Selon une étude publiée le mois dernier par l’American Chemical Society, la pollution chimique planétaire a franchi le seuil de sécurité pour l’humanité.
Le rapport, intitulé Outside the Safe Operating Space of the Planetary Boundary for Novel Entities, a été publié le 18 janvier par l’American Chemical Society, dans la revue Environmental Science & Technology.
L’argument central est que les écosystèmes mondiaux nécessaires à la vie humaine ont été impactés au point d’être instables, en grande partie à cause de la quantité massive de plastiques désormais présents dans tout l’environnement.
En plus des plastiques, l’étude dénombre 350 000 produits chimiques élaborés artificiellement, des pesticides et des antibiotiques à une grande variété de composés industriels.
La planète croule sous le plastique
Le poids du plastique que l’homme a produit est supérieur au poids de tous les animaux de la Terre réunis. Des traces de ce matériau, toxique et nuisible pour de nombreuses formes de vie, peuvent maintenant être trouvées presque partout sur la planète, de la chaîne de montagnes de l’Himalaya au fond de tous les océans.
La quantité de pollution chimique dans le monde a été multipliée par 50 depuis 1950, et devrait encore tripler dans moins de 30 ans.
« Le rythme auquel les sociétés produisent et libèrent de nouveaux produits chimiques dans l’environnement ne permet pas de rester dans un espace de fonctionnement sûr pour l’humanité », a déclaré Patricia Villarrubia-Gómez, doctorante et assistante de recherche au Centre de résilience de Stockholm (SRC) et qui a participé à l’étude de l’AEC, selon The Guardian.
Les pesticides utilisés pour tuer les insectes nuisibles éradiquent également de nombreux organismes bénins qui jouent des rôles fondamentaux dans les écosystèmes, finissant même par affecter l’eau et l’air que les humains utilisent.
L’impact mondial de 350 000 différents types de produits chimiques
Les scientifiques du CRS ont déclaré que l’étude était utile pour explorer l’impact mondial de la pollution chimique et surtout plastique. Si certaines menaces chimiques, comme les chlorofluorocarbones (CFC) autrefois largement utilisés dans les climatiseurs mais qui ont eu un effet néfaste sur la couche d’ozone, sont bien connues, d’autres restent obscures.
Seule une petite fraction des 350 000 composés chimiques dont l’utilisation est approuvée dans les domaines de la consommation et de l’industrie a été évaluée pour sa sécurité environnementale, note l’étude de l’ACS. Le temps pour la production et la libération de ces substances est beaucoup plus rapide que celui nécessaire aux autorités et aux scientifiques pour étudier leurs effets.
Bethanie Carney Almroth, professeur à l’Université de Göteborg et qui a participé à l’étude, a déclaré au Guardian que le fait que le poids des plastiques soit supérieur à celui de tous les mammifères vivants sur terre était « une indication assez claire que nous avons franchi une limite. »
Une de ces « limites planétaires » concerne l’introduction d’entités nouvelles dans la biosphère, selon une analyse de 2009 réalisée par le scientifique suédois Johan Rockström et par 28 autres chercheurs.
L’étude de l’ASC affirme que l’introduction d’entités nouvelles est désormais la cinquième limite planétaire à être franchie, derrière le réchauffement climatique, la destruction des habitats sauvages, la perte de la biodiversité et la pollution excessive par l’azote et le phosphore.
Les limites qui n’ont pas encore été franchies, selon l’étude, comprennent la pollution atmosphérique mondiale par les aérosols, l’utilisation de l’eau douce, l’acidification des océans et l’appauvrissement de la couche d’ozone.
Patricia Villarrubia-Gómez a souligné la nécessité de recycler et de réutiliser les matériaux synthétiques déjà existants, plutôt que d’en produire sans fin.
« Passer à une économie circulaire est vraiment important. Cela signifie qu’il faut changer les matériaux et les produits pour qu’ils puissent être réutilisés et non gaspillés. »
« L’augmentation de la charge chimique dans l’environnement est diffuse et insidieuse », a déclaré au Guardian Sir Ian Boyd, professeur à l’Université de St. Andrews.
« Même si les effets toxiques des produits chimiques individuels peuvent être difficiles à détecter, cela ne signifie pas que l’effet global risque d’être insignifiant. »
La plupart des débats publics et politiques sur la protection de l’environnement se concentrent actuellement sur le changement climatique. Le remplacement des combustibles fossiles par de l’énergie « verte », plutôt que la réduction des attentes excessives des consommateurs et les pratiques de gaspillage, ou la réorientation des priorités économiques, est généralement présenté comme la solution.
Rédacteur Fetty Adler
Collaboration Jo Ann
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