Dans une scène qui n’est pas sans rappeler les manifestations du convoi de la liberté à Ottawa au début de l’année, des milliers d’agriculteurs néerlandais ont bloqué les routes aux Pays-Bas, à bord de leurs tracteurs, pour protester contre le projet du gouvernement visant à limiter les émissions d’azote et d’ammoniac, qui aura pour conséquence de réduire de près d’un tiers le cheptel du pays.
La manifestation, organisée au début du mois, fait suite à la décision du gouvernement néerlandais de fixer des objectifs de réduction des émissions d’azote à l’échelle nationale. Le projet a suscité la colère des agriculteurs, lesquels affirment que leurs moyens de subsistance, ainsi que ceux de milliers d’autres personnes travaillant dans le secteur agricole, seront mis en péril.
Le gouvernement néerlandais a déclaré que la réduction des émissions d’azote fait partie d’une « transition inévitable », selon ABC News. Les émissions d’azote devront baisser jusqu’à 70 % dans de nombreux endroits proches de zones naturelles et de terres protégées, et jusqu’à 95 % dans d’autres endroits.
Le gouvernement affirme avoir été dans l’obligation de mettre en œuvre ce projet en raison de nombreuses décisions de justice refusant des permis pour des projets d’infrastructure et de logement, parce que le pays n’a pas atteint ses objectifs de réduction des émissions.
Des milliers d’agriculteurs se réunissent
Le 22 juin en début d’après-midi, des milliers d’agriculteurs sont arrivés dans le petit village agricole de Stroe, situé à environ 70 km à l’est d’Amsterdam, où un espace était dédié aux orateurs souhaitant s’adresser aux manifestants.
Les agriculteurs klaxonnaient tout en conduisant, l’un d’eux arborant une banderole sur laquelle on pouvait lire en néerlandais : « ce que La Haye choisit est profondément triste pour les agriculteurs ». Une autre banderole disait : « on ne peut plus nous arrêter », selon ABC News.
Les autorités néerlandaises chargées des infrastructures nationales ont conseillé aux automobilistes d’éviter la manifestation et de retarder leurs déplacements, car le convoi de tracteurs, qui se déplaçait lentement, a défié les ordres de ne pas emprunter les autoroutes pour se rendre à la manifestation.
À La Haye, des dizaines d’agriculteurs et leurs partisans se sont réunis pour prendre leur petit-déjeuner tôt mercredi avant de se rendre à la manifestation.
Le gouvernement néerlandais a alloué 24,3 milliards d’euros pour financer des changements
L’un des manifestants, du nom de Jaap Zegwaard, a déclaré à ABC News : « c’est ici que les règles sont établies. On m’a demandé de venir ici et de fournir un petit-déjeuner pour que nous puissions montrer que nous sommes des producteurs de nourriture, et non des producteurs de pollution. »
Le gouvernement néerlandais a alloué 24,3 milliards d’euros pour financer des changements qui inciteront les agriculteurs à réduire considérablement le nombre de têtes de bétail ou à s’en débarrasser complètement.
Ce plan ne bénéficie pas du soutien de tous les législateurs, y compris des membres du propre parti du Premier ministre Mark Rutte. Les gouvernements provinciaux disposent de 12 mois pour élaborer un plan visant à atteindre les réductions d’émissions obligatoires.
Tjeerd de Groot, un législateur néerlandais, a déclaré qu’il avait l’intention d’assister à la manifestation et de parler avec les agriculteurs, mais qu’une agence de sécurité gouvernementale le lui avait déconseillé.
Il a ensuite tweeté : « la loi du tracteur s’applique-t-elle dans notre pays ? »
L’agriculture est un pilier de l’économie néerlandaise qui, rien que l’année dernière, se montait à 105 milliards d’euros Cependant, certains affirment que cela se fait au prix de la pollution, malgré les efforts des agriculteurs locaux pour réduire les émissions.
Jaap Zegwaard a déclaré à ABC News que les agriculteurs étaient prêts à discuter avec les législateurs des stratégies de réduction des émissions, mais qu’il s’opposait au fait que les agriculteurs soient blâmés pour les objectifs manqués.
« Maintenant, le secteur agricole est rejeté comme un pollueur majeur et ce n’est pas juste », a-t-il déclaré à ABC News.
Rédacteur Fetty Adler
Collaboration Jo Ann
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