Alors qu’il s’adressait à des entrepreneurs japonais le 26 avril, l’ambassadeur chinois Kong Xuanyou a mis en garde Tokyo contre sa « mentalité de guerre froide »
Kong Xuanyou a exprimé sa frustration à l’égard de l’administration de l’actuel Premier ministre japonais Fumio Kishida, accusant le Japon de s’aligner sur Washington pour les questions concernant la Chine et en particulier sur l’annonce récente d’un pacte de sécurité entre Pékin et les îles Salomon.
Lors de la réunion virtuelle, Kong Xuanyou s’est adressé à plus de 100 professionnels du monde des affaires à l’occasion d’un séminaire organisé par l’Organisation de promotion des investissements Japon-Chine. Cet événement a été organisé pour commémorer le 50ème anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et le Japon après la Seconde Guerre mondiale.
Au cours de l’événement, Kong Xuanyou a prévenu que les relations sino-japonaises se trouvaient actuellement à un « carrefour » et a exhorté Tokyo à cesser de traiter Pékin comme un rival, rendant « l’opinion publique de plus en plus hostile ».
« Si certaines personnes au Japon sont obsédées par une vision géopolitique étroite et la mentalité de la guerre froide de confrontation entre les camps, elles vont naturellement détester la Chine et la considérer comme une menace, voire un ennemi, et s’engager sur la mauvaise voie en se dressant contre ses voisins », a déclaré Kong Xuanyou, selon un communiqué publié sur le site Internet de l’ambassade de la République populaire de Chine (RPC) à Tokyo.
L’état des relations bilatérales est « loin d’être idéal, avec des questions importantes, anciennes et nouvelles,qui s’entremêlent », a déclaré Kong Xuanyou, ajoutant : « Nos pays sont à la croisée des chemins, où nous devons soit aller de l’avant, soit reculer ».
Le Japon se joint aux alliés occidentaux pour protester contre l’accord de sécurité
Les îles Salomon ont confirmé avoir signé un accord de sécurité avec la Chine, visant à « renforcer la force de la police des îles Salomon et à diversifier ses activités de sécurité. »
À la suite de cette annonce, le Japon a annoncé l’envoi d’un vice-ministre des affaires étrangères sur l’île du Pacifique Sud le 25 avril, rejoignant ainsi les États-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande pour protester contre la menace d’une présence militaire chinoise dans la région.
Le voyage de Kentaro Uesugi aux îles Salomon, qui a duré trois jours, a eu lieu quelques jours après que les États-Unis aient envoyé une délégation de haut niveau sur l’île, et averti que Washington prendrait des « mesures non spécifiées » si l’accord de sécurité avec la Chine constituait une menace pour les États-Unis ou leurs intérêts alliés.
Le pacte de sécurité conclu entre la Chine et les îles Salomon le 19 avril, suscite la crainte que l’Armée populaire de libération (APL) du régime communiste n’établisse un jour une base dans le pays. Les îles Salomon, qui comptent environ 600 000 habitants, occupent une étendue de mer d’environ 1 240 miles au nord-est de l’Australie.
Bien que le Premier ministre des Îles Salomon, Mannaseh Sogavare, ait cherché à minimiser l’importance de l’accord de sécurité en déclarant à plusieurs reprises que son pays n’accueillerait aucune base militaire étrangère, de nombreux pays voisins craignent que ce ne soit pas le cas.
Des actions contradictoires
Un document officiel relatif au pacte, qui a fait l’objet d’une fuite en ligne, révèle que des navires de guerre chinois pourraient stationner à tout moment dans les îles Salomon pour un « réapprovisionnement logistique » et que l’Armée populaire de libération (APL) de la Chine pourrait également y déployer des forces armées « pour aider à maintenir l’ordre social ». Le dossier divulgué a également révélé que l’APL avait l’intention de construire une base militaire dans l’île du Pacifique Sud dès 2020.
Le ministre japonais des Affaires étrangères, Yoshimasa Hayashi, a déclaré au cours de la réunion du 26 avril que Mannaseh Sogavare avait de nouveau confirmé qu’il n’avait aucune intention de permettre à la Chine de construire une quelconque base militaire dans son pays.
Taiwan
Le 26 avril, Pékin a accusé la marine américaine de « saper délibérément la paix et la stabilité » en envoyant un destroyer dans le détroit de Taïwan.
La 7ème flotte américaine a répondu par un communiqué indiquant que le « destroyer à missiles guidés de classe Arleigh Burke USS Sampson a effectué une opération de routine dans le détroit le 26 avril ».
« Le passage du navire dans le détroit de Taïwan démontre l’engagement des États-Unis en faveur d’un Indo-Pacifique libre et ouvert », indique le communiqué, ajoutant que « l’armée américaine vole, navigue et opère partout où le droit international le permet. »
Bien que les États-Unis n’aient pas de liens diplomatiques officiels avec Taipei, officiellement la République de Chine (ROC), ils continuent de fournir des armes à l’île autonome et envoient régulièrement des navires de guerre dans le détroit de Taïwan, s’attirant la condamnation de Pékin, qui revendique Taïwan comme une partie légitime de son territoire et a juré de le récupérer par tous les moyens nécessaires.
Le Japon a également renforcé son soutien à Taïwan ces derniers mois. Les Taïwanais sont plus nombreux à penser que Tokyo leur viendrait davantage en aide en cas d’invasion du continent, que les États-Unis.
Rédacteur Fetty Adler
Collaboration Jo Ann
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