Une nouvelle étude dans le cadre d’une importante enquête sur le blanchiment d’argent dans la province canadienne de la Colombie-Britannique a révélé le cas d’un ressortissant chinois ayant acheté pour 32 millions de dollars de biens immobiliers à Vancouver, via des comptes offshore.
L’étude de 165 pages fait partie de la commission d’enquête publique présidée par le juge de la Cour suprême de la Colombie-Britannique Austin Cullen. L’enquête a débuté en 2019 après une série de rapports sur une tendance au blanchiment d’argent issu des activités du crime organisé dans la province la plus occidentale du Canada.
L’étude de cas indique qu’en 2016, l’Agence des services frontaliers du Canada a entamé une enquête d’admissibilité sur un individu présenté sous le nom de « Personne A », qui a immédiatement déposé une demande d’autorisation et de contrôle judiciaire auprès de la Cour fédérale du Canada. Le document indique qu’en mars de cette année, soit cinq ans plus tard, la Cour fédérale « a rendu une ordonnance de confidentialité et de mise sous scellés du dossier. »
Les documents ont néanmoins été produits par la Commission Cullen parce qu’il s’agissait de dépôts publics et qu’ils ont été obtenus avant la délivrance de l’ordonnance de mise sous scellés.
L’étude indique que la personne A « a été employée de façon stable de 1983 à 1995. À partir de l’année 1998, cette personne a affiché un revenu annuel constant atteignant l’équivalent de 40 615 $. La personne B était employée comme commis avec un revenu non divulgué. Ensemble, ils ont pu rassembler l’équivalent de 1,26 million de dollars canadiens pour venir au Canada. »
Les documents comprennent une communication de la part du Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada (FINTRAC), de l’UBS Bank (Canada) « découlant d’une série de dépôts sur un compte détenu par la mère de la personne A », en 2011. La Personne A détenait une procuration sur le compte bancaire de sa mère. Une série de 10 transactions suspectes provenant de quatre entités basées à Hong Kong et s’élevant à 2,1 millions de dollars américains et 5 millions de dollars canadiens.
Une autre communication du FINTRAC montre une deuxième série de dix dépôts en 2010, provenant de comptes offshore de « quatre entités différentes » basées à Hong Kong, d’un montant total de plus de 14 millions de dollars américains, sur les comptes de la personne A et d’autres membres de la famille.
L’enquête a révélé qu’à partir de 2007, la personne A et les membres de sa famille ont effectué au total quatre achats immobiliers de grande valeur. La première transaction en 2007 concernait une propriété d’une valeur d’au moins 2 millions de dollars canadiens. Les transactions suivantes correspondaient à un achat en 2012 d’une valeur d’au moins 14 millions de dollars, à un achat en 2016 d’une valeur d’au moins 15 millions de dollars et à un deuxième achat en 2016 d’une valeur d’1 million de dollars.
La personne détentrice de la propriété de 14 millions de dollars était enregistrée comme vivant à l’adresse de l’achat initial de 2007 et de profession « étudiante. »
D’autres documents montrent que la mère de la personne A était la directrice d’une société basée aux Bahamas, notée « Company A », qui a reçu plus de 33 millions de dollars canadiens, 75 millions de dollars américains, 250 000 euros et 18 millions de dollars hongrois entre 2006 et 2014 sur son compte bancaire UBS (Canada).
Un certain nombre de paiements en dollars américains et en dollars canadien ont été émis par la Bank of China (Hong Kong). Le séquestre (somme d’argent versée par l’acheteur lors de la signature d’un avant-contrat) montre que ces paiements étaient le résultat d’une vente immobilière en Chine continentale.
La Commission a interrogé 11 institutions financières canadiennes pour obtenir des dossiers relatifs aux déposants de Hong Kong entre 2009 et 2020, et a comptabilisé un total de près de 167 millions de dollars canadiens introduits dans le pays, selon un rapport de nei
« Dans l’ensemble, la commission a trouvé peu d’informations de source ouverte sur ces déposants, malgré la masse d’argent liquide qui entre en Colombie-Britannique. L’un de ces déposants opérait dans un bâtiment obscur appartenant à un atelier de réparation automobile. »
L’article poursuit : « On a découvert que le déposant Hing Wah China and HK Renminbi Exchange Co, qui a effectué le plus de dépôts sur les comptes de la Bank of China, interagissait avec des actionnaires du nom de Fang Jinghua et Hing Wah. Ces deux derniers ont été accusés d’exploiter une banque clandestine dans le cadre d’un litige devant un tribunal chinois, mais ont ensuite été innocentés. Fang Jinghua, qui possède un certain nombre d’entreprises à Hong Kong avec sa famille, a également été accusé d’agression et de dommages criminels. »
Le rapport a révélé que la famille de Fang Jinghua était coactionnaire de plusieurs bijouteries, avec un homme du nom de Fong Siu Lok.
Business in Vancouver a résumé les données comme suit : « Le profil public de Fong Siu Lok est légèrement supérieur à celui des autres membres de la famille Fang. Il est devenu chef du Lion’s Club de Hong Kong en 2017, et en 2011 et 2012, il était l’un des délégués de Hong Kong au Congrès consultatif politique du peuple chinois (CPPCC) de Fengkai, une région du Guangdong juste au nord de Hong Kong. »
Le Congrès consultatif politique du peuple chinois (CPPCC) est une entité du Département du travail du Front uni, le bras du PCC chargé de coopter et de corrompre les entreprises, les gouvernements, les institutions et les individus à l’étranger afin d’importer la culture et la méthodologie opérationnelle du Parti.
Selon le rapport, Fong Siu Lok est également lié à une femme nommée Szeto Yuk Lin, décrite comme un « magnat du jeu signalé comme ayant des liens étroits avec le crime organisé, en particulier Wan Kwok-koi, alias Broken Tooth Koi, un chef de la triade 14K ».
Le journaliste d’investigation canadien Sam Cooper documente abondamment les exploits de Broken Tooth Koi et de la triade 14K à Macao, Hong Kong et en Colombie-Britannique dans son livre Wilful Blindness : How a Network of Narcos, Tycoons and CCP Agents Infiltrated the West.
Le livre de Sam Cooper est le résultat de ses nombreuses années d’enquête et de reportage. Il dévoile le plan élaboré par la Triade du PCC, une autre branche du Département de travail du front uni, pour blanchir les recettes du commerce lucratif de fentanyl et d’héroïne, par le biais des casinos gérés par le gouvernement de la Colombie-Britannique, et sous les auspices directs de Pékin. Il alerte aussi sur la tendance des responsables canadiens, à tous les niveaux du gouvernement, et des forces de l’ordre, à fermer les yeux.
Rédacteur Fetty Adler
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