Depuis le début du mois de mars, plus de 200 navires chinois se sont rassemblés dans une zone contestée du récif Whitsun en Chine méridionale, déclenchant une nouvelle série de tensions diplomatiques.
Les diplomates chinois ont déclaré que les bateaux cherchaient à s’abriter face à une mer agitée et qu’aucune milice n’était à bord. Cependant, malgré l’amélioration des conditions météorologiques, ces soi-disant « bateaux de pêche » sont restés dans la zone.
Le 25 mars, alors que les protestations diplomatiques répétées de la part des Philippines restaient sans réponse, l’armée philippine a ordonné le déploiement de davantage de navires de guerre en mer de Chine méridionale, dans le cadre d’une mission de « patrouille souveraine ».
Selon certains experts et journalistes d’investigation, les navires civils chinois, notamment les bateaux de pêche, ont souvent des liens avec l’Armée populaire de libération chinoise, fournissant ainsi à Pékin une « milice maritime ».
La Chine communiste a construit des îles artificielles en mer de Chine méridionale afin d’asseoir ses revendications de souveraineté dans la région. (Image : wikimedia / United States Navy / Domaine public)
Lors d’une conférence de presse, Harry Roque, porte-parole du président philippin Rodrigo Duterte, a déclaré que le président était « très inquiet » et que « tout pays serait préoccupé par le grand nombre de ces navires. » Il a également déclaré que le président, lors d’une réunion avec l’ambassadeur chinois Huang Xilian, avait réitéré la décision rendue en 2016 par un tribunal international, concernant le conflit de souveraineté entre les deux pays en mer de Chine méridionale.
Revendications en mer de Chine méridionale
Pékin a longtemps revendiqué la souveraineté sur la grande majorité des eaux de la mer de Chine méridionale. Cependant, en 2016, la Cour permanente d’arbitrage (CPA) de La Haye a jugé que la Chine n’avait pas de « droits historiques » sur ces eaux stratégiques.
Pékin a déclaré ne pas reconnaître ce jugement et a construit des îles artificielles dans les eaux contestées, accueillant des radars, des missiles, ainsi que des hangars pour avions de chasse.
Selon de récentes images satellites de la société américaine de technologie spatiale Maxar Technologies, l’atoll de Subi, situé dans les îles Spratleys, que la Chine a progressivement transformé en île artificielle en 2015, a récemment repris son projet pour « récupérer les terres ».
Dans une interview du 24 mars, Antonio Carpio, l’ancien juge de la Cour suprême des Philippines, et l’un des conseillers juridiques ayant assuré la victoire des Philippines sur la Chine à la Cour internationale de La Haye, a déclaré qu’il était « particulièrement inquiet » que la Chine - en stationnant des centaines de navires appartenant à sa milice maritime dans les environs du récif Julian Felipe (plus connu à l’étranger comme le récif de Whitsun) – use de la même stratégie que celle utilisée pour prendre le contrôle du récif Mischief. En effet, en 1995, la Chine a pris possession de ce récif sous prétexte de créer un havre pour les pêcheurs.
Au cours de ces dernières années, le Parti communiste chinois (PCC) s’est lancé dans la construction ou la militarisation de terres dans les zones contestées de la mer de Chine méridionale, à grand renfort d’avions militaires et de radars, suscitant l’inquiétude de la communauté internationale.
Le 23 mars, L’United States Indo-Pacific Command (commandement indo-pacifique des Etats-Unis) a déclaré que le croiseur américain USS Bunker Hill et la marine australienne avaient effectué, un exercice de passage dans l’océan Indien le 10 mars, et que les deux parties s’étaient entraînées aux techniques de communication et de navigation.
Liberté de navigation en mer de Chine méridionale
Le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont annoncé l’envoi de navires en mer de Chine méridionale, au nom de la « liberté de navigation ».
Le 2 mars, de hauts responsables gouvernementaux allemands ont annoncé qu’une frégate allemande partira pour l’Asie en août et traversera la mer de Chine méridionale lors de son voyage de retour, devenant ainsi le premier navire de guerre allemand à traverser la mer de Chine méridionale, depuis 2002.
Le 8 février, la ministre française de la Défense, Florence Parly, a également annoncé que le sous-marin nucléaire d’attaque à propulsion nucléaire, « SNA Suffren », ainsi que le bâtiment de soutien et d’assistance « BSAM Seine », avaient navigué en mer de Chine méridionale et dans d’autres eaux de l’Indo-Pacifique.
Un navire de la marine canadienne a également traversé le détroit de Taïwan en janvier de cette année, rejoignant les forces maritimes australiennes, japonaises et américaines qui effectuaient des exercices militaires dans les eaux voisines.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé plus tôt à la Chambre des communes que le porte-avions britannique HMS Queen Elizabeth croiserait dans les eaux de l’Indo-Pacifique plus tard cette année.
Le dimanche 4 avril, le ministre philippin de la défense, Delfin Lorenzan, a déclaré : « La présence continue de la milice maritime chinoise dans la région révèle leur intention d’occuper davantage de (zones) dans la " mer des Philippines occidentale " (désignation officielle par le gouvernement philippin des parties orientales de la mer de Chine nom philippin de la mer de Chine méridionale) ».
Les autorités philippines ont exigé à plusieurs reprises que les bateaux chinois quittent le récif de Whitsun. L’ambassade de Chine à Manille a répondu qu’il était « tout à fait normal » que les navires chinois pêchent dans la zone et s’abritent près du récif lorsque la mer est agitée. « Personne n’a le droit de faire des remarques inconsidérées sur ces activités », a-t-elle ajouté.
À la date du 4 avril, une quarantaine de navires chinois occupent le récif de Whitsun, malgré l’amélioration des conditions météorologiques.
Rédacteur Fetty Adler
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