La méfiance croissante à l’égard de la mauvaise gestion de l’épidémie de Covid-19 par le gouvernement chinois, devrait inciter Wall Street à repenser ses relations avec la Chine, selon le gestionnaire de fonds spéculatifs Kyle Bass. « Les Américains ordinaires commencent à comprendre que le gouvernement chinois n’est pas digne de confiance, qu’il n’est pas notre ami, et qu’on devrait plutôt le considérer comme notre ennemi mortel. Bientôt les relations de Wall Street vont devoir changer, et je pense que c’est ce qui est en train de se produire maintenant », a indiqué Kyle Bass.
S’agit-il de découplage financier ?
Alors que la pandémie continue de faire des ravages sur les populations et l’économie du monde entier, entraînant la perturbation des chaînes d’approvisionnement mondiales, les entreprises ont été contraintes de chercher des moyens de réduire leur dépendance à l’égard de la Chine en tant que pôle manufacturier. Le processus de « découplage » du régime communiste chinois est donc accéléré. Mais il reste à voir si les institutions financières américaines vont commencer à se désengager du régime.
Wall Street a maintenu une relation de coopération étroite avec la Chine, ce qui a contribué au développement économique de la Chine. La récente décision de Pékin d’ouvrir son secteur financier signifie que Wall Street ne se désengagera probablement pas de la Chine de sitôt. En mars, Morgan Stanley et Goldman Sachs sont devenues les dernières banques étrangères à recevoir l’approbation des autorités chinoises pour prendre des participations majoritaires dans leurs coentreprises de gestion de titres chinois.
Alors que la pandémie continue de faire des ravages sur les populations et l’économie du monde entier, entraînant la perturbation des chaînes d’approvisionnement mondiales, les entreprises ont été contraintes de chercher des moyens de réduire leur dépendance à l’égard de la Chine en tant que pôle manufacturier. (Image : pixabay / CC0 1.0)
Convoiter le marché chinois
Même si le régime communiste chinois n’a pas tenu sa promesse d’ouvrir son secteur bancaire depuis son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001, les banques étrangères « ont néanmoins travaillé dur pour s’emparer d’une partie du marché chinois », a déclaré Frank Xie, professeur associé à l’école d’administration des affaires de l’université de Caroline du Sud Aiken.
Certaines entreprises occidentales ont engagé des employés ayant des liens avec des fonctionnaires chinois, pour tenter de gagner des marchés en Chine. En 2016, JPMorgan Chase a accepté de payer 264 millions de dollars d’amendes après avoir engagé des parents et amis de hauts fonctionnaires chinois pour avoir accès à des accords bancaires, une pratique qui enfreignait les lois américaines sur la corruption. Le Crédit Suisse et la Deutsche Bank ont également payé des amendes importantes aux législateurs américains pour des pratiques similaires.
Les cas de comptabilité frauduleuse dans des entreprises chinoises, comme le dernier scandale en date du Luckin Coffee, coté en bourse aux États-Unis, n’ont pas non plus dissuadé les sociétés d’investissement, a déclaré M. Xie. « Je pense qu’ils savent que beaucoup d’entreprises (chinoises) sont frauduleuses et que beaucoup d’entreprises ne respectent pas les règles financières, les règles de reporting et les règles comptables », a-t-il déclaré.
Aveuglés par les profits
Kyle Bass a fustigé les sociétés financières et les entreprises américaines, pour avoir ignoré les violations des droits de l’homme commises par le Parti communiste chinois, dans leur quête du marché chinois. « Et pourtant, des gens comme Blackstone sont impatients d’investir un nouveau dollar en Chine ». « Vous savez pourquoi ? Parce qu’ils laissent l’argent les aveugler... sur les violations flagrantes des droits de l’homme d’un des régimes peut-être les plus tyranniques qui ait jamais existé. C’est dingue », a ajouté K.Bass.
Kyle Bass a fustigé les sociétés financières et les entreprises américaines, pour avoir ignoré les violations des droits de l’homme par le Parti communiste chinois, dans leur quête du marché chinois. (Image : pixabay / CC0 1.0)
Action américaine
Selon Kyle Bass, la première étape pour remédier à la situation serait de faire en sorte que les entreprises chinoises cotées en bourse aux États-Unis ouvrent leurs livres d’audit aux régulateurs américains. Toute entreprise qui souhaite être cotée aux États-Unis - qu’elle soit chinoise ou étrangère - doit respecter les mêmes normes que les entreprises américaines cotées en bourse, sous peine d’être radiée de la cote. « Mettons tout simplement les choses sur un pied d’égalité, ce n’est pas être punitif ».
Les fonds de pension publics américains font également l’objet d’une surveillance accrue en raison de leurs investissements dans des entreprises chinoises, notamment celles qui soutiennent les activités militaires, l’espionnage et les violations des droits de l’homme du régime. Ces dernières années, les fournisseurs d’indices boursiers mondiaux tels que le MSCI et le FTSE ont ajouté des actions chinoises à leurs indices des marchés mondiaux et émergents, permettant ainsi à des milliards de dollars d’investissements américains d’affluer vers les actions chinoises.
L’une des sociétés de l’indice MSCI est le fabricant chinois d’équipements de surveillance Hangzhou Hikvision Digital Technology, qui a été placé sur une liste noire américaine l’année dernière parce que sa technologie était utilisée pour la répression des musulmans ouïgours dans la région occidentale du Xinjiang en Chine.
« C’est absolument insensé que nos militaires et employés fédéraux contribuent indirectement aux opérations militaires chinoises, et le pire est que presque tous ces gens ne sont pas du tout conscients de cette situation », a déclaré le député républicain Mike Waltz dans un communiqué du 24 avril.
Rédacteur Fetty Adler
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