L’épidémie de Covid-19 a poussé de nombreux pays en développement au bord de la crise financière. Non seulement ces pays éprouvent des difficultés à obtenir suffisamment d’argent pour faire tourner leur économie, mais beaucoup d’entre eux ne sont pas en mesure de rembourser les milliards de dollars de dettes qu’ils ont déjà contractées auprès de pays et d’entités étrangers. C’est pourquoi un appel a été lancé en faveur de l’annulation de la dette des pays pauvres, une mesure qui pourrait finir par créer des problèmes non seulement pour les prêteurs, mais aussi pour les bénéficiaires de ces dettes.
La détresse due à la pauvreté
Selon une étude de la Brookings Institution, les pays en développement ont une dette extérieure de 11 000 milliards de dollars, dont 3 900 milliards doivent être payés cette année. Une analyse de la Jubilee Debt Campaign a révélé que près de 64 pays à faibles revenus dépensaient plus d’argent pour le remboursement de la dette extérieure que pour les soins de santé de leurs propres citoyens. Et cela avant même que la pandémie Covid-19 ne commence.
Parmi les pays dépensant le plus d’argent pour contrôler l’épidémie virale, nombreux sont ceux qui doutent de pouvoir rembourser les dettes dues cette année. Certains ont demandé aux prêteurs d’annuler les dettes afin que l’argent ainsi économisé puisse être consacré à la lutte contre le Covid-19 et à l’aide à la population.
Les pays du G20 ont récemment annoncé la suspension temporaire du remboursement de la dette de certains des pays les plus pauvres du monde. Cette mesure pourrait permettre d’injecter près de 20 milliards de dollars dans les systèmes de santé de ces pays. La Banque mondiale et le FMI ont également annoncé des programmes d’allègement de la dette. En outre, des lignes de crédit spéciales ont été mises en place pour fournir des fonds supplémentaires afin d’aider les pays à surmonter l’épidémie du virus du PCC (Parti communiste chinois).
L’allègement de la dette du G20 permettra aux pays pauvres de libérer environ 20 milliards de dollars pour les soins de santé. (Image : pixabay / CC0 1.0)
Nombreux sont les pays d’Afrique qui demandent à la Chine d’annuler une partie de la dette. Cependant, comme la plupart de ces prêts sont accordés par les banques de Pékin et les principales banques commerciales d’État, cela pourrait poser problème.
« Ces banques se focalisent sur le remboursement de la dette - avec intérêts. Elles ne reportent presque jamais les prêts, bien qu’elles envisagent d’assouplir les conditions de remboursement au cas par cas... Il est très peu probable que ces banques émettent une dérogation générale sur les remboursements des prêts pour tous les emprunteurs africains », a déclaré Bradley Parks, directeur exécutif du laboratoire de recherche AidData, au South China Morning Post.
Le problème de l’annulation des dettes
La proposition de résolution relative à l’annulation des dettes est financièrement un choix peu judicieux tant pour le débiteur que pour le créancier. Pour le créancier, cela signifierait une perte de remboursement à la fois du montant du capital prêté et des intérêts. Le créancier n’aura alors pas d’autre choix que de passer le prêt par pertes et profits. Cela affectera les bénéfices et le bilan du créancier, et pourrait peut-être même remettre en question sa survie. Si trop de prêts restent impayés, les banques et autres institutions financières qui ont accordé ces prêts risquent de fermer, ce qui aggravera la situation financière mondiale. Si le créancier est une entité soutenue par l’État, les gouvernements qui les soutiennent devront alors aussi en supporter les pertes.
Faire pression sur les prêteurs pour l’annulation des dettes n’est en aucun cas une bonne idée. (Image : pixabay / CC0 1.0)
Pour le débiteur, l’annulation des prêts risque de ternir sa réputation, ce qui créera davantage de difficultés lorsqu’il essaiera d’obtenir des prêts à l’avenir. Après tout, quel investisseur va prêter de l’argent à une entité ou à un pays qui a fait pression sur les prêteurs précédents pour qu’ils annulent leurs dettes ? Même si ces pays sont en mesure d’obtenir des prêts, les prêteurs appliqueront probablement des taux d’intérêt plus élevés ou exigeront des actifs nationaux supplémentaires comme garantie. Les prêteurs soutenus par l’État pourraient même exiger une plus grande influence politique au niveau local. Ce sont des demandes que les pays pauvres ne pourront pas éviter face à la nécessité absolue de sécuriser leurs fonds. La solution idéale pour tous est donc de reporter le remboursement de la dette plutôt que de l’annuler.
Rédacteur Fetty Adler
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