Suite à l’adoption de la loi contre la manipulation de l’information, par différents pays, de nombreux militants sociaux craignent que ces lois ne soient utilisées à mauvais escient pour restreindre la liberté d’expression.
Que sont les fausses informations (fake news) ?
Les fausses informations ou fake news apparaissant dans les médias sont des rumeurs mensongères visant à nuire à la réputation d’une personne ou d’une entité, ou à falsifier des évènements.
La propagation des fake news
Les fausses informations ont toujours existé, surtout en ce qui concerne la politique. Cependant, le problème des fake news à l’heure actuelle est que les médias sociaux contribuent à la diffusion rapide de ces informations, avec un impact profond sur les gens. Par exemple, une fausse rumeur déclarant qu’un homme politique a une relation extra-conjugale, pourrait se propager comme une traînée de poudre sur Internet en moins de 24 heures. Si cela se produit juste avant une élection, cela pourrait effectivement minimiser ses chances de gagner.
En France, de fausses informations relayées par différents médias ont accusé le président Emmanuel Macron de détenir plusieurs comptes bancaires offshore. C’est à cette occasion qu’il aurait décidé d’adopter une loi stricte contre les fausses informations dans le pays. Bien qu’il ait recueilli suffisamment de soutien pour cela, les députés sont toujours divisés sur cette question et les médias s’y opposent avec véhémence.
Le président Emmanuel Macron mène une croisade pour l’adoption d’une loi stricte contre la manipulation de l’information en France. (Image : Département des Yvelines / flickr / CC BY-ND 2.0)
Le président américain Donald Trump a également déclaré à plusieurs reprises que certains médias ayant des préjugés à son égard, menaient des campagnes de fake news visant à détruire son image auprès du public. Dans certaines situations, les chaînes d’information se sont vues dans l’obligation de présenter des excuses pour avoir répandu des rumeurs sur D. Trump et son administration. C’est le cas par exemple d’ABC News, qui a dû présenter des excuses suite à un reportage accusant l’ancien directeur de campagne de D. Trump d’homicide involontaire.
Il n’en reste pas moins que le fait de présenter des excuses est plutôt rare. La plupart des médias qui répandent des informations mensongères ne prennent pas la peine de s’excuser. C’est pourquoi les pays du monde entier s’efforcent de mettre en place des lois strictes contre les fake news. Cependant, les militants des droits de l’homme craignent que ces lois ne soient utilisées pour restreindre la liberté d’expression et empêcher les médias de couvrir des incidents que les gouvernements souhaiteraient garder secrets.
Le problème de la mise en place d’une loi efficace
L’un des grands problèmes posés par les fausses informations est qu’il est difficile de juger si le journaliste a intentionnellement rapporté la nouvelle en sachant qu’elle était fausse ou s’il l’a diffusée en pensant qu’elle était vraie. Ce n’est que dans le premier cas de figure que le journaliste peut être accusé de comportement contraire à l’éthique, alors que dans le second cas, il s’agit simplement d’un reportage incorrect, ce qui est coutume courante dans les médias.
Le problème est récemment apparu en Inde où le gouvernement a adopté une loi stricte contre les fake news. Mais la forte opposition des médias à cette loi a forcé le gouvernement à reconsidérer sa position. En conséquence, la loi a été abrogée seulement 24 heures après avoir été adoptée.
Le gouvernement indien a abrogé sa loi contre les fake news après avoir reçu de fortes pressions de la part des médias. (Image : pixabay / CC0 1.0)
« Tout journaliste ayant fait l’objet d’une plainte enregistrée contre lui aurait automatiquement vu son accréditation suspendue, jusqu’à ce qu’un organisme de régulation se prononce sur la question. Comme n’importe qui peut déposer une plainte, on craignait à juste titre que cela ouvre la voie à des abus. Tout le monde est innocent jusqu’à ce que sa culpabilité soit prouvée. C’était une mauvaise idée d’autoriser une action punitive contre un journaliste sans avoir d’abord prouvé qu’il ou elle avait délibérément et intentionnellement diffusé des nouvelles qu’il ou elle savait être fausses », écrit un article du Times of India, sur la façon dont la loi sur les fake news aurait pu conduire à des abus contre les journalistes.
Le développement en Inde ne fait que souligner une vérité simple : il est très difficile d’adopter une loi contre les fakes news sans risquer la carrière et la vie de journalistes innocents. C’est pourquoi les gouvernements, les journalistes et le public doivent travailler ensemble pour trouver une solution au problème, sans pour autant engendrer des risques de censure ou mettre en danger les membres des médias.
Rédacteur Fetty Adler
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