Dans un récent rapport, l’agence de renseignement allemande BfV a tiré la sonnette d’alarme, avertissant que les données personnelles que les clients fournissent à des entreprises chinoises pourraient bien être stockées et utilisées par le gouvernement chinois.
Ce rapport apparait dans un contexte où les pays démocratiques du monde entier envisagent de restreindre ou d’interdire les entreprises et applications technologiques chinoises.
Les risques liés aux données
Dans ce rapport, les agences de renseignement soulignent qu’il est possible au gouvernement chinois d’accéder à toutes les données stockées en Chine par n’importe quelle entreprise chinoise, y compris les plus populaires comme Alibaba et Tencent. Même pour les entreprises opérant en Allemagne, les données collectées auprès des citoyens allemands sont finalement stockées sur des serveurs en Chine. Étant donné que le régime chinois force les entreprises à transmettre toutes les données en cas de besoin, il est inévitable que le Parti communiste chinois (PCC) ait accès aux données personnelles des citoyens allemands s’il en fait la demande.
« Tout client ici en Allemagne qui utilise ce genre de système ne devrait pas être surpris si ces données sont utilisées abusivement par le gouvernement chinois... Nous ne pouvons que mettre en garde contre cela », a déclaré le Responsable de la BfV, Thomas Haldenwang, selon un rapport de ABC News. L’Allemagne est de plus en plus préoccupée par la sécurité des données personnelles de ses citoyens. Le mois dernier, Facebook a reçu l’ordre de limiter la collecte de données de ses utilisateurs. Une ordonnance du tribunal fédéral a souligné que Facebook a abusé de sa position dominante sur le marché pour recueillir des informations privées de ses utilisateurs, sans leur consentement éclairé. Le juge principal Peter Meier-Beck a déclaré que Facebook devrait donner à ses utilisateurs le choix de refuser la collecte illimitée de données et de décider ce qu’ils souhaitent ou non révéler.
L’Allemagne est de plus en plus préoccupée par la sécurité des données personnelles de ses citoyens. (Image : pixabay / CC0 1.0)
L’Allemagne s’inquiète aussi des « menaces hybrides » de la Chine, notamment la possibilité que celle-ci achète des entreprises allemandes jugées indispensables. Le ministre de l’intérieur, Horst Seehofer, a noté que son pays n’a pas encore pris de décision finale quant à la possibilité de laisser Huawei fournir des équipements pour la construction des infrastructures 5G en Allemagne. Il estime que la protection des infrastructures jugées critiques devrait être une priorité dans les relations avec la Chine. En juin, la Commission européenne, la branche exécutive de l’UE, a proposé que les investisseurs étrangers utilisant des subventions gouvernementales soient empêchés de surenchérir sur les concurrents locaux, en ce qui concerne les actifs européens. Bien que la Chine n’ait pas été citée, cette mesure aurait pour but spécifique d’empêcher les entreprises chinoises subventionnées de racheter des entreprises européennes.
Soutenues par des fonds du gouvernement chinois, les entreprises subventionnées cherchent à racheter des entreprises européennes qui opèrent dans des domaines sensibles comme la technologie, l’armée, l’aviation, etc. Si ces dernières sont autorisées à le faire, cela représente un risque sérieux pour l’Europe d’être influencée et contrôlée par le régime communiste chinois. En avril dernier, Peter Altmaier, le ministre allemand de l’économie, a déclaré que le rachat d’entreprises actives dans les secteurs de l’eau et de l’électricité, entre autres, ne devrait être approuvé qu’après que le gouvernement soit certain à cent pour cent que l’intention d’investir des entreprises ne représente pas une menace.
Le ministre allemand de l’économie a déclaré que la reprise de l’activité pour les entreprises des secteurs de l’eau et de l’électricité ne devrait être approuvée que si l’intention d’investir de la part de ces entreprises n’est pas dommageable. (Image : Oran Viriyincy / flickr / CC BY-SA 2.0)
Faire barrage à la technologie chinoise
Les applications et les entreprises technologiques chinoises sont désormais considérées comme une menace de haut niveau par plusieurs pays. Récemment, l’Inde a interdit 59 applications chinoises pour des raisons de sécurité, suite au conflit frontalier entre les deux pays. Il a été rapporté que des informations d’ordre privé sur les utilisateurs étaient envoyées en Chine. L’Inde et la Chine étant actuellement en situation de conflit, il est logique pour le gouvernement indien d’interdire les applications chinoises pour éviter toute campagne de désinformation anti-indienne qui pourrait être lancée par le régime chinois. L’Inde a aussi récemment adopté une loi avec pour objectif de restreindre les investissements chinois sur son territoire.
Pendant ce temps, les États-Unis envisageraient d’interdire les applications chinoises telles que TikTok. Le secrétaire d’État Mike Pompeo a admis que l’administration étudie actuellement la possibilité d’une telle interdiction. Les États-Unis ont déjà interdit à plusieurs entreprises chinoises de faire des affaires en Amérique. À l’avenir, il y a de fortes chances que les applications et logiciels chinois soient également visés, surtout si les relations commerciales bilatérales ne montrent aucun signe d’amélioration.
Rédacteur Camille Lane
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