Le bazar des épices, également appelé bazar égyptien est une attraction touristique populaire à Istanbul. L’économie turque subit sa plus grande crise économique depuis des décennies. Selon l’agence nationale de statistiques TUIK, les prix à la consommation ont augmenté de 80,2 % en août par rapport à l’année précédente. La crise a fait chuter la cote de popularité du parti au pouvoir à des niveaux historiquement bas, à l’approche des prochaines élections générales prévues en juin 2023. (Image : Capture d’écran / YouTube)
L’inflation en Turquie a atteint 83,45 % en septembre, soit son plus haut niveau en 24 ans, selon des données publiées lundi. La banque centrale a surpris les marchés en réduisant ses taux d’intérêt à deux reprises au cours des deux derniers mois.
Malgré la flambée des prix, on s’attendait à ce que la banque centrale abaisse à nouveau son taux directeur ce mois-ci, après que le président Recep Tayyip Erdogan ait demandé des taux d’intérêt à un chiffre d’ici la fin de l’année.
L’inflation a grimpé en flèche depuis novembre de l’année dernière
L’inflation a grimpé en flèche depuis novembre de l’année dernière, alors que la lire s’est effondrée à la suite de réductions du taux directeur par la banque centrale, dans un cycle d’assouplissement peu orthodoxe longtemps souhaité par Recep Tayyip Erdogan.
En glissement mensuel, les prix à la consommation ont augmenté de 3,08 %, a déclaré l’Institut turc de la statistique, ce qui est inférieur à la prévision de 3,8 % de l’enquête Reuters. Sur une base annuelle, l’inflation des prix à la consommation devrait atteindre 84,63 %.
Il s’agit du chiffre annuel le plus élevé depuis juillet 1998, soit 85,3 % , alors que la Turquie luttait pour mettre fin à une décennie d’inflation chroniquement élevée.
L’inflation de septembre a été alimentée par les prix des transports, qui ont augmenté de près de 118 % en glissement annuel, tandis que les prix des aliments et des boissons non alcoolisées ont fait un bond de 93,05 %.
Malgré la hausse incessante de l’inflation, Recep Tayyip Erdogan a déclaré la semaine dernière qu’il avait conseillé à la banque centrale de baisser son taux directeur lors de ses prochaines réunions, un jour après avoir dit qu’il s’attendait à ce que les taux d’intérêt descendent à un seul chiffre d’ici la fin de l’année.
La société d’investissement JP Morgan a déclaré que l’inflation était susceptible de rester dans une « fourchette anormalement élevée jusqu’à ce que les politiques deviennent orthodoxes », ajoutant qu’elle s’attend à ce que le cycle d’assouplissement « se poursuive jusqu’à ce qu’il ne le puisse plus ».
« Les décisions de politique monétaire sont déconnectées des fondamentaux macroéconomiques et sont devenues presque sans pertinence pour la dynamique de l’inflation à court terme », a-t-elle déclaré dans une note.
Les forces de la récession
JP Morgan a ajouté que les forces de récession mondiales, ainsi que leur impact sur les prix des matières premières et le rythme de dépréciation de la lire seront les principaux déterminants de l’inflation.
Après l’annonce, la lire s’est échangée à 18,5620 contre le dollar, s’affaiblissant après une clôture à 18,5060 vendredi. Elle était à 18,5660 à 13h02, heure locale.
La monnaie a été moins réactive aux données économiques et aux commentaires de Recep Tayyip Erdogan que par le passé, en grande partie en raison du rôle plus dominant joué par la banque centrale sur le marché des changes depuis décembre.
La Goldman Sachs a déclaré qu’elle s’attendait désormais à ce que la banque centrale réduise son taux directeur de 100 points de base chaque mois jusqu’à la fin de l’année.
La banque a réduit son taux directeur de 200 points de base pour le ramener à 12 % au cours des deux derniers mois, allant à l’encontre du cycle de resserrement mondial, malgré la hausse soutenue de l’inflation, la flambée des prix de l’énergie et l’effet retardé de la baisse de la lire.
Les baisses de taux de l’année dernière avaient déclenché une crise monétaire qui a fait perdre à la lire 44 % de sa valeur par rapport au dollar en 2021. Elle s’est affaiblie de quelque 29 % cette année pour atteindre son plus bas niveau historique.
Le sondage Reuters de la semaine dernière a montré que l’inflation annuelle devrait baisser à 72 % d’ici la fin de 2022.
Le gouvernement a déclaré que l’inflation allait baisser grâce à son programme économique qui donne la priorité aux taux bas pour stimuler la production et les exportations dans le but de dégager un excédent de la balance courante.
L’indice des prix à la production nationale a augmenté de 4,78 % en glissement mensuel en septembre, pour une hausse annuelle de 151,50 %.
