Le prince héritier d’Arabie Saoudite a été reçu chaleureusement lors de son voyage à travers l’Asie. En Occident pourtant, on l’évite. Au Pakistan, celui qui de facto devrait diriger le pays a été accueilli avec une escorte de 21 canons et un avion de combat. Il a également reçu une mitraillette dorée. En Inde, le Premier ministre Narendra Modi est passé outre le protocole et a salué le prince de 33 ans sur le tarmac et l’a embrassé chaleureusement. En Chine, il a posé pour une photo aux côtés du président Xi Jinping, l’un des leaders les plus puissants au monde.
Beaucoup de ceux qui suivent l'actualité géopolitique, véritable pièce de théâtre (très animée), s’interrogent: quelle image renvoie cette étreinte intime au reste du monde? Cela pourrait-il être une préfiguration partielle des futurs acteurs majeurs du projet de la Route de la Soie? Le prince saoudien espère-t-il établir des alliances en Asie, alors que l’assassinat d’un opposant saoudien et la guerre au Yémen continuent à perturber les relations du royaume avec les grandes puissances occidentales?
Les principaux conseillers du gouvernement saoudien ont affirmé à la presse que le prince sollicitera le soutien diplomatique des grandes puissances asiatiques (la Chine et l’Inde). Selon les analystes, ces alliances lui permettraient de réduire son isolement international et d’affirmer son influence à l’étranger. Chaque pays visité offre des opportunités en terme de stratégie économique et politique pour l’Arabie Saoudite.
Un changement de couleur
Avant l’incident diplomatique avec l’Occident initié par l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi (par des agents saoudiens) en octobre 2018, le prince s’était rendu aux États-Unis. Il avait passé du temps avec Trump et des dignitaires comme Oprah Winfrey et le fondateur d’Amazon, Jeff Bezos.
Le journaliste saoudien assassiné, Jamal Khashoggi. (Image: YouTube / Capture d'écran)
Les législateurs américains ont par la suite levé les sanctions contre le royaume saoudien concernant la guerre au Yémen en ordonnant le retrait des forces armées américaines qui y étaient déployées.
Le but stratégique du voyage
Le tour de l’Asie a débuté au Pakistan où les espoirs sont grands: le prince saoudien y laisse quelques milliards de dollars pour faire face à la crise économique croissante. Bien entendu, le sujet du pétrole sera également abordé dans les négociations. Se glisserait également la possibilité de promouvoir un accord sur l’énergie atomique.
En Chine, le prince Mohammed devrait rencontrer certains des dirigeants du régime, son pays étant également un gros client du pétrole et du gaz. Alors que Pékin investit davantage dans ses infrastructures et son commerce pour accroître son influence en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique, l’Arabie saoudite reste l’un des plus gros fournisseurs de pétrole de la Chine derrière la Russie, selon Worldstpexports.
L'Inde importe 20% de son pétrole et a déjà envoyé 2,7 millions d'expatriés vivre et travailler en Arabie saoudite. Le prince saoudien doit également rencontrer le Premier ministre Mahathir Mohamad en Malaisie pour inaugurer une raffinerie et un complexe pétrochimiques construits dans l'État de Johor, dans le sud du pays, selon des responsables malaisiens. Si tout se passe bien en Indonésie, les pays pourraient créer des liens d’investissement plus importants. Bien que l'Arabie Saoudite se soit engagée à investir des milliards de dollars pour moderniser et développer la raffinerie indonésienne, les accords établis n'ont encore pas été concluants.
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