Au cours de la dernière décennie, les navires de pêche chinois ont agressivement étendu leurs activités dans les eaux d’autres pays afin de répondre aux besoins de la population chinoise, qui compte plus d’un milliard d’habitants. Les chalutiers chinois seraient en train de vider les ressources halieutiques du golfe Persique ce qui suscite des inquiétudes chez les pêcheurs et les écologistes locaux.
Le problème des chalutiers chinois
Les navires chinois utilisent la méthode du chalutage pour capturer du poisson dans les eaux iraniennes. Le chalutage consiste à traîner le long des fonds océaniques un énorme filet récoltant tout ce qui se trouve sur son passage, dont une énorme quantité de poissons. Les navires utilisés à cette fin sont appelés chalutiers. Selon les responsables iraniens, ces chalutiers chinois sont exploités par des sociétés iraniennes dans le cadre d’un bail à long terme et ne sont autorisés à pêcher qu’à une profondeur de 200 mètres (656 pieds) dans les eaux situées à 12 miles au-delà des eaux territoriales de l’Iran.
Cependant, selon le porte-parole des agriculteurs Khalilollah Derakhshan, les faits réels sont tout autres. « La pêche au chalut balaie les fonds marins du sud, et anéantit leurs ressources...L’un des navires chinois a capturé pour environ 21,4 millions de dollars de " mishmahi " (saumons ou bars) en une nuit, ce qui correspond au prix du chalutier... les chalutiers chinois ont causé la perte de 1500 emplois liés à la pêche en Iran, et les pêcheurs iraniens sont actuellement obligés de négocier avec les pirates somaliens et de leur verser dix mille dollars par bateau de pêche pour pouvoir pêcher dans les eaux africaines pendant une période limitée », a-t-il déclaré à un quotidien local, selon Radio Farda.
Le chalutage balaie les fonds marins, épuisant les ressources. (Image : Capture d’écran / YouTube)
En juin de cette année, le Réseau international de suivi, de contrôle et de surveillance (MCS) des activités liées à la pêche, a constaté que plusieurs navires iraniens étaient engagés dans des activités illégales au large des côtes somaliennes. En 2018, une agence de presse des Émirats arabes unis a rapporté que près de 85 % des principales espèces de poissons du golfe Persique ont vu leur population diminuer de manière significative, jusqu’à devenir rare. Des pêcheurs iraniens, inquiets de la situation, se sont plaints de la présence de navires de pêche chinois dans les eaux du pays, mais les autorités ont fermé les yeux. Il y a même eu des incidents lorsque les navires chinois ont attaqués les pêcheurs iraniens avec des fusées de détresse et des canons à eau pour les empêcher de pêcher dans la zone.
Les médias locaux estiment que les pêcheurs aux revenus modestes ont vu leur rendement diminuer d’environ 50 % au cours des cinq dernières années, tandis que le rendement de la pêche industrielle a diminué de 75 %. Les navires chinois ont un avantage concurrentiel sur les navires iraniens, car ils sont souvent équipés de systèmes de sonar qui peuvent facilement identifier les zones de mer où les poissons abondent.
Les pêcheurs iraniens cessent leurs activités de pêche à certaines périodes de l’année pour permettre aux poissons de se reproduire, afin de maintenir l’équilibre naturel des mers. Cependant, les chalutiers chinois n’observent pas ces coutumes et pêchent sans discernement, nuisant ainsi à l’écosystème marin.
Le conflit avec les États-Unis
Les activités de pêche illégale de la Chine ont également suscité des critiques de la part du gouvernement américain. En août, le secrétaire d’État Mike Pompeo a critiqué la Chine pour ses « pratiques de pêche prédatrices » qui finissent par violer les droits, la juridiction et la souveraineté des États côtiers. La Chine possède la plus grande flotte de pêche au monde. Bien que Pékin affirme que sa flotte de pêche dans les eaux internationale ne compterait que 2 600 navires, les experts soulignent que ce nombre pourrait se monter à environ 17 000. En comparaison, les États-Unis n’envoient que 300 navires dans les eaux internationales.
Des dizaines de chalutiers chinois en mer
Bien que Pékin affirme que sa flotte de pêche dans les eaux internationale ne compterait que 2 600 navires, les experts soulignent que ce nombre pourrait se monter à environ 17 000. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Récemment, environ 300 navires de pêche chinois ont été repérés alors qu’ils opéraient dans les eaux internationales au large des côtes du Pérou et de l’Équateur. Le commandant des opérations navales équatoriennes, le contre-amiral Daniel Ginez, a fait remarquer qu’une activité de pêche aussi intense pouvait constituer une menace pour certaines espèces de poissons. En 2018, ces deux pays d’Amérique du Sud ont récolté 4,5 millions de tonnes de poissons, ce qui correspondait à l’équivalent de ce que les États-Unis avaient pêché cette année-là, mais ne représentait que 25 % des poissons pêchés par la Chine pendant cette période.
Rédacteur Fetty Adler
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