Le sommet du G20 aura lieu les 18 et 19 novembre 2024 à Rio de Janeiro, en présence des dirigeants des pays membres, ainsi que de l’Union africaine et de l’Union européenne.
Le président russe, Vladimir Poutine, ne sera pas présent. Vladimir Poutine risque d’être arrêté s’il voyage à l’étranger, en vertu d’un mandat d’arrêt l’accusant de crimes de guerre en Ukraine, émis par la Cour pénale internationale. Il sera représenté par le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
Pour utiliser une métaphore simple, le rôle du Brésil à la tête du G20 peut être résumé comme de la « glace sèche ». Cette situation n’est pas le résultat d’erreurs commises par la diplomatie brésilienne sous le gouvernement actuel. Tout pays ayant le même statut que celui dont jouit le Brésil dans le système international souffrirait des mêmes limitations à une époque où les grandes puissances, qui possèdent le pouvoir économique et militaire, donnent la priorité à leurs intérêts. Le pays est considéré comme une puissance moyenne, avec une certaine influence régionale, mais aucune présence à l’échelle mondiale.
Nous ne sommes pas seulement dans le monde de l’Amérique d’abord (America First). La Chine d’abord, la Russie d’abord, l’UE d’abord : chacun s’occupe de lui-même au lieu d’essayer d’établir un minimum de coordination entre eux sur des questions telles que le réchauffement climatique, le commerce et la sécurité internationale. Il n’est pas facile pour les puissances moyennes de pouvoir parler haut et fort avec le reste du monde.
Néanmoins, les puissances régionales peuvent influencer des éléments spécifiques des relations entre les pays et, par conséquent, de l’ordre mondial. Par rapport à la présidence indienne du G20 l’année précédente, le Brésil a réalisé des progrès notables sur les questions sociales, en mettant à l’ordre du jour l’Alliance mondiale contre la faim et la pauvreté, ce qui est conforme à l'Agenda 2030 des Objectifs de développement durable 1 (éradication de la pauvreté) et 2 (stratégie faim zéro et agriculture durable).
G20 : créer un fonds pour lutter contre la désinformation
Sous la direction du Brésil, le débat sur la lutte contre le changement climatique a également gagné en priorité, en mettant l’accent sur l’optimisation des fonds pour ce défi mondial, y compris l’idée qui sera présentée à Rio de Janeiro de créer un fonds pour lutter contre la propagation de la désinformation dans le secteur.
Ces points contrastent avec l’absence de progrès dans les débats sur les réformes indispensables de la gouvernance mondiale. Le succès passe par le dialogue avec les Russes, les Américains, les Chinois et les Européens.
Avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, Moscou en guerre contre l’Ukraine et Pékin aux prises avec des problèmes économiques internes, seule l’UE, du moins tant qu’elle n’est pas capturée par des forces d’extrême-droite, a tendance à montrer la moindre volonté à rejoindre un programme d’action mondial.
Le nationalisme éclipse l’alliance mondiale
À moins que les intérêts des grandes puissances ne changent encore davantage à la suite des actions de Donald Trump 2.0. Par exemple, à une époque de nationalisme croissant, à quoi sert de soutenir une alliance mondiale pour lutter contre la faim et la pauvreté si les pays recherchent des solutions unilatérales ou bilatérales, en s’associant avec des alliés régionaux ou avec ceux avec lesquels ils ont de plus grandes affinités idéologiques ? La Chine, dont la dimension économique pourrait combler le vide laissé par les États-Unis dans le multilatéralisme, n’est pas non plus intéressée à jouer un rôle d’articulation dans la fourniture de biens publics mondiaux.
L’UE et d’autres acteurs politiques européens, notamment le Royaume-Uni, devront consacrer davantage de ressources à leur propre sécurité. En effet, Donald Trump s’est déjà montré favorable à une entente avec la Russie dans la guerre contre l’Ukraine et cherche à réduire les engagements américains dans le cadre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), faisant ainsi pression sur les Européens pour qu’ils consacrent plus d’argent aux dépenses militaires.
Un héritage superficiel sur le climat
Sur la question climat-environnement, quel que soit l’héritage du Brésil au G20, le risque de superficialité est encore plus grand. Encore une fois, cela est dû aux changements en vue dans la configuration du jeu de pouvoir entre les grandes puissances et les intérêts des autres membres du bloc. Par exemple, il est certain que Donald Trump retirera une fois de plus les États-Unis de l’Accord de Paris, ce qui devrait annuler tout effet du partenariat pour la transition énergétique que Lula da Silva signera avec Joe Biden lors de la réunion du G20.
Par ailleurs, l’Inde, qui a flirté avec le statut de grande puissance grâce à son armement nucléaire et à sa forte croissance économique ces dernières années, est essentiellement dépendante des énergies fossiles et ne montre aucun signe d’abandon. Le même raisonnement s’applique à d’autres puissances régionales du G20 telles que l’Indonésie et le Mexique.
Ainsi, à moins d’un miracle, la présidence brésilienne du G20, présentée comme un instrument visant à démontrer la capacité du Brésil à jouer un rôle actif dans la refonte de l’ordre mondial au 21e siècle, risque de se solder par des résultats limités, les autres membres du bloc faisant la sourde oreille au désir du président Luiz Inácio Lula da Silva de diriger le monde sur la voie du développement.
Luiz Inácio Lula da Silva n’a même pas le soutien du principal partenaire historique du Brésil au sein du G20, l’Argentine. Sous la houlette du dirigeant Javier Milei, Buenos Aires rejette tout ce que représente le Brésil. Si nous ne sommes même pas capables de diriger notre voisinage, il est chimérique de prétendre jouer un rôle actif dans l’élaboration de l’ordre mondial au-delà de questions spécifiques.
Auteur
Vinícius Rodrigues Vieira Professeur agrégé d’économie et de relations internationales, Fundação Armando Alvares Penteado (FAAP)
Cet article est republié à partir du site The Conversation, sous licence Creative Commons.
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