Monde. En raison de la hausse des températures dans de nombreuses régions du globe, les plus grands fleuves du monde ont vu leur niveau baisser dangereusement
Une sécheresse record a provoqué l’assèchement de certains fleuves en Chine, y compris d’une partie du Yangtsé, impactant l’énergie hydroélectrique, la navigation et les activités de certaines grandes entreprises. (Image : Capture d’écran / YouTube)
En raison de la hausse des températures qui sévit dans de nombreuses régions du globe, les principaux fleuves du monde situés en Amérique du Nord, en Europe et en Chine ont vu leur niveau baisser dangereusement. La sécheresse a perturbé les chaînes d’approvisionnement et affecté la capacité des centrales hydroélectriques à produire de l’électricité. Elle menace le rendement des cultures et contraint des millions de personnes à réduire leur consommation personnelle d’eau douce.
Le Rhin, deuxième plus grand fleuve d’Europe, est à sec. Le niveau d’eau du fleuve, qui s’étend des Alpes suisses à la mer du Nord, traversant plusieurs pays européens dont les Pays-Bas, l’Allemagne, la France et la Suisse, continue de baisser en raison de la hausse des températures et du manque de précipitations.
Les cargos naviguant sur le Rhin ont dû réduire leurs cargaisons pour ne pas s’échouer, avec pour conséquence une augmentation du coût de transport des marchandises. Des millions de tonnes de minerai de fer, de charbon, de produits chimiques, de produits pétroliers et d’autres marchandises transitent chaque année à travers le Rhin.
La société de transport de conteneurs Contargo GmbH& Co. KG, a déclaré à Bloomberg le 22 août que « les niveaux d’eau toujours très bas sur le Rhin et ses affluents augmentent la demande de tonnage supplémentaire et font grimper les prix à des niveaux critiques », et que « d’importants goulets d’étranglement continuent d’affecter les services sur le réseau ferroviaire et la navigation intérieure ».
En Europe, où la situation énergétique est déjà affectée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la baisse du niveau d’eau du Rhin ne fait qu’exacerber le problème.
Depuis cet été, une grande partie de l’Europe et de l’hémisphère nord fait face à des températures caniculaires, des incendies de forêt et une baisse du niveau de l’eau, entraînant une baisse des récoltes et des restrictions sur l’usage de l’eau. Le niveau d’eau du Rhin, deuxième plus long fleuve d’Europe après le Danube, a baissé dangereusement depuis cet été. (Image : Capture d’écran / YouTube)
L’Allemagne est particulièrement touchée, car elle dépend du Rhin comme principale voie de navigation lui permettant de transporter le charbon utilisé pour alimenter ses centrales électriques.
Selon les données du gouvernement allemand, le niveau des eaux du Rhin a augmenté d’environ 75 centimètres cette semaine à Kaub, goulot d’étranglement du Rhin pour le transport fluvial et où se situe la jauge de profondeur de référence, permettant aux navires de transporter plus de marchandises. Toutefois, le niveau de l’eau devrait à nouveau baisser dans les jours à venir.
Les données historiques sur 20 ans indiquent que le niveau de l’eau à ce point d’étranglement est généralement le plus bas au début du mois d’octobre, ce qui suggère que le niveau actuel du Rhin va encore baisser à l’approche de la saison d’automne.
« Il n’y a tout simplement pas assez d’eau »
Aux États-Unis, le Colorado qui alimente en eau plus de 40 millions de personnes est sérieusement menacé, ce qui a incité l’administration Biden à annoncer, le 16 août, une réduction sans précédent de la consommation d’eau.
Le Colorado alimente les deux plus grands réservoirs artificiels des États-Unis, le lac Mead et le lac Powell.
Le ministère américain de l’Intérieur prévoit que le niveau d’eau du lac Mead sera inférieur à 1 050 pieds au-dessus du niveau de la mer d’ici janvier prochain, déclenchant pour la première fois une pénurie de niveau 2.
Selon le ministère de l’Intérieur, l’allocation annuelle en eau de l’Arizona sera réduite de 21 % l’année prochaine, celle du Nevada de 8 % et celle du Mexique de 7 %. Le ministère a fait remarquer que la loi sur la réduction de l’inflation récemment adoptée prévoit des fonds de 4 milliards de dollars pour lutter contre la sécheresse.
Les réductions annoncées ne sont pas du goût de pratiquement toutes les parties concernées, y compris de la communauté indienne de Gila River, qui a déclaré qu’elle ne consacrerait plus volontairement une partie de son allocation à maintenir le niveau du lac Mead, nécessaire à l’approvisionnement en eau de l’Arizona, rapporte l’Arizona Republic.
