Alors que la Chine célèbre le 100ème anniversaire du Parti communiste chinois (PCC), certaines « traitrises » de l’histoire du Parti ont été accidentellement révélées. De Mao Zedong à Jiang Zemin, le traité Chine-Russie a validé la cession de terres chinoises.
Le président chinois Xi Jinping et le président russe Vladimir Poutine ont renouvelé le traité Chine-Russie de bon voisinage, d’amitié et de coopération de l’ère Jiang Zemin, à la veille de l’anniversaire du parti. Ce traité « annule l’occupation par la Russie de 1,5 million de kilomètres carrés de terres chinoises ». Le célèbre journaliste hongkongais, Ching Cheong1, qui a été emprisonné pour avoir révélé cette histoire de « traitrise » de Jiang Zemin, a fait le point sur la manière dont le parti communiste chinois, de Mao Zedong et Zhou Enlai à Jiang Zemin, a généreusement bradé le pays et donné des terres au cours de ce centenaire. Il a affirmé sans ambages que le parti communiste chinois était « le plus grand groupe de traîtres ».
Prolongation de 5 ans du Traité Chine-Russie, pour résoudre complètement les problèmes frontaliers ?
Selon les médias officiels, Xi Jinping a tenu une réunion vidéo avec le président russe Vladimir Poutine à Pékin le 28 juin. Après cette réunion, les deux parties ont annoncé une déclaration commune prolongeant officiellement le Traité Chine-Russie de bon voisinage, d’amitié et de coopération pour cinq années supplémentaires. La déclaration mentionne que la Chine et la Russie « ont complètement résolu les problèmes de frontières historiques et n’ont aucune revendication territoriale mutuelle ».
Vladimir Poutine a également déclaré à Xi Jinping, lors de la vidéoconférence : « Il est important que les deux pays déterminent qu’ils n’ont aucune revendication territoriale et qu’ils sont déterminés à faire de leur frontière commune une zone de paix et d’amitié permanente ».
Ching Cheong (1), une personnalité médiatique chevronnée de Hong Kong, avait été condamné à cinq ans de prison à Pékin en 2005 pour espionnage. Il avait poursuivi l’ancien dirigeant du parti communiste, Jiang Zemin, qui a dissimulé à la Chine la perte d’un million de kilomètres carrés de territoire. Profitant de la célébration du parti, il a récemment rappelé, dans son émission Youtube, l’histoire séculaire du PCC, qui a « vendu le pays ».
Mao Zedong et Zhou Enlai prêts à abandonner des territoires
Lénine a créé le premier État socialiste en 1917. Afin d’obtenir la reconnaissance de la Chine, il a publié trois déclarations, promettant de rendre toutes les terres pillées à la Chine pendant l’ère tsariste. Cependant, l’Union soviétique à l’époque, a commencé à faire marche arrière et a fini par prendre le contrôle ferme des terres pillées à la Chine par la Russie tsariste, avec l’aval des dirigeants successifs du parti communiste chinois.
Ching Cheong a précisé que lorsque le parti communiste chinois a été fondé en 1949, il a déclaré qu’il ne reconnaîtrait pas tous les traités inégaux signés par la dynastie Qing et la République de Chine. Cependant, Mao Zedong, qui a mis en œuvre la politique pro-soviétique, n’a pas poursuivi tous les traités inégaux entre les dynasties Mandchou et Qing et la Russie tsariste. Après la guerre de l’île de Zhenbao en 1969, le PCC a proposé de renégocier la question de la frontière. Mais, à cette époque, Zhou Enlai a publié une déclaration indiquant que la position du PCC est de « respecter l’histoire, respecter la réalité et résoudre la question de manière pacifique ».
