Bien que les régimes communistes d’Europe de l’Est se soient désintégrés, le concept du communisme, encore appelé spectre du communisme, n’a pas disparu. Il dirige même le monde démocratique d’une manière qui ne permet pas à l’humanité le moindre optimisme [1]. De récents rapports lèvent le voile sur la vraie nature du Parti Communiste Chinois.
Dès sa constitution en Chine, la propagande du Parti Communiste Chinois (PCC) était tout autant destinée à l’intérieur de la Chine qu’à l’extérieur. La France, à travers ses politiciens et ses intellectuels, a souvent fait preuve d’une attitude bienveillante vis-à-vis des autorités de Pékin. Mais la récente rupture du contrat du siècle avec l’Australie a conduit la France à s’interroger sur son positionnement géopolitique entre les États-Unis et la Chine.
Afin d’éclairer la vraie nature du Parti-État qui administre la Chine, l’Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire du ministère des Armées (IRSEM) a publié le 20 septembre dernier, un rapport d’une ampleur sans précédent intitulé Les Opérations d’influence chinoises - Un moment machiavélien. Ce rapport de 646 pages, qui a nécessité deux ans de travail, décrypte le gigantisme des réseaux d’influence du Parti Communiste Chinois dans le monde entier en s’appuyant sur des recherches très approfondies et les nombreux écrits et ouvrages des chercheurs et experts dans ce domaine.
Stratégie d’influence pour imposer le récit de Pékin
À présent, peut-on lire dans le rapport de l’IRSEM, « Pékin assume de plus en plus d’infiltrer et de contraindre : ses opérations d’influence se sont considérablement durcies ces dernières années et ses méthodes ressemblent de plus en plus à celles employées par Moscou. C’est un " moment machiavélien " au sens où Pékin semble désormais estimer que, comme l’écrivait Machiavel dans Le Prince, " il est plus sûr d’être craint que d’être aimé ". Ce qui correspond donc à une " russianisation " des opérations d’influence chinoises. Ce rapport s’intéresse à cette évolution, avec l’ambition de couvrir tout le spectre de l’influence, de la plus bénigne (diplomatie publique) à la plus maligne, c’est-à-dire l’ingérence (activités clandestines) ».
Cette synthèse minutieuse dont les auteurs sont Paul Charon, directeur du domaine « Renseignement, anticipation et menaces hybrides » de l’IRSEM, et Jean-Baptiste Jeangène-Vilmer, le directeur de l’IRSEM, offre un panorama relativement complet de l’influence chinoise dans le monde. Elle révèle que l’objectif de ces opérations d’influence chinoises dans le monde est d’une part d’empêcher tout discours négatif sur le PCC, notamment concernant les Ouighours, les Tibétains, le Falun Gong, les « militants pro-démocratie », les « indépendantistes taiwanais » et d’autre part, de produire un discours positif sur la « prospérité, la puissance et l’émergence pacifique » de la Chine.
Droits de l’homme ou pratiques répressives du Parti Communiste Chinois
Dans ce rapport, Clive Hamilton et Mareike Ohlberg, co-auteurs de Hidden Hand: Exposing how the Chinese Communist Party is Reshaping the World, précisent que ce à quoi nous sommes confrontés, « n’est pas un " autre " confucéen, mais un régime autoritaire, un parti politique léniniste […] soutenu par d’énormes ressources économiques, technologiques et militaires. Le vrai choc est entre les valeurs et pratiques répressives du PCC, et les libertés consacrées dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de l’ONU : la liberté́ d’expression, de réunion, de religion et de croyance ; celle de ne pas être persécuté ; le droit à la vie privée et à la protection égale devant la loi. Le PCC rejette chacun de ces droits et libertés, en paroles comme en actes ».
Concernant le non-respect des libertés en Chine, la persécution de toutes les religions, le nettoyage ethnique et les exactions commises sur les dissidents n’ont jamais cessé d’exister. Par exemple, la répression des Ouïghours ainsi que d’autres ethnies sont de mieux en mieux documentées.
