L’existence de camps de rééducation au Xinjiang pour les musulmans ouïghours est de plus en plus dévoilée par le biais des médias. Une interview récente révèle que les Chinois Han, le groupe ethnique qui représente 90 % des 1,4 milliard d’habitants du pays, ne sont pas non plus épargnés par le Parti communiste chinois (PCC).
Dans une interview accordée aux médias chinois d’outre-mer The Epoch Times et New Tang Dynasty, un chinois de l’ethnie Han qui a passé 35 jours dans un « camp de rééducation » au Xinjiang a raconté son expérience de survie.
Il décrit les camps comme des endroits où les gens sont traités comme des animaux soumis au travail forcé.
La répression contre les musulmans ouïghours a commencé après les Jeux olympiques de 2008
Jiang Yuan (pseudonyme) a déménagé au Xinjiang avec ses parents lorsqu’il avait 12 ans. Il raconte : « J’étais très enthousiaste à propos du pays et je participais aux deux fêtes officielles qui sont célébrées dans l’Islam, l’Aïd al-Fitr et l’Aïd al-Adha. Je me suis très bien intégré. »
Avant 2008, de nombreux Han et Ouïghours vivaient dans des communautés mixtes. Jiang Yuan a visité des foyers ouïghours quand il était enfant. Il raconte : « En grandissant dans la même cour, il n’y avait aucune séparation ou différenciation. »
Mais après 2008, le PCC a durci sa politique et a forcé les Ouïghours à déménager, laissant seulement quelques familles sur place. Peu après les Jeux olympiques, les autorités ont commencé à réprimer sévèrement les musulmans du Xinjiang.
La plupart des Ouïghours avaient l’habitude de porter un foulard. Les femmes portaient leurs cheveux longs sous des voiles traditionnels, tandis que les hommes se laissaient pousser la barbe selon leurs coutumes et leurs croyances. Mais après 2008, les autorités du Xinjiang ont commencé à réprimer ces coutumes.
Jiang Yuan a déclaré que ceux qui n’étaient pas d’accord avec la politique du gouvernement, quel que soit leur sexe ou leur âge, étaient emmenés dans un camp de rééducation. Qualifiés de « centres de formation professionnelle », ce sont en fait des camps de détention pour les dissidents, où ils sont soumis à un lavage de cerveau et où on leur impose l’idéologie communiste, tout en les exploitant par le travail.
Le massacre du 5 juillet 2009 à Urumqi
Lorsque l’incident du 5 juillet a eu lieu à Urumqi en 2009, Jiang Yuan se trouvait près du marché. Il a clairement entendu les coups de feu des soldats.
« Le PCC a envoyé des soldats pour encercler le marché et a sommé les gens de se rendre. Lorsque l’échéance est arrivée, ils ont ouvert le feu avec des mitrailleuses. Nous pouvions tous entendre les coups de feu et le bruit des balles qui se chargeaient, et les gens ont été abattus », a-t-il déclaré.
Selon le PCC, l’incident du 5 juillet était un affrontement entre les Chinois Han et les Ouïghours. L’armée a considéré tous les Ouïghours comme des terroristes et a ordonné une répression dans la région. Jiang Yuan a cependant dit que les militaires ne s’étaient pas souciés de savoir s’il y avait des Chinois Han dans le marché. Le moment venu, ils ont commencé à tirer sur tout le monde, quelle que soit l’origine ethnique.
Il se souvient que les soldats utilisaient des pelles pour déplacer les morceaux de cadavres éparpillés, tandis que des camions à eau venaient laver le sol couvert de sang. La scène du massacre a été nettoyée pendant la nuit, et des soldats sont venus repeindre les murs le lendemain. Pour dissimuler l’incident, le Xinjiang a également coupé la connexion à Internet pendant deux ans.
Les habitations démolies pour la construction de camps de détention
Selon Jiang Yuan, le PCC s’efforce encore aujourd’hui de construire de nouveaux camps de détention au Xinjiang. En raison du manque de surveillance par la police, les camps ne sont pas construits trop grands. Comme le Xinjiang est un vaste territoire, de nombreux camps peuvent y être construits pour séparer autant que possible la population et produire de soi-disant « avantages économiques » pour tous.
Jiang Yuan a également mentionné un propriétaire d’entreprise engagé dans la construction de camps. Selon lui, la plupart des ouvriers qui ont construit les camps sont de l’ethnie ouïghoure. Les policiers qui les ont fait venir ont été dédommagés pour le recrutement. Jiang Yuan s’est interrogé : « D’où la police a-t-elle fait venir ces gens ? Pourquoi l’argent va-t-il à la police ? »
La maison de Jiang Yuan lui-même a été démolie de force parce que l’enceinte dans laquelle il vivait se trouvait dans la zone où les autorités communistes construisaient les camps.
