Sous la houlette du Premier ministre Giorgia Meloni, l’Italie envisagerait de se retirer de l’initiative « la nouvelle route de la soie » (BRI : Belt and Road Initiative) du Parti communiste chinois (PCC).
Le journal en ligne Bloomberg a fait cette affirmation dans un rapport du 22 avril, citant « les sources venant de personnes familières à l’action du gouvernement ».
S’appuyant sur ces sources anonymes, Bloomberg a ajouté que « le dilemme de l’Italie sur l’initiative ceinture et route, la nouvelle route de la soie, commence à attirer l’attention du gouvernement américain », alors que Washington et son bloc mondial augmentent la pression sur Xi Jinping.
Mme Meloni et son parti souhaitent se débarrasser de « la nouvelle route de la soie », mais les partis d’opposition veulent la maintenir
Le gouvernement italien a signé l’adhésion du pays à « la nouvelle route de la soie » en 2019 sous la direction de l’ancien Premier ministre Giuseppe Conte, devenant ainsi le premier pays du G7 à le faire.
Le vice-Premier ministre Luigi Di Maio avait affirmé à CNBC, au moment de la signature de 29 accords représentant 2,5 milliards d’euros, qu’il n’y avait « pas lieu de s’inquiéter » de s’endetter auprès du PCC.
CNBC avait pris le contre-pied de cette affirmation en commentant les accords de la manière suivante : « Les critiques occidentaux mettent en garde contre les pièges de la dette chinoise et décrivent l’initiative, la nouvelle route de la soie, comme un stratagème du PCC pour étendre son influence géopolitique et stratégique, tandis que Pékin cherche à établir des liens avec l’Europe et l’Afrique, via l’Asie du Sud et le Moyen-Orient, afin d’accélérer et d’accroître l’exportation de marchandises chinoises ».
M. Di Maio a insisté sur le fait que la signature de l’accord visait à permettre l’exportation de produits italiens vers la Chine, plutôt que l’importation de produits chinois en Italie.
Dans un second article, CNBC résumait les périls complexes d’une nation décidant de s’endetter auprès d’un pays dirigé par le Parti communiste chinois : « La BRI est en quelque sorte la Route de la soie du XXIe siècle, avec une route maritime et terrestre qui s’étend de l’Asie au Moyen-Orient, à l’Afrique et maintenant à l’Europe… Au cœur des préoccupations, la BRI est perçue comme un moyen pour la Chine d’étendre son influence géopolitique - une préoccupation aiguë pour une Europe de plus en plus incertaine de sa place dans le monde ».
Un article sur « la nouvelle route de la soie » publié en 2021 par l’ONG Chatham House affirmait au contraire que l’initiative n’est pas un « piège à dettes », mais « plutôt une collection fragmentée d’accords bilatéraux conclus à des conditions différentes ».
« Le gouvernement chinois n’a jamais publié d’informations détaillées sur le montant et les conditions des prêts de la nouvelle route de la soie. Ce vide d’information alimente la confusion et la méfiance », ajoute l’ONG.
L’Italie investirait 400 millions de dollars dans l’industrie taïwanaise des semi-conducteurs
Bloomberg explique que le souhait du gouvernement Meloni de se séparer de la Chine continentale pourrait être lié aux relations avec Taïwan, qui s’est stratégiquement positionné comme une pierre angulaire cruciale de l’industrie mondiale des semi-conducteurs avec le leader du marché Taiwan Semiconductor Manufacturing Company Limited (TSMC), que les entreprises publiques ou « pseudo-privées » du PCC ne sont pas en mesure de concurrencer.
Le bureau de représentation de Taipei, situé à Rome, a précisé à Bloomberg que l’Italie prévoyait d’investir 400 millions de dollars dans l’industrie taïwanaise des semi-conducteurs.
Vincent Tsai, chef du bureau, a précisé à Bloomberg que l’investissement de l’Italie présentait un intérêt particulier pour Taïwan car « dans le domaine des semi-conducteurs, l’Italie dispose d’avantages stratégiques par rapport à d’autres pays de l’UE, en termes de capacité de production et de recherche et développement ».
Les sources de Bloomberg ont relayé les propos de Mme Meloni et de son parti, qui souhaitent se débarrasser de la nouvelle route de la soie, alors que les partis d’opposition veulent la maintenir.
La division au sein du gouvernement italien a été soulignée dans un article de juin 2021 de Foreign Policy intitulé Italy Has Learned a Tough Lesson on China (L’Italie a appris une dure leçon avec la Chine) qui critiquait Luigi Di Maio pour avoir « repris » le « mantra de non-ingérence » du PCC lors des manifestations historiques de 2019 contre le communisme à Hong Kong, ainsi qu’un dirigeant du Mouvement cinq étoiles, le parti de M. Conte, Beppe Grillo, pour avoir « fait écho à la propagande de Pékin sur son blog ».
Rédacteur Albert Thyme
Source : Italy Rumored Looking for Exit From CCP’s Belt and Road Scheme
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