De même, dans la liste interminable de ses crimes, les plus sanglants pourraient être ceux perpétrés dans sa persécution du Falun Gong (appelé aussi Falun Dafa), une discipline traditionnelle pour le corps et l’esprit qui repose sur trois principes : l’Authenticité, la Bienveillance et la Patience. Du fait de ses bienfaits pour la santé, environ 100 millions de personnes pratiquaient cette discipline de méditation en Chine en 1999. Cependant, sa popularité a « dérangé » l’ancien chef du PCC, Jiang Zemin, qui a alors lancé en 1999 une campagne pour éradiquer le Falun Gong. Car « Jiang Zemin y décèle une menace pour la survie du Parti qui ne peut tolérer l’existence d’une structure sociale hors de son contrôle », comme le précise le rapport.
Des millions de pratiquants ont été victimes de kidnapping, de torture, de meurtre, voire même de prélèvements forcés d’organes. La persécution se poursuit encore aujourd’hui, non seulement en Chine, mais aussi sur le sol de nos pays libres. Plusieurs formes de persécution du Falun Gong utilisées par le régime chinois sur la scène internationale sont dévoilées par l’étude de l’IRSEM, notamment celles effectuées par le biais du Bureau 610, « une structure particulièrement occulte en charge de la lutte contre le mouvement Falun Gong ».
Séduire, infiltrer et contraindre
Les actions d’infiltration du PCC à l’étranger relèvent de deux objectifs principaux . Le rapport de l’IRSEM prévient que « Pékin vise dans le même temps à séduire et subjuguer, d’une part, et à infiltrer et contraindre, d’autre part ».
L’un comme l’autre passe par une « nébuleuse d’intermédiaires » décrits dans le rapport : les diasporas, les médias, la diplomatie, l’économie, la politique, l’éducation, les think tank, la culture et la manipulation de l’information (notamment au sujet du Covid).
Le rapport présente un des exemples de séduction: l’infiltration passant par l’apprentissage de la langue chinoise qui devient ainsi l’un des principaux vecteurs de cette stratégie d’influence. Elle s’est notamment concrétisée par la mise sur pied, à partir de 2004, d’une constellation d’Instituts Confucius (IC) dont la mission est de promouvoir la langue et la culture chinoise, mais aussi indirectement le PCC.
« Malgré́ leur apparence d’inoffensifs instituts de langue, semblables aux Alliances françaises, aux British Councils et autres Goethe Institutes, les IC présentent en réalité́ des différences profondes, à commencer par leur politisation puisqu’au contraire des autres institutions de diplomatie culturelle mentionnées qui font particulièrement attention à n’avoir aucun lien avec un parti politique, les IC sont consubstantiellement liés au PCC », peut-on lire dans ce rapport de l’IRSEM.
Mais il est précisé par la suite que, « depuis plusieurs années, les efforts chinois se heurtent à une opposition croissante qui a mis un coup d’arrêt ou, à tout le moins, a ralenti l’implantation de nouveaux établissements. Plusieurs universités ont en effet décidé́ de fermer les Instituts Confucius qu’elles abritaient, invoquant notamment une atteinte à la liberté académique ».
En continuant la lecture on constate que, « les problèmes posés par les IC ont été́ synthétisés dans une étude très complète de la National Association of Scholars (NAS) en 2017. Les reproches les plus fréquemment portés à leur encontre évoquent des pressions exercées sur les enseignants pour éviter les sujets jugés sensibles en classe (Tibet, Taïwan, Xinjiang, droits humains, etc.), les restrictions en matière de liberté́ d’expression et d’exercice du culte à l’encontre des professeurs (interdiction des pratiques liées au Falun Gong notamment) et une absence ou une très faible transparence sur la nature des relations entre les instituts et le Hanban ou d’autres administrations chinoise ».