Il a déclaré : « Il n’y a pas de compensation. Les gens doivent être relogés le moment venu. Peu importe ce que tu fais, lorsque les trois semaines seront écoulées, les camions de construction arriveront et casseront tout au bulldozer, que tu veuilles déménager ou non. »
La maison de quatre chambres à coucher et deux salles de bain d’environ 100 mètres carrés de Jiang Yuan a été rasée. Il n’a pu que blâmer sa malchance. Jiang Yuan a déclaré : « Un périmètre d’environ cinq kilomètres situé à proximité de ma maison a été rasé au bulldozer et transformé en camp de détention. »
« La police patrouille sur le site avec des fusils chargés. Les gens n’ont pas le droit de prendre des photos, et il y a des caméras de surveillance dans toutes les directions, » a dit Jiang Yuan. « Même si nous sommes un petit endroit à la campagne, il y a des caméras haute définition tout le long de la route. »
Emprisonné dans un camp de détention
En 2019, Jiang Yuan a écrit un article sur ce qu’il avait vu pendant ses 15 ans de vie au Xinjiang et l’a publié en ligne. Il ne s’attendait pas à ce que la police lui rende visite peu après. Il a lui-même été jeté dans un camp de détention pour cette publication.
Au début, la police a demandé à Jiang Yuan de signer un « engagement obligatoire » et lui a dit qu’il pourrait être libéré s’il le signait. Mais Jiang Yuan a refusé : « Je dis la vérité. Je n’ai pas commis de crime et je suis un citoyen respectueux des lois, où que je sois. »
Suite à son refus de signer, Jiang Yuan a été torturé et battu par la police. « Ma tête a été fracassée et j’ai encore des cicatrices où les cheveux ne peuvent plus pousser », a-t-il dit.
Selon Jiang Yuan, les Ouïghours et les Chinois Han étaient logés séparément dans le camp. Lui-même vivait seul dans une pièce unique avec une seule fenêtre située en hauteur. En vivant dans ces conditions, il a rapidement perdu la notion du temps.
« Je ne me souvenais même plus de la date », a-t-il dit. « C’est ma famille qui m’a dit que j’étais dans le camp depuis 35 jours ».
Pendant cette période, il se réveillait tous les jours à 7 heures du matin pour participer à une cérémonie de levée du drapeau en groupe, chanter l’hymne national chinois et subir un lavage de cerveau. Il se mettait ensuite au travail.
À l’intérieur des camps, il y avait de grands hangars réservés au travail. Certains repas consistaient en une assiette de cornichons et un petit pain, ce qui était loin de les rassasier. Tout le monde devait réciter le discours éducatif en jurant fidélité au Parti. Ceux qui avaient la chance de quitter le camp recevaient un pamphlet qu’ils devaient porter sur eux, et étaient soumis à des contrôles à tout moment.
Les cheveux des femmes coupés pour en faire des perruques
Les hommes et les femmes étaient séparés. Sept ou huit personnes partageaient une même pièce et parfois même une douzaine de personnes étaient placées dans un seul petit espace. Jiang Yuan a découvert que les gardiens du camp obligeaient les femmes à prendre des médicaments hormonaux pour stopper leurs règles afin qu’elles puissent travailler en permanence sans interférence.
De plus, les femmes ouïghoures voyaient leurs cheveux coupés pour fabriquer des perruques qui étaient ensuite exportées vers l’Etranger.
Jiang Yuan a dit : « D’où viennent les perruques du Xinjiang, tu te demandes ? Lorsque tu entres dans un camp de détention, en premier on te coupe les cheveux. »
Les camps ne sont pas destinés à la formation professionnelle
Les camps ne sont pas destinés à la formation professionnelle comme le prétend le PCC. La plupart du temps, le travail de Jiang Yuan consistait à planter des légumes et à arracher les mauvaises herbes. Tous les détenus des camps sont soumis au travail forcé, sans aucune compensation.
Jiang Yuan a dit que les Ouïghours des deux sexes étaient soumis à des prélèvements de sang dans les camps du Xinjiang. Les médecins prélèvent de grandes fioles de sang sans en expliquer la raison, un phénomène dont de nombreux prisonniers de conscience chinois ont été témoins. Les chercheurs ont établi un lien entre ces prélèvements de sang et les prélèvements d’organes généralisés effectués dans les hôpitaux publics et liés à l’armée.
Jiang Yuan a rappelé qu’il y avait souvent des personnes qui disparaissaient du jour au lendemain. « Les gens dans les camps savent que la disparition de leurs compagnons de cellule signifie qu’ils ont peut-être été choisis pour des transplantations d’organes et qu’on ne les reverra plus jamais » a-t-il dit.
S’enfuir aux États-Unis
Jiang Yuan a expliqué que les policiers dans les camps étaient armés et que les prisonniers étaient battus avec des matraques en plastique au moindre signe de désobéissance. Dans ces circonstances, les blessures ne sont pas trop visibles en surface mais peuvent laisser de graves lésions internes. Jiang Yuan a indiqué : « Dans les camps de détention, les gens sont traités comme des esclaves, ils s’engourdissent, ont peur de résister et perdent la notion du temps. »
Après 35 jours passés dans le camp, Jiang Yuan a finalement été libéré après que sa famille et ses amis soient intervenus. En dépit de cela, il a dû se rendre périodiquement au poste de police et effectuer des tâches manuelles comme le ménage et le lavage de voitures. Il a finalement trouvé un moyen de quitter le Xinjiang et s’est enfui aux États-Unis.
Jiang Yuan a déclaré : « Aux États-Unis, les personnes qui ne connaissent pas le gouvernement chinois peuvent être trompées, mais les habitants du Xinjiang connaissent la vérité. »
Rédacteur Fetty Adler
Collaboration Jo Ann
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