« La communauté a été choquée et déçue de constater l’absence totale de progrès dans l’élaboration d’un plan de coopération à l’échelle du bassin, nécessaire pour sauver le système du fleuve Colorado », a déclaré Stephen Roe Lewis, gouverneur de la Gila River, à l’Arizona Republic.
La sénatrice Kyrsten Sinema a assuré que le conseil consultatif sur l’eau qu’elle vient de créer assurera un avenir sûr en matière d’eau.
« L’avenir de l’Arizona dépend de la force et de la résilience de notre approvisionnement en eau. Alors que l’Ouest continue de connaître une sécheresse historique, l’Arizona a montré la voie en identifiant des solutions à court et à long terme tout en assumant une part disproportionnée de la crise », a-t-elle déclaré selon l’Arizona Republic.
On estime que début 2023, le niveau d’eau du lac Powell, le deuxième plus grand réservoir des États-Unis après le lac Mead, ne devrait être que de 10 mètres au-dessus du seuil requis pour produire de l’hydroélectricité au barrage de Glen Canyon, qui joue un rôle essentiel dans l’électrification du réseau électrique régional.
Le barrage de Glen Canyon produit de l’électricité pour quelques 5,8 millions de foyers et d’entreprises, principalement dans le Wyoming, l’Utah et le Colorado.
Le fleuve Yangtsé a atteint son niveau le plus bas depuis 150 ans, révélant des statues vieilles de 600 ans. Lors d’une conférence de presse, le ministère des ressources en eau a déclaré que depuis juillet, les températures élevées avaient provoqué la sécheresse la plus grave depuis 1961 dans le bassin du fleuve Yangtsé, notamment dans le Sichuan, la municipalité de Chongqing, le Hubei, le Hunan, le Jiangxi et l’Anhui. (Image : Capture d’écran / YouTube)
La rivière Jialing, un affluent du fleuve Yangtsé, asséchée, dans la ville de Chongqing, dans le sud-ouest de la Chine. (Image : Capture d’écran / YouTube)
Chine : le fleuve Yangtsé en situation de crise
La sécheresse historique qui sévit dans le sud-ouest de la Chine aggrave les incendies de forêt, endommage les cultures et compromet gravement la capacité du pays à produire de l’électricité dans les régions qui dépendent fortement de l’hydroélectricité.
Le niveau d’eau du Yangtsé, le troisième plus grand fleuve du monde, est inférieur d’environ 50 % à sa moyenne, ce qui a entraîné la fermeture de certaines routes maritimes, une limitation de l’approvisionnement en eau douce de la population du pays, et des coupures de courant.
Un total de 66 cours d’eau répartis dans 34 comtés de la province chinoise de Chongqing, seraient complètement à sec, selon un rapport de Reuters du 20 août, citant les propos du radiodiffuseur public CCTV.
Dans la province du Sichuan, située à l’ouest de Chongqing et qui dépend de l’hydroélectricité pour plus de 80 % de son énergie, des milliers d’usines ont dû faire face à des pénuries d’électricité dans un effort national pour « laisser l’électricité aux habitants ».
Le lac Poyang, le plus grand lac d’eau douce de Chine, ne fait plus qu’un quart de sa taille habituelle à cette époque de l’année.
Cette grave sécheresse a incité les autorités chinoises à émettre, le 19 août, la première alerte nationale à la sécheresse en neuf ans. Selon Bloomberg, les précipitations dans le bassin du fleuve Yangtsé sont inférieures de 45 % à celles de juillet, soit le niveau le plus bas depuis 1961.
La baisse du niveau de l’eau fait suite à une vague de chaleur soutenue dans une grande partie de la Chine continentale, depuis début juillet. Au cours de la semaine dernière, des dizaines de villes ont enregistré des températures supérieures à 40°C et, lundi, les météorologues de l’État ont émis une alerte rouge à la chaleur pour le onzième jour consécutif.
La pénurie d’électricité dans le Sichuan pourrait avoir des répercussions mondiales majeures, car la région est un important centre manufacturier. Des entreprises telles que Tesla, Toyota, Volkswagen, Intel et Apple dépendent toutes de la région pour leurs besoins de production.
L’impact sur le secteur agricole est également très important. Des milliers d’hectares de cultures ont été endommagés par la chaleur dans le Sichuan et dans la province voisine de Hubei, selon un rapport de l’Associated Press(AP).
