Plus d’une douzaine de sénateurs canadiens ont récemment écrit au Premier ministre Justin Trudeau pour demander au gouvernement fédéral de prendre des mesures strictes contre les fonctionnaires chinois identifiés comme étant impliqués dans des violations des droits de l’homme. La lettre, écrite par les sénateurs Leo Housakos et Thanh Hai Ngo, a été cosignée par 11 autres sénateurs.
Les sanctions
« Le comportement tyrannique de la RPC envers les Hongkongais, les Ouïgours et les autres minorités musulmanes, n’est que la dernière d’une tendance soutenue qui est devenue une habitude extrêmement dangereuse, car elle perpétue sans relâche et sans pitié des actes horribles et totalement inhumains envers d’autres groupes... Maintenant, plus que jamais, le temps est venu pour le gouvernement de défendre fermement ces valeurs et de prendre des mesures concrètes en imposant des sanctions selon la Loi Magnitsky », peut-on lire dans la lettre, selon un rapport de CBC.
La loi Magnitsky permettra à l’administration canadienne d’imposer des restrictions strictes, en matière de finances et de voyages, aux ressortissants étrangers qui se sont rendus coupables de violation des droits de l’homme. Le gouvernement canadien pourra geler les avoirs de ces personnes détenues au Canada. Auparavant, le Canada avait appliqué la loi au Venezuela et en Russie, empêchant les coupables d’accéder au système financier du pays. En 2018, environ 17 ressortissants saoudiens en lien avec l’affaire concernant le meurtre de Jamal Khashoggi, ont été sanctionnés.
Les Canadiens estiment que les droits de l’homme sont plus importants que le commerce, dans leurs relations avec la Chine. (Image : Capture d’écran / YouTube)
La lettre souligne également la menace communiste à laquelle sont confrontés les citoyens canadiens, tant au pays qu’à l’étranger. En Chine, deux Canadiens ont été détenus illégalement après l’arrestation de la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, par le gouvernement canadien. Les Canadiens d’origine chinoise sont intimidés et harcelés par des agents de Pékin et des organisations comme le Front uni, qui cherchent à les dissuader de critiquer les activités du Parti communiste chinois (PCC). Les sénateurs ont qualifié le régime chinois de « plus grande menace pour l’humanité » et ont souligné le fait que Pékin est un danger pour la sécurité mondiale.
L’opinion négative croissante à l’égard de la Chine ne se limite pas aux seuls hommes politiques. La population canadienne toute entière se méfie désormais du régime chinois. Une enquête publiée en mai par l’Institut Angus Reid (ARI), indique que l’opinion négative des Canadiens envers la Chine a atteint un « nouveau record ». Seuls 14 % des participants à l’enquête ont une opinion positive de la Chine. Plus de 85 % d’entre eux pensent que le régime chinois n’a pas été honnête sur ce qui se passe réellement dans le pays, suite au COVID-19. Plus de 76 % des personnes interrogées estiment que l’aspect le plus important, dans les relations entre le Canada et la Chine, est le respect de l’État de droit et les droits de l’homme, et non le commerce ou l’investissement.
Libérer les Canadiens
Le gouvernement Trudeau subit actuellement d’énormes pressions suite à l’arrestation par le régime chinois, des deux Canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor. D’éminents canadiens, comme d’anciens ambassadeurs et un juge de la Cour suprême, ont écrit à Trudeau, lui demandant de garantir la liberté des deux détenus accusés d’espionnage par le gouvernement chinois. La lettre souligne que la détention est injustifiée et illégale, et que les détenus sont torturés.
La directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, a été accusée par les Etats-Unis de violer les sanctions commerciales contre l’Iran. (Image : YouTube)
Certains ont suggéré que le gouvernement canadien libère Meng Wanzhou, pour garantir la vie des deux Canadiens. Comme son arrestation fait suite à l’ordonnance d’un tribunal américain et non à un quelconque crime au Canada, beaucoup estiment que le gouvernement Trudeau devrait simplement la laisser partir. Toutefois, une telle décision suscite une forte opposition car elle pourrait donner une image faible du Canada et encourager la Chine à continuer ses manœuvres d’intimidations à l’égard du pays. Zhao Lijian, porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, a déclaré que Pékin serait prêt à libérer les deux ressortissants canadiens si Ottawa accepte de libérer la Directrice de Huawei.
Rédacteur Fetty Adler
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