Le 8 septembre, le Nikkei Asian a écrit un article selon lequel le comportement menaçant de Pékin a provoqué une montée du sentiment pro-Taïwan en Ukraine : ce qui pourrait permettre de développer les relations et la coopération entre Taïwan et l’Ukraine. Photo de Kiev, la capitale ukrainienne. (Image : wikimedia / Dmitry A. Mottl / CC BY-SA 3.0)
L’intensification de la menace militaire du Parti communiste chinois à l’égard du détroit de Taïwan, suite à la visite de la présidente de la Chambre des représentants américaine Nancy Pelosi à Taïwan, a incité la communauté internationale à accroître son soutien à Taïwan. L’analyse des médias étrangers suggère que l’attitude de Pékin a plutôt permis d’approfondir les relations entre l’Ukraine et Taïwan. De plus, ce changement pourrait avoir des implications géopolitiques importantes.
La montée d’un sentiment pro-Taïwan
Le 8 septembre, le Nikkei Asian a écrit un article selon lequel le comportement menaçant de Pékin a provoqué une montée du sentiment pro-Taïwan en Ukraine : ce qui pourrait permettre de développer les relations et la coopération entre Taïwan et l’Ukraine.
Selon l’article, depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Pékin a maintenu un « équilibre diplomatique délicat », que l’Ukraine a qualifié de « neutralité pro-russe » ou « d’acquiescement » : ce qui signifie « soutenir la Russie tout en essayant de ne pas s’aliéner l’Ukraine ». Toutefois, la visite de Mme Pelosi à Taïwan et la réaction subséquente du Parti communiste chinois ont eu un impact considérable sur le gouvernement et l’opinion publique ukrainiens.
L’article précise que les médias ukrainiens, les personnes influentes et les différents responsables ont pris note de la situation critique de Taïwan, qui a également trouvé un large écho dans la société ukrainienne. Tous les Ukrainiens ont commencé à soutenir Taïwan. De plus en plus de membres du parlement s’intéressent aux questions relatives à Taïwan et examinent la possibilité d’une coopération avec ce pays. Car Taïwan et l’Ukraine se trouvent dans une situation similaire : placés tous les deux dans l’obligation de résistance aux régimes autoritaires impérialistes.
Les autorités de Pékin ont maintenu des relations étroites avec la Russie
« Kiev semble maintenant être dans les premières étapes d’un changement de Pékin vers Taïwan : un tournant important, un changement qui pourrait avoir des implications géopolitiques significatives », peut-on lire dans l’article.
En effet, au cours des six derniers mois, la Chine a refusé de critiquer l’invasion de l’Ukraine par la Russie et a maintenu des relations étroites avec la Russie. Les troupes chinoises ont pris part à des exercices militaires conjoints en Extrême-Orient, organisés par la Russie en septembre. Le président chinois Xi Jinping se rendra également au Kazakhstan la semaine prochaine. Au cours de cette visite, il rencontrera le président russe Vladimir Poutine. Autant d’actions qui continuent d’alimenter l’opinion anti-chinoise en Ukraine.
Oleksandr Merezhko, président de la commission des affaires étrangères du parlement ukrainien et chef du groupe des Amis de Taïwan, a tweeté le 8 août que « la Chine ne peut pas prétendre être le " partenaire stratégique " de l’Ukraine, si elle mène des exercices militaires conjoints avec le pays agresseur, alors que la Russie envahit et commet un génocide contre les Ukrainiens ». « Le partenaire d’un État agresseur ne peut pas être, dans le même temps, un partenaire stratégique de l’Ukraine ».
Taïwan a rapidement sanctionné l’invasion russe et a organisé de nombreux rassemblements pro-Ukraine à Taipei. À la suite de l’invasion russe en Ukraine, Taïwan a recueilli plus de 12 millions de dollars de dons. Photo de Taipei, la capitale de la Taïwan. (Image : wikimedia / Taiwankengo / CC BY-SA 4.0)
Un positionnement ferme de Taïwan
Contrairement à l’approche de la Chine, Taïwan a rapidement sanctionné l’invasion russe et a organisé de nombreux rassemblements pro-Ukraine à Taipei. À la suite de l’invasion russe en Ukraine, Taïwan a recueilli plus de 12 millions de dollars de dons.
Yurii Poita, un expert des relations ukraino-chinoises, a déclaré que Taïwan n’était pas bien connu, ou compris, dans l’Ukraine d’avant l’invasion, mais que son image s’est rapidement améliorée au cours des six derniers mois.
« Les Ukrainiens sont de plus en plus inquiets et reconnaissants envers Taïwan pour l’aide humanitaire et financière qu’elle a apporté à l’Ukraine, notamment pour la reconstruction des villes et des installations médicales du pays. Cette tendance va continuer à s’intensifier à l’avenir, notamment dans le contexte de l’échec du partenariat stratégique avec la Chine. De plus en plus d’experts ukrainiens commencent à voir la nécessité de renforcer sérieusement les relations entre l’Ukraine et Taïwan », a déclaré M. Poita.
Inna Sovsun, membre du groupe des Amis de Taïwan du parlement ukrainien et membre du Parti de l’opinion publique, a cité l’exemple de la Lituanie, qui a annoncé l’année dernière qu’elle allait ouvrir un bureau de représentation à Taïwan. Elle a affirmé que Pékin a ensuite lancé des représailles économiques contre les autorités de Vilnius. Cependant, la Lituanie n’a pas reculé et ses relations diplomatiques et économiques avec Taïwan ne cessent de se développer.
Mme Sovsan s’attend à des développements similaires dans les relations de l’Ukraine avec Taïwan, y compris l’ouverture éventuelle d’un bureau de représentation à Taipei.
Le Liberty Times de Taïwan rapporte que le législateur taïwanais Wang Wanxu est le vice-président de l’Association des parlementaires taïwano-ukrainiens. Il a déclaré : « Outre le fait qu’ils partagent des valeurs communes, telles que la démocratie, les droits de l’homme et la liberté, l’Ukraine et Taïwan sont également confrontés à la menace d’un État déraisonnable et totalitaire. Bien que nous n’ayons pas choisi cette situation volontairement, nous ne reculerons jamais ! »
Rédacteur Jean-Baptiste Adrien-Clotaire
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