Ching Cheong a explicité, ce que l’on pouvait entendre par « respect de l’histoire ». Cela signifiait que l’ex-Union Soviétique devait reconnaître que ces territoires appartenaient à la Chine. Ainsi, « Respecter la réalité », faisait référence au respect de la « réalité » selon laquelle les terres frontalières avaient été confisquées par l’Union soviétique de l’époque et placées sous juridiction soviétique depuis des décennies. À partir de ce point, « nous pouvons déjà voir qu’avec le Parti communiste sous Mao Zedong, Mao et Zhou n’avait aucune intention de récupérer ces territoires », a avancé Ching Cheong.
Deng Xiaoping a également nié le « respect de l’histoire »
Dans les années 1980, après le rétablissement des relations diplomatiques entre la Chine et l’ex-Union soviétique, la question de la frontière a également été soulevée. Mais, à cette époque, les instructions de Deng Xiaoping concernant les négociations frontalières étaient fondamentalement les mêmes qu’à l’époque de Mao : le PCC était disposé à discuter de la question frontalière sur la base du statu quo, et n’était pas non plus prêt à reprendre les terres. De son côté, l’ex-Union soviétique n’était pas disposée à reconnaître le « respect de l’histoire » : sous le prétexte que « Si j’admets que le territoire vous appartient, ne pourrez-vous pas me le réclamer à tout moment à l’avenir ? ». Deng Xiaoping a donc eu plusieurs entretiens, mais au final, il n’y a pas eu d’accord.
Ching Cheong a déclaré que lors de la signature du nouveau traité frontalier sous l’ère de Jiang Zemin, cela revenait à abandonner la clause de « respect de l’histoire ». Ce qui signifiait que la Chine ne chercherait jamais à récupérer les territoires qui lui avaient été pris à l’époque tsariste et qu’elle était prête à y renoncer. À l’époque, le Quotidien du peuple a publié un message affirmant que les deux pays avaient réussi à résoudre les problèmes laissés par l’histoire.
Ching Cheong a avancé : « Si la question avait été " réglée de manière satisfaisante ", pourquoi n’a-t-elle pas été rapportée en première page, mais seulement mentionnée dans deux colonnes ? Cela prouve que cette déclaration ne peut tromper que les personnes ordinaires qui n’ont aucune connaissance de l’histoire de la frontière sino-soviétique, et que le nouveau traité frontalier est en fait un traité de vente qui renonce à la poursuite du territoire ».
Jiang Zemin a signé le traité de capitulation et la carte est devenue un secret d’État
Le traité reconnaissait également que la Chine possédait une enclave - la mer de Tannu Uliang - d’une superficie d’environ 170 000 kilomètres carrés, soit 4,7 fois la taille de Taïwan. Avant l’indépendance de la Mongolie, la mer de Tannu Uliang bordait la Chine. Après que la Russie soviétique a incité la Mongolie à l’indépendance, le territoire a été annexé par l’Union soviétique : « Une perte de territoire qui n’a fait l’objet d’aucun traité dans l’histoire », a précisé Ching Cheong.
Ching Cheong a interrogé l’Assemblée populaire nationale et le Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale. L’un des membres du Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale a déclaré qu’ils n’avaient appris cette affaire que lorsque le Comité permanent avait été ouvert pour confirmer le traité. De nombreux experts en histoire des frontières ont également déclaré qu’ils n’avaient pas été consultés.
Plusieurs oligarques du PCC ont bradé des terres dont la superficie représente l’équivalent de 44 fois celle de Taïwan
« Cela revient à ce que quelques oligarques du Parti communiste chinois, tout au plus quelques personnes du Politburo, ont simplement décidé de donner 1,5 million de kilomètres carrés de terres, soit environ l’équivalent de 44 fois la superficie de Taïwan, pour rien », a affirmé Ching Cheong. Après avoir enquêté sur cette affaire et découvert ce scandale, il a décidé d’écrire un article pour exposer l’incident.
