Un nouveau rapport de l’ASPI (Australian Strategic Policy Institute) a conclu que l’UFWD (United Front Work Department), une branche du Parti communiste chinois (PCC), a pour mission d’infiltrer complètement tous les secteurs de la vie australienne, qu’il s’agisse de la politique, des affaires, des universités ou des médias. Le rapport alerte que cette infiltration ne fera que progresser à mesure que les tensions entre la Chine et l’Australie vont s’intensifier.
Subvertion en Australie
L’UFWD existe depuis plusieurs décennies. Cependant, son objectif n’a cessé de se transformer et de s’étendre au fil du temps. Sous la direction du président Xi Jinping, l’UFWD a été modelée en une organisation chargée d’étendre l’influence du PCC au monde entier. Dans un discours prononcé en 2015, Xi a qualifié l’UFWD d’« arme magique » pour réaliser le rêve d’une nation chinoise rajeunie. Actuellement, les opérations mondiales de l’UFWD se concentrent sur l’infiltration des communautés d’expatriés chinois, la suppression des mouvements dissidents, l’extension de l’influence politique et l’augmentation des investissements chinois.
Alex Joske, l’auteur du rapport, souligne que le travail effectué par l’UFWD est très secret et que les personnes qui traitent avec l’organisation nient toujours leurs liens. À titre d’exemple, il mentionne Chau Chak Wing, homme d’affaires australo-chinois et donateur politique bien connu, qui a déclaré n’avoir jamais entendu parler de l’UFWD, alors que des vidéos le montrent en train de mentionner l’organisation. Il existe également des photos de Wing en train d’interagir avec des fonctionnaires de l’UFWD. Même certains des politiciens notoires australiens finissent, sans le savoir, par être liés à l’UFWD dans une certaine mesure.
Chau Chak Wing, homme d’affaires australo-chinois et donateur politique bien connu a déclaré qu’il n’avait jamais entendu parler de l’UFWD, alors que des vidéos le montrent en train de mentionner l’organisation. (Image : Capture d’écran / YouTube)
« Dans des pays comme l’Australie, où le travail de front unique est assez mature, il s’avère difficile pour les politiciens d’éviter de s’associer à des groupes de front unique et de ne pas les légitimer implicitement en tant que représentants de la communauté chinoise au sens large. Par exemple, les deux principaux candidats des partis à un siège au Parlement lors des élections fédérales australiennes de 2019 auraient été membres de groupes de front unique ou auraient fait des voyages en Chine parrainés par le front unique. Les deux candidats à la direction du parti travailliste de Nouvelle-Galles du Sud en 2019 avaient assisté à des événements organisés par des groupes liés au Front uni », selon le rapport.
Dans les universités, les associations d’étudiants et d’universitaires chinois (CSSA) servent de plate-forme principale aux responsables de l’UFWD pour entrer en contact avec les étudiants de la diaspora chinoise en Australie et les contraindre à participer à des activités. Un article publié par le People’s Daily, soutenu par Pékin, indique que la CSSA australienne accomplit des missions sous la directive du bureau de l’éducation de l’ambassade. Non seulement la CSSA fait rapport à ses supérieurs sur les étudiants chinois dissidents, mais elle organise également des rassemblements et des marches pour soutenir les causes pro-chinoises. Par exemple, un rassemblement en faveur de la démocratie à Hong Kong l’année dernière s’est soldé par des violences après que des étudiants pro-chinois s’y soient opposés.
Récemment, l’UFWD a manifesté sa nature « anti-australienne » lors de la récente crise du virus du PCC, lorsque l’organisation a coordonné ses efforts avec d’autres groupes pro-chinois en Australie pour assurer l’approvisionnement en fournitures médicales essentielles. Au lieu d’utiliser ces fournitures pour soutenir le peuple australien pendant la pandémie, elle les a expédiées en Chine.
Pénaliser l’Australie avec des droits de douane
La Chine cherche également à pénaliser l’Australie par des embargos commerciaux et des droits de douane, après que le pays ait demandé une enquête internationale pour identifier la source du virus du PCC. Pékin a augmenté les droits de douane sur plusieurs importations australiennes, ceux sur l’orge ayant atteint un pic de 80 %. Cela a causé des dommages massifs à l’industrie agroalimentaire australienne, avec la perte de milliers de dollars de bénéfices futurs, pour de nombreux agriculteurs. Certains d’entre eux, qui ont exclusivement planté de l’orge, pourraient même perdre leur ferme agricole et leur maison parce qu’ils ne seront pas en mesure de payer leurs dettes et leurs dépenses.
De nombreux agriculteurs australiens font face à d’énormes pertes après l’augmentation des droits de douane par la Chine. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
Le ministère chinois de l’éducation a également demandé aux étudiants de reconsidérer le choix de l’Australie comme destination pour l’enseignement. Le secteur de l’éducation internationale en Australie rapporte 26,3 milliards de dollars par an. La Chine est la plus grande source d’étudiants étrangers. En décourageant les étudiants chinois de s’inscrire dans les universités australiennes, Pékin espère mettre davantage de pression sur l’Australie. Cependant, le Premier ministre Scott Morrison, avec son flegme typiquement australien, et soutenu par des amis du monde entier, est déterminé à persévérer. Il a déclaré avec insistance que son gouvernement ne se pliera pas à la coercition chinoise.
Rédacteur Fetty Adler
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