Les entreprises collectent les données personnelles
Un autre instrument à la disposition du Parti-État de la Chine est le monde des affaires d’origine chinoise. Ainsi, depuis 2017, « l’article 7 de la loi sur le renseignement a contraint toutes les entreprises chinoises, publiques comme privées, et également les citoyens, à " soutenir, aider et coopérer aux efforts nationaux de renseignement, conformément à la loi, et protéger les secrets nationaux liés aux activités de renseignement dont ils ont connaissance " », précise le rapport de l’IRSEM.
Ainsi les entreprises tant publiques que privées deviennent des instruments de collecte des données au niveau national et international.
Un des exemples est celui de Huawei. « La Chine a fait de la 5G un objectif prioritaire de son développement et des routes numériques de la soie, et a consacré des moyens colossaux pour soutenir les entreprises nationales du secteur des télécommunications. Ces efforts ont assuré à la Chine une accrétion extrêmement rapide dans ce secteur très concurrentiel. Huawei est certainement la compagnie chinoise qui a le plus bénéficié de cette émergence de la Chine dans les télécoms. La société s’est imposée en Chine, bien sûr, mais a su également conquérir des parts de marché importantes ailleurs dans le monde », peut-on lire dans ce rapport.
Mais, « il n’en reste pas moins que Huawei pose de véritables dilemmes de sécurité́ pour les pays qui acceptent de lui confier la construction de tout ou partie de leurs infrastructures 5G », est-il précisé, toujours dans ce même rapport.
De plus, le lien avec les autorités communistes est clairement souligné dans ce rapport : « Il est par ailleurs avéré que l’entreprise, qui fournit " des systèmes de surveillance de villes entières ", a " un partenariat avec les forces de police ", y compris au Xinjiang, Huawei ayant signé un " accord de coopération stratégique " avec le ministère de la sécurité́ publique du Xinjiang ».
Cet accord entre Huawei et les forces communistes chinoises a été dénoncé dans de nombreux pays démocratiques.
Discerner la vraie nature du PCC
Dans sa conclusion, le rapport de l’IRSEM précise que l’image de la Chine en « France se dégrade depuis plusieurs années, en particulier depuis l’arrivée à Paris de l’ambassadeur Lu Shaye (2019), un diplomate " loup guerrier " qui a contribué à rendre l’ambassade beaucoup plus agressive, notamment sur les réseaux sociaux. La pandémie de Covid-19 a aggravé cette tendance, l’ambassade, sur la défensive, multipliant les attaques – à l’image de son article d’avril 2020 sur " les personnels soignants des EHPAD " (ayant " abandonné ", " déserté " et " laissant mourir leurs pensionnaires de faim et de maladie ") qui avait valu à l’ambassadeur d’être convoqué par le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères ».
« D’autres affaires ont contribué à mobiliser l’opinion française contre Pékin, dont la révélation, en novembre 2019, que Huawei attaquait en diffamation la chercheuse Valérie Niquet, qui a immédiatement reçu de nombreuses expressions de soutien. La persécution des Ouïghours, de mieux en mieux documentée, a été un puissant accélérateur de prise de conscience, notamment grâce aux efforts du député européen Raphaël Glucksmann, qui pour cette raison est lui-même devenu l’une des cibles de l’ambassade. En septembre 2020, le président Macron dénonçait pour la première fois publiquement " des pratiques inacceptables " », poursuit le rapport dans sa conclusion.
Depuis sa création le Parti Communiste Chinois a toujours été accompagné par les mensonges, les guerres, la famine, la tyrannie, les massacres et la terreur. L’image de la Chine en France se dégrade depuis plusieurs années. Les manipulations, les fakes news ou encore les menaces, le paysage inquiétant sur les réseaux chinois et les médias demandent un éclairage sur la vraie nature du PCC. Les pays démocratiques, des organismes gouvernementaux et non-gouvernementaux exigent la vérité, voire la fin de ce régime en Chine aujourd’hui.
[1] Préface de Comment le spectre du communisme dirige le monde
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