Le projet de l’Union européenne de réglementer la gestion des données est le dernier coup porté aux géants technologiques américains. L’initiative de localisation des données signifie que les entreprises qui collectent des données critiques doivent les stocker et les traiter à l’intérieur des frontières de l’UE. Cela augmentera considérablement les coûts d’infrastructure des entreprises américaines opérant dans l’UE.
L’initiative actuelle de l’Union européenne (UE) va permettre de stocker et d’accéder à des informations « protégées ». Actuellement, les sociétés multinationales stockant et traitant les données dans certains pays le font à leur convenance et pour des raisons qui leurs sont propres, la plupart du temps à leur siège social.
Le commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton, et la vice-présidente exécutive, Margrethe Vestager, ont exposé le plan visant à contrôler Google, Facebook et d’autres sociétés américaines qui dépendent du marché européen des données. La loi européenne sur la gouvernance numérique, qui constitue la première étape dans cette direction, doit être mise en œuvre prochainement. D’autres textes législatifs comme le Digital Services Act (DSA) et le Digital Market Act (DMA) sont en cours d’élaboration.
La croissance rapide, et plutôt incontrôlée, des géants technologiques américains comme Amazon, Apple, Facebook, Google et Microsoft rend difficile pour les gouvernements de les surveiller efficacement. En attendant, cette mesure devrait profiter à de nombreuses petites et moyennes entreprises car elles seront libérées de la « concurrence déloyale » des géants de l’internet qui leur fournissent des données.
Préoccupations croissantes concernant l’abus de données
Selon le règlement de l’UE sur la protection des données, les « données à caractère personnel » (DCP) font référence à « toute information concernant une personne physique identifiée ou identifiable ». Les données courantes que les entreprises technologiques conservent comprennent les noms, les adresses, les courriels, les numéros de téléphone, les coordonnées bancaires et de carte de crédit, les informations sur la santé, etc.
Du point de vue des risques, les exemples d’utilisation abusive de données sont innombrables dans le monde du Big Data. Les cas d’utilisation abusive par des tiers vont du simple phishing en ligne (hameçonnage), à de cas graves d’usurpation d’identité.
Selon un rapport de la RSA Data Privacy & Security Survey, 80 % des consommateurs en France, en Allemagne, en Italie, au Royaume-Uni et aux États-Unis s’inquiètent de la perte de leurs données bancaires et financières. La perte d’informations liées à la sécurité et à l’identité personnelle est également une préoccupation majeure pour 76 % des personnes interrogées.
Le Règlement général sur la protection des données (RGPD) a été créé pour protéger les données des citoyens de l’UE. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
Le règlement général sur la protection des données (RPDP) visant à protéger les données personnelles et la vie privée des citoyens de l’UE adopté en 2016, concerne les transactions qui ont lieu dans les États membres de l’UE et comporte des dispositions strictes pour traiter les cas de non-conformité.
La nouvelle législation européenne répond à d’autres préoccupations concernant le stockage des données dans des domaines tels que l’environnement, l’agriculture et les données administratives.
Avantages et défis
Cette nouvelle législation prévoit la confidentialité et la souveraineté des données contre l’ingérence étrangère et les pratiques frauduleuses. Ses avantages vont bien au-delà de la sécurité et couvrent également la lutte contre le changement climatique, le développement de l’agriculture de précision et une administration plus fiable.
Cela conduira à une relance de l’économie et à une innovation par la création d’infrastructures locales, d’emplois et par des contributions à l’écosystème des entreprises de l’UE. La Commission européenne estime que ces mesures pourraient augmenter la valeur économique annuelle du partage de données en Europe, la faisant passer de 7 milliards d’euros (8,3 milliards de dollars) à environ 11 milliards d’euros (13,32 milliards de dollars) d’ici 2028.
Le maintien de plusieurs centres de données (data centers) locaux entraînera une augmentation des coûts d’infrastructure pour les entreprises. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
Selon les entreprises technologiques, ce « partage forcé des données » limitera le commerce et les investissements étrangers dans les pays en développement, car la liberté d’exploitation (pour les investisseurs) sera restreinte. En outre, le maintien de plusieurs centres de données locaux entraînera une augmentation des coûts d’infrastructure, expliquant la raison pour laquelle les géants de la technologie s’opposent à cette nouvelle initiative.
Rédacteur Fetty Adler
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