Son premier article, publié dans le Straits Times de Singapour, posait la question suivante au Parti communiste chinois : « Si 1,5 million de kilomètres carrés de terres peuvent être cédés si facilement, pourquoi sont-ils en compétition avec plusieurs pays d’Asie du Sud-Est pour des petites îles en mer de Chine méridionale ? ». Sous l’influence de Parti communiste chinois, l’ambassade de Chine à Singapour a déclaré qu’il semait la discorde entre la Chine et la Russie, mais aussi entre la Chine et les pays d’Asie du Sud-Est, et lui a demandé de ne plus écrire.
En 2004, Ching Cheong a publié un autre article dans le Ming Pao, de Hong Kong, intitulé, Un événement que Jiang Zemin doit expliquer au peuple chinois, dans lequel il soulevait la question de savoir pourquoi ce dernier avait dû signer un nouveau traité frontalier avec l’Union soviétique et renoncer à 1,5 million de km2 pour rien. « Les terres en Chine appartiennent à l’ensemble du peuple chinois, et non à votre parti. Le responsable n’a pas le pouvoir de céder ces terres ». « Cet article a mis Lao Jiang en colère », a déclaré Cheng Xiang.
Les autorités ont fini par profiter du retour de Ching Cheong en Chine au printemps 2005 pour l’arrêter. Ce retour était effectué pour récupérer le manuscrit des mémoires de Zhao Ziyang (2), alors qu’il était en résidence surveillée.
La Célébration de la fête du centenaire : Poutine a validé les pertes de territoire
Après son arrestation en 2005, au cours de son interrogatoire, Ching Cheong s’est souvenu que les autorités n’arrêtaient pas de lui demander : « qui vous a demandé d’écrire cet article », manifestement pour savoir si quelqu’un avait des problèmes avec Jiang Zemin, et « un pays étranger vous a-t-il incité à provoquer ce problème ». Cheng Xiang a répondu qu’il n’avait pas besoin de documents classifiés pour pouvoir juger de ce fait historique fondamental, en déclarant : « Chaque Chinois qui connaît un peu d’histoire sera très affligé que le Parti communiste ait fait quelque chose pour découper le territoire chinois à l’insu du peuple chinois ». Il a été condamné à cinq ans de prison pour espionnage. Il a finalement été libéré après trois ans d’emprisonnement sous la forte pression publique de la communauté internationale et de la communauté de Hong Kong.
Ching Cheong a indiqué que l’on a beaucoup chanté les louanges de la fête du centenaire de cette année, sans mentionner le nouveau traité frontalier Chine-Russie, ni aborder la question lors d’une réunion vidéo avec Poutine. « Mais Poutine a clairement indiqué que nous n’avons plus de différend frontalier, ce qui revient à dire que vous ne devez pas mentionner la question des frontières à l’avenir. Ce qui fait que les Chinois souffrent tous d’une perte insensée », a-t-il complété.
Ching Cheong a résumé en précisant que le Parti communiste chinois, un groupe qui est appelé « patriotes » tous les jours par les gens, est en fait le plus grand « groupe de traîtres du pays ». « Au cours des 100 dernières années, aucun parti politique, aucune force politique, n’a laissé la Chine perdre une telle quantité de territoire », a-t-il souligné. Ainsi, depuis 100 ans, en plus de tuer des dizaines de millions de personnes, le parti communiste chinois apporte une autre preuve de sa culpabilité.
Références
(1)- Ching Cheong, journaliste spécialisé dans l’actualité politique, militaire et diplomatique a Hong Kong, Pékin, Tapei et Singapour.
(2) - Zhao Ziyang (1919 – 2005) était un homme politique chinois qui a occupé les fonctions de Premier ministre et de Secrétaire général du Parti communiste chinois. Il a été placé en résidence surveillée après les évènements de 1989, au cours desquels il avait exprimé son soutien aux étudiants. Il avait par ailleurs déjà manifesté son désaccord vis-à-vis de certaines politiques du PCC.
Rédacteur Charlotte Clémence
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