran, le 27 mars 2021. (Image : wikimedia / Tasnim News Agency / CC BY 4.0)
La Chine relance involontairement l’enrichissement nucléaire iranien
Dans un article intitulé China’s Iran Deal Is Just the Beginning, Erielle Davidson et Ari Cicurel, du National Interest, ont estimé que « l’impact immédiat de l’accord pourrait donc être que la Chine facilite involontairement la poursuite de l’enrichissement nucléaire iranien. Mais il est peu probable que ses effets déstabilisateurs s’arrêtent là, car les intérêts de la Chine s’étendent à toute la région... Les activités de la Chine au Moyen-Orient présentent un risque pour les États-Unis, car la Chine joue sur le terrain d’une manière totalement " realpolitik " - elle peut soutenir les ennemis de l’Amérique (voire l’Iran) ou elle peut courtiser ou tenter de courtiser les alliés des États-Unis (voire Israël) ».
« Pékin n’a pas d’allégeances. Elle cherche à la fois à renforcer les adversaires des États-Unis ou à voler ses partenaires traditionnels. »
L’ancien ambassadeur de Chine en Iran, Hua Liming, a déclaré dans une interview au South China Morning Post : « La Chine et l’Iran souhaitent tous deux promouvoir publiquement leurs liens étroits, ce qui a reflété une nouvelle réalité. Comme la Chine se soucie beaucoup moins de ce que pensent les États-Unis, nous ne serons plus freinés par ces restrictions largement auto-imposées pour favoriser des liens étroits avec l’Iran. »
Hua Liming a également mentionné qu’au cours des derniers mois, les importations de pétrole de la Chine communiste en provenance de l’Iran ont augmenté malgré les sanctions américaines.
Le début d’un délicat exercice d’équilibre au Moyen-Orient
Le Wall Street Journal a rapporté que la Chine allait « importer d’Iran 918 000 barils par jour en mars, le volume le plus élevé depuis qu’un embargo pétrolier complet des États-Unis a été imposé à Téhéran il y a deux ans. »
Dans un éditorial de RT, Tom Fowdy, écrivain et analyste britannique de la politique et des relations internationales, mentionne, au sujet de l’accord « Pour Pékin, c’est le début d’un exercice d’équilibre délicat au Moyen-Orient ».
Tom Fowdy a déclaré : « L’objectif n’est pas de créer un nouvel ordre dans la région, ce que l’Iran cherche depuis longtemps à faire dans la frustration de l’endiguement américain, le soutien chinois peut l’inciter à faire preuve de retenue même si, d’un autre côté, il renforce ses capacités. Cela place Pékin sur la corde raide d’un exercice d’équilibre ».
« Indépendamment, le nouvel accord modifiera l’équilibre mondial des pouvoirs et rendra de plus en plus difficile pour l’Amérique de faire pression sur l’Iran de la même manière qu’auparavant. »
Dina Esfandiary, conseillère principale à l’International Crisis Group et coauteure d’un livre sur les relations de l’Iran avec la Chine et la Russie a exprimé une opinion similaire au Wall Street Journal : « L’accord avec la Chine envoie le signal qu’elle a des alliés solides, y compris un pays ayant un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies... Mais le partenariat a des limites... et ne changera pas la façon dont la Chine fait des affaires au Moyen-Orient. »
Rédacteur Fetty Adler
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