L’Allemagne, l’Autriche et les Pays-Bas font partie des pays européens qui ont entamé un processus de rationnement du gaz naturel après l’annonce par le président russe Vladimir Poutine de couper les exportations de gaz aux pays européens qui refusent de payer en roubles.
Le 30 mars, l’Allemagne et l’Autriche ont pris des mesures pour rationner le gaz en activant un plan d’urgence destiné à aider les pays à faire face à une éventuelle interruption de l’approvisionnement en provenance de Russie.
Robert Habeck, le ministre allemand de l’économie, a récemment créé une cellule de crise pour traiter la question et a demandé aux consommateurs et aux entreprises de prendre des mesures pour réduire immédiatement leur consommation, disant que « chaque kilowatt-heure compte ».
« Nous devons renforcer les mesures de précaution pour nous préparer à une escalade de la part de la Russie », a déclaré Robert Habeck, ajoutant que, « avec la déclaration du niveau d’alerte précoce, une cellule de crise s’est réunie. »
L’Allemagne, première économie de l’Europe, est fortement tributaire des approvisionnements énergétiques de la Russie, ce qui la rend particulièrement vulnérable si celle-ci décide de fermer le robinet.
L’année dernière, le pays a acheté 34 % de son pétrole, 55 % de son gaz naturel et 26 % de son charbon à la Russie, selon le Nasdaq.
En mars, Vladimir Poutine a exigé que tous les pays « inamicaux » règlent leurs achats de gaz en roubles, en représailles contre l’Occident qui a imposé des sanctions paralysantes au pays à la suite de son invasion de l’Ukraine.
Le 30 mars, Viatcheslav Volodine, président de la chambre basse du parlement russe, a déclaré : « Si vous voulez du gaz, trouvez des roubles ».
Le 1er avril, Moscou a semblé adoucir sa position en déclarant que la transition vers le paiement de ses produits énergétiques en roubles serait introduite progressivement.
Dmitry Peskov, porte-parole du Kremlin, a déclaré : « les paiements et la livraison sont un processus qui prend du temps… d’un point de vue technologique, c’est un processus plus long. »
Jusqu’à présent, les demandes de la Russie ont été rejetées
La demande de la Russie est intervenue après que l’Union européenne (UE) se soit engagée à réduire de deux tiers sa consommation de gaz russe d’ici à la fin de l’année. Toutefois, la façon d’atteindre un tel objectif reste vague.
À ce jour, l’Allemagne affirme qu’elle ne sera pas en mesure de se passer du gaz russe avant 2024, tandis que la Pologne s’est engagée à cesser toute importation de gaz russe d’ici la fin de l’année.
La situation énergétique difficile de l’Allemagne survient à un moment où l’inflation est exceptionnellement élevée dans le pays. La Banque centrale européenne a déclaré fin mars que l’inflation dans le pays avait atteint 7,6 %, son plus haut niveau depuis 40 ans, et a imputé cette flambée à une augmentation de 39,5 % du coût de l’énergie depuis la même période l’année dernière.
L’Autriche et les Pays-Bas sont très vulnérables
Pour son gaz naturel, l’Autriche dépend en moyenne à 80 % de la Russie, soit beaucoup plus que l’Allemagne.
Le chancelier autrichien, Karl Nehammer, a déclaré que le rationnement du gaz n’interviendrait qu’en cas de « crise immédiate ».
Le pays se trouve dans la « phase d’alerte précoce » de son plan d’urgence pour le gaz, la première des trois étapes destinées à préparer le pays à une éventuelle pénurie. La troisième étape du plan prévoit le début du rationnement par les gouvernements.
Le 30 mars, le gouvernement néerlandais a conseillé à ses citoyens et à ses entreprises de réduire leur consommation de gaz, mais n’a pas activé de plan d’urgence énergétique.
Les Pays-Bas importent environ 20 % de leur gaz naturel de Russie et cherchent d’autres sources d’énergie depuis l’invasion russe en Ukraine le 24 février, selon un rapport de Oilprice.com.
Le porte-parole du ministère néerlandais des affaires économiques, Tim van Dijk, a déclaré à Reuters : « au vu de la décision allemande, nous avons revu notre plan de sécurité gazière. Nous n’allons pas lancer le plan, nous ne prendrons cette mesure que lorsqu’il y aura une réelle pénurie physique ou une menace aiguë que cela se produise. »
Il a ajouté que son gouvernement suit la situation au quotidien et a décidé de lancer une campagne publique exhortant les citoyens à réduire leur consommation de gaz.
Actuellement, malgré les sanctions strictes imposées à Moscou par l’UE, le gaz russe continue d’affluer sur le continent, représentant environ 40 % de son approvisionnement total.
Le Royaume-Uni doit prévoir de rationner le gaz
Le 4 avril, à la question de savoir si le Royaume-Uni devait suivre l’exemple de l’Allemagne et de l’Autriche et commencer à envisager le rationnement du gaz, Jonathan Reynolds, le secrétaire d’État aux affaires de l’ombre, a répondu : « nous devrions être en train de faire ces plans ».
Il a déclaré à la BBC : « le gouvernement devrait se préparer, pas nécessairement en de façon publique, à cette situation. Il y a beaucoup de complaisance dans ce pays quant à l’exposition relativement faible au gaz russe que nous avons. »
Jonathan Reynolds a fait valoir que le plan énergétique de son gouvernement ne doit pas être basé sur « le simple fait de passer d’un régime autoritaire à un autre pour les combustibles fossiles », ajoutant qu’un « plan à long terme sur les énergies renouvelables ou le nucléaire, et l’efficacité énergétique » pourrait « faire la différence ».
Le secrétaire d’État aux transports, Grant Shapps, a insisté sur le fait que le rationnement ne serait pas nécessaire, déclarant : « ce n’est pas la voie que nous voulons emprunter. »
Lorsqu’on lui a demandé si le rationnement du pétrole et du gaz était une « bonne idée » à explorer pour le Royaume-Uni, Grant Shapps a répondu : « non, je ne le pense pas », et à la question de savoir s’il était prêt à l’exclure complètement, il a répondu : « oui, je le peux. »
Le mois dernier, comme de nombreux autres pays européens et nord-américains, le Royaume-Uni a annoncé qu’il mettrait fin aux importations de pétrole russe d’ici la fin de l’année, tout en « explorant les options » pour mettre fin aux importations de gaz également.
Le chancelier, Rishi Sunak, a averti que le Royaume-Uni subirait un coup économique extrême et serait plongé dans la récession si l’Europe interdisait immédiatement toutes les importations d’énergie en provenance de Russie.
Rishi Sunak estime que le Royaume-Uni supporterait au total à lui seul quelque 70 milliards de livres sterling de retombées économiques si le pays interdisait les importations d’énergie russe.
Rédacteur Fetty Adler
Collaboration Jo Ann
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