La Chine a utilisé sa puissance économique pour intimider de nombreux pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud et pour les contraindre à accepter ses exigences et son idéologie. Lorsqu’un conflit entre la Chine et l’Australie est apparu, Pékin a sans doute pensé que l’Australie finirait par prendre du recul en tant que partenaire commercial majeur. Cependant, le gouvernement australien s’est attaqué très ouvertement aux pratiques insidieuses de la Chine, malgré les menaces de conséquences économiques de la part du régime communiste.
Contrer la Chine
Des espions chinois ont infiltré le paysage politique australien, soudoyant des hommes politiques afin de s’assurer que les décisions du gouvernement soient en faveur de la politique du Parti communiste chinois (PCC). Ces dernières années, de nombreuses affaires de corruption de ce genre ont été révélées au grand jour. Une enquête a révélé qu’entre 2013 et 2015, les entreprises liées à la Chine étaient les plus gros donateurs du parti libéral et du parti travailliste, avec un total de dons s’élevant à environ 5,5 millions de dollars australiens (3,85 millions de dollars américains). A une occasion, il a été découvert que les autorités chinoises avaient menacé d’annuler un total de 400 000 dollars australiens (280 000 dollars américains) de dons au Parti travailliste, si celui-ci refusait d’assouplir sa politique concernant la mer de Chine méridionale.
L’Australie, de concert avec les États-Unis et d’autres pays riverains de la mer de Chine méridionale, a repoussé l’agressivité de la marine militaire chinoise dans la région. Le gouvernement australien s’est montré proactif face à l’ingérence politique de la Chine. En 2018, le gouvernement australien a interdit aux partis d’accepter des dons étrangers, renforcé les sanctions, et promulgué des réglementations plus strictes en matière de divulgation et de transparence, pour les lobbyistes travaillant pour des gouvernements étrangers. La raison du conflit récent entre les deux pays est liée à deux sujets : l’épidémie de Covid-19 et l’adoption de la loi sur la sécurité nationale à Hong Kong.
Scott Morrison pense que l’Australie ne doit pas s’incliner devant la Chine. (Image : Wikimedia / CC0 1.0)
L’Australie a été l’un des rares pays au monde à exiger ouvertement qu’une enquête internationale soit menée pour découvrir l’origine du virus du PCC. Pékin a eu peur qu’une telle enquête mette en lumière la mauvaise gestion du gouvernement chinois face à la pandémie et a fait pression sur l’Australie pour qu’elle revienne sur sa position. Le régime chinois a même imposé des droits d’importation sur certains produits australiens. Mais le gouvernement australien n’a pas cédé.
En réaction à la nouvelle loi sur la sécurité nationale à Hong Kong, l’Australie a annoncé qu’elle offrirait refuge aux Hongkongais fuyant la ville. L’annonce de gouvernement australien n’a pas du tout plu à Pékin, qui a mis en garde l’Australie de ne pas interférer dans les affaires internes de la Chine. Cependant, l’administration australienne a maintenu sa position. Le militant pro-démocratie Joshua Wong a applaudi l’aide apportée aux hongkongais par le gouvernement australien.
Quelles sont les raisons qui poussent l’Australie à contrer la Chine alors qu’elle se trouve en état d’infériorité en matière de commerce ?
L’Australie a probablement compris que si elle n’agissait pas contre la Chine, elle finirait par être dominée par la Chine. Le Premier ministre Scott Morrison « a réalisé que le temps est venu pour les intérêts et les valeurs nationales de l’Australie d’être mieux servis, en permettant aux préoccupations stratégiques de prendre le pas sur les considérations commerciales... Il sait que Pékin va riposter, mais il ne faut pas se mettre à genoux », a déclaré à Bloomberg, Malcolm Davis, analyste à l’Institut australien de politique stratégique à Canberra.
L’Australie va investir 930 millions de dollars australiens (651 millions de dollars US) dans la cybersécurité. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
Budget pour la cybersécurité
En juin, le gouvernement australien a annoncé un plan pour contrer les activités cyberterroristes agressives de la Chine contre le pays. L’administration a prévu de dépenser près de 930 millions de dollars (651 millions de dollars US) au cours des dix prochaines années, pour renforcer sa cybersécurité. C’est le plus gros investissement jamais réalisé dans ce secteur par le gouvernement australien. Canberra prévoit d’embaucher au moins 500 cyberespions et de développer des capacités offensives en ligne.
Bien que l’Australie, afin de maintenir ses relations commerciales, ait rarement rendu publiques les cyberattaques de la Chine, les experts en sécurité ont signalé plusieurs de ces attaques. En 2018, des pirates informatiques soutenus par la Chine ont tenté d’infiltrer l’Université nationale australienne et le ministère de la défense du pays. En janvier 2019, des pirates informatiques se seraient introduits dans les réseaux du parlement australien. Il y a quelques semaines à peine, plusieurs entreprises et organisations politiques ont été victimes d’attaques en ligne de la part d’un « cyberacteur étatique sophistiqué », dont beaucoup disent qu’il s’agit de la Chine.
Rédacteur Fetty Adler
Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.