Un rapport récent du New Lines Institute, un groupe de réflexion de Washington D.C., a déterminé que les crimes de l’État chinois contre la minorité ouïghoure dans la région autonome du Xinjiang peuvent être qualifiés de génocide.
Le rapport ne lance pas d’appel spécifique à l’action mais souhaite mettre les informations à disposition pour des recherches plus approfondies. Une équipe d’experts indépendants a rassemblé des informations à partir de fuites de communications publiques chinoises, de témoignages, de méthodes de recherche telles que l’analyse d’images satellites publiques, l’analyse d’informations circulant sur l’internet chinois et toute autre source disponible. L’équipe a analysé les données et conclu qu'il existe des preuves suffisantes pour indiquer une « intention de détruire » le groupe de musulmans turcs de la région du Xinjiang.
En 2014, Xi Jinping a lancé la « guerre populaire contre la terreur », visant soi-disant à prévenir le terrorisme et à lutter contre l’extrémisme, mais qui a finalement abouti à des crimes généralisés de nature génocidaire. Les preuves montrent que les hauts fonctionnaires ont reçu et suivi les ordres de « rassembler tout le monde que l’on doit rassembler », de « tous les éliminer... de les détruire entièrement » et de « briser leur lignée, couper leurs racines, rompre leurs liens et anéantir leurs origines. »
Les fonctionnaires décrivent les Ouïghours en termes déshumanisants, comparant à plusieurs reprises l’internement massif des Ouïghours à « l’éradication de tumeurs ». Leur croyance religieuse est assimilée à un « virus » nécessitant une libération par le régime communiste. Les instructions incluent des choses telles que : « La liberté n’est possible que lorsque ce " virus " dans leur pensée est éradiqué ». L’objectif déclaré des camps de rééducation était de « laver les cerveaux, purifier les cœurs ».
Les initiatives gouvernementales au Xinjiang prévoient la chirurgie contraceptives gratuite (stérilisation) pour les femmes. Dans les centres de détention les femmes en âge de procréer sont contraintes de subir une ligature des trompes. La politique gouvernementale consiste également à promouvoir activement, encourager et forcer les mariages entre Han et Ouïghours, espérant ainsi que la religion et la culture ouïghoures seront oubliées. Selon des documents officiels, l’objectif est de faire en sorte que les femmes ouïghoures ne soient « plus des machines à fabriquer des bébés ».
« Femmes ouïghoures faisant du pain nan ». La culture et le patrimoine de la minorité ethnique ouïghoure sont systématiquement anéantis par le Parti communiste chinois, ce qui constitue un génocide. (Image : Todenhoff / Flickr / CC BY-SA 2.0)
Actes de violence
De nombreux récits documentés font état de viols brutaux et obscènes commis à l’encontre des femmes dans les centres de détention.
Les enfants sont envoyés dans des établissements gérés par l’État, où ils sont élevés selon les coutumes han, tandis que les parents sont soumis au travail forcé et à la rééducation. L’État communiste chinois a « éliminé l’éducation ouïghoure, détruit l’architecture et les caractéristiques des maisons ouïghoures, et endommagé, altéré ou entièrement démoli la grande majorité des mosquées et des sites sacrés de la région, tout en fermant d’autres sites ou en les convertissant en locaux commerciaux », selon le rapport.
Le rapport fait également état de meurtres massifs, indiquant que d’imminents dirigeants ouïghours ont été condamnés à la peine de mort ou à une très longue peine d’emprisonnement, sans compter les tortures et les humiliations stratégiques commises à l’encontre des Ouïghours dans les camps de détention.
« Enfant ouïghour à Dunhuang (Chine 2006) » Les enfants ouïghours sont séparés de leurs parents pour être élevés avec une éducation et des valeurs communistes, ce qui constitue un génocide. (Image : paularps / Flickr / CC BY 2.0)
Un génocide sous tous les aspects, selon la loi
Le New Lines Institute conclut que les actes commis par l’État chinois à l’encontre du peuple ouïghour, constituent un génocide au regard de chaque paragraphe de l’article 2 de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide de 1948, qui stipule qu’il y a génocide lorsqu’un des actes citès ci-après est commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, par exemple :
(a) Le meurtre de membres d’un groupe.
(b) Causer des dommages corporels ou mentaux graves à des membres d’un groupe.
(c) Infliger délibérément au groupe des conditions d’existence destinées à entraîner sa destruction physique totale ou partielle.
d) Imposer des mesures destinées à empêcher les naissances au sein du groupe.
(e) Transférer de force les enfants du groupe vers un autre groupe.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a déclaré que les allégations de génocide étaient « inventées » par les États-Unis
Dans le même temps, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijian, a déclaré lors d’une récente conférence de presse, le 10 mars, que l’allégation de génocide est quelque chose de « monté de toutes pièces » comme une rhétorique stratégique des États-Unis.
« L’allégation de " génocide " dans le Xinjiang chinois est ridicule et sans fondement. C’est une rumeur et un mensonge carrément mal intentionnés. Les États-Unis ne devraient pas porter une telle accusation sans la moindre preuve. La Chine s’oppose fermement aux attaques sans fondement et aux calomnies. Le soutien des États-Unis à la désinformation, aux mensonges et aux rumeurs ne fait que nuire davantage à sa crédibilité et à son image », a déclaré Zhao Lijian.
Il a ensuite tenté de contrer l’affirmation en déclarant que la population ouïghoure avait doublé au cours des quatre dernières décennies, puis a accusé les États-Unis de génocide à l’encontre de la population amérindienne en 1492.
« La Chine est prête à dialoguer et à échanger sur les droits de l’homme avec d’autres pays sur la base du respect mutuel et de l’égalité de traitement, mais nous nous opposons résolument aux fabrications, aux calomnies et à l’ingérence dans les affaires intérieures des autres sous le prétexte des droits de l’homme », a fermement déclaré Zhao Lijian.
Rédacteur Fetty Adler
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