La Banque des règlements internationaux (BRI, en anglais Bank for International Settlements, BIS) est une organisation composée de banques centrales de divers pays. Basée à Bâle, en Suisse, son rôle est de faciliter la coopération financière entre les pays et d'assurer la stabilité de l'économie mondiale. Cependant, la banque a une histoire très sombre liée aux nazis et jouit de privilèges qui lui permettent de contrôler les lois nationales dans de nombreux pays.
En opposition à la conception du système américain de banque nationale, la BRI repose sur le modèle anglo-hollandais de banque centrale échappant au contrôle des Etats-nations souverains.
Histoire de la BRI
La BRI fut créée en 1930, dans le cadre du plan Young, par les banques centrales internationales, dont la Banque d’Angleterre et la Réserve fédérale des Etats-Unis et à l’initiative de Hjalmar Schacht, alors directeur de la Reichsbank (la banque centrale de l'Allemagne de 1876 à 1945). Elle fût créée sous la forme juridique d'une société anonyme dont les actionnaires sont les banques centrales.
Sa première vocation a été de faciliter le paiements des sanctions financières infligées à l'Allemagne après la Première Guerre mondiale. Cette mission sera de courte durée: dès 1933, la BRI se consacre principalement à la coopération entre banques centrales. Mais dès la fin des année trente, la BRI participe aux activités de l'Allemagne nazie : en mars 1939, elle effectue le transfert de 23 tonnes d'or tchécoslovaque depuis Londres vers la Reichsbank, et ce, après l'invasion de la Tchécoslovaquie.
Walther Funk, de la Reichsbank, et l’économiste nazi Emil Puhl ont été personnellement nommés au conseil d’administration de la BRI par Hitler. Malgré l’importance de la BRI pour Hitler, la Grande-Bretagne ne s’opposa pas aux activités de la banque, même après la décision britannique d’entrer en guerre contre l’Allemagne.
« Pendant la guerre, la BRI est devenue une branche de facto de la Reichsbank »
« Pendant la guerre, la BRI est devenue une branche de facto de la Reichsbank [banque centrale allemande], acceptant l'or pillé des nazis et effectuant des opérations de change pour l'Allemagne nazie. L’alliance de la banque avec Berlin était connue à Washington DC et à Londres. Mais la nécessité pour la BRI de continuer à fonctionner, de garder les nouveaux canaux de la finance transnationale ouverte, était à peu près la seule chose sur laquelle toutes les parties s’accordaient… Quelques kilomètres plus loin, des soldats nazis et alliés se battaient et mouraient. Tout cela importait peu à la BRI… Les questions nationales étaient hors de propos. La loyauté dominante était envers la finance internationale» , selon le site Zero Hedge (1).
Sans les activités de la BRI, l'Allemagne nazie n'aurait pas pu financer son effort de guerre à partir de 1942 ou 1943 selon les économistes; des centaines de milliers de vie auraient pu être épargnées.
Une fois la guerre terminée, cinq directeurs de la BRI ont été accusés de crimes de guerre. Lors de la conférence de Bretton Woods en juillet 1944, deux résolutions seront déposées, l’une appelant à la dissolution de la BRI et l’autre à une enquête sur ses comptes. La première résolution sera retirée suite à des pressions ; quant à la seconde, aucun enquête ne sera ouverte après la guerre. A ce jour, la BRI n’a jamais interrompu son activité.
La BRI a aidé l'Allemagne à se reconstruire
Au contraire, bien que les Allemands aient perdu la guerre, les contacts internationaux et les réseaux développés par le biais de la BRI ont aidé le pays à se reconstruire pour devenir une puissance économique. Aujourd'hui, la BRI compte 60 banques centrales membres.
La BRI a largement contribué à faire de l'euro une monnaie mondiale acceptable. Dès 1988, elle a hébergé le Comité Delors qui prépara l'Union monétaire européenne. En 1993, le Comité des gouverneurs de la BRI devient le European Monetary Institute, préfiguration de la Banque centrale européenne (1997), dont le siège passa de Bâle à Francfort.
Bien que ce ne soit pas officiel, de nombreuses rumeurs insinuent que la BRI cherche à persuader le Canada, les États-Unis et le Mexique de créer une devise régionale appelée «amero». Ce concept est vu comme un prolongement naturel de l'accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).
L'Union monétaire d'Amérique du Nord a été proposée pour la première fois en 1999 par l'économiste canadien Herbert G. Grubel de l'Institut Fraser. Il a publié un livre intitulé The Case for Amero en septembre 1999, année où l'euro est devenu une monnaie virtuelle.
L'ancien président mexicain Vicente Fox a également exprimé son espoir dans une plus grande intégration entre le Canada, le Mexique et les États-Unis, incluant éventuellement une union monétaire, dans son livre Revolution of Hope.
Le point le plus problématique avec la BRI est finalement le même qu'avec le conseil européen, elle échappe à tout contrôle démocratique: «La BRI est libre de tout contrôle démocratique. Conformément aux dispositions du contrat passé avec le Conseil fédéral suisse, toutes archives, tous documents et «supports de données» de la banque sont «inviolables en tout temps et en tout lieu». En outre, les dirigeants et les employés de la BRI bénéficient d'une immunité de juridiction administrative, sauf dans la mesure où cette immunité est formellement levée, même après que ces personnes ont cessé d'être des fonctionnaires de la Banque. «Enfin, aucune créance sur BRI ou sur ses dépôts ne peut être exécutée» sans l'accord préalable de la Banque. En d'autres termes, ils peuvent faire ce qu'ils veulent, sans conséquences», selon la Coalition des citoyens canadiens pour la réforme monétaire (Canadian Citizens Coalition For Monetary Reform).
Des banquiers avec plus de courage et de valeurs
Pour finir sur une note plus positive, rappelons que tous les banquiers ne se sont pas comportés comme la BRI. Alors que l'histoire de la BRI est entachée par son implication avec les nazis en raison de sa philosophie «l'argent avant tout», la Seconde Guerre mondiale a également produit des banquiers éthiques qui se sont battus contre les Allemands. Parmi eux se trouve Walraven van Hall, un banquier néerlandais.
Lorsque les Allemands ont conquis les Pays-Bas en 1940, Walraven a commencé à financer la Résistance. Grâce à ses relations, il a pu emprunter de l’argent auprès de banques et d’individus fortunés, l’utilisant ainsi pour financer la lutte contre les nazis et nourrir les réfugiés. Walraven a détourné 50 millions de dollars US de la banque centrale néerlandaise, contrôlée par un néerlandais qui collaborait avec l'Allemagne.
Cependant, les aventures de Walraven n’ont pas duré très longtemps. Il fut bientôt attrapé par les nazis et exécuté. En 2010, le gouvernement des Pays-Bas a construit un petit monument en son honneur, très proche de la Banque centrale des Pays-Bas.
(1) Zero Hedge est un blog créé par d'anciens ou actuels salariés de Wall Street qui s'est fait connaître pour avoir révélé des informations sur Goldman Sachs - il attire environ plus de 300 000 visiteurs uniques par mois ce qui en fait l'un des blogs de finance les plus lus au monde.
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