Une édition spéciale d’une revue scientifique axée sur le sujet brûlant de la viande en tant qu’aliment de base traditionnel de l’alimentation humaine, et de l’élevage nécessaire au maintien de cette pratique, s’est prononcée en faveur de l’alimentation carnée et de l’élevage de bétail, considérés comme nécessaires et positifs pour la société et le corps humain. Près de mille scientifiques ont signé la déclaration de Dublin en faveur de l’alimentation carnée et de l’élevage de bétail
Parvenir à une vision équilibrée de l’avenir de l’agriculture animale
L’édition spéciale de la revue Animal Frontiers publiée à la mi-avril est accompagnée de la déclaration de Dublin, dont l’objectif est de « donner la parole aux nombreux scientifiques du monde entier qui mènent des recherches diligentes, honnêtes et fructueuses dans les différentes disciplines afin de parvenir à une vision équilibrée de l’avenir de l’agriculture animale ».
« Les systèmes d’élevage doivent progresser sur la base des normes scientifiques les plus élevées. Ils sont trop précieux pour la société pour être victimes de la simplification, du réductionnisme ou du fanatisme. Ces systèmes doivent continuer à être intégrés dans la société et bénéficier d’une large approbation de celle-ci », poursuit la déclaration.
Il est demandé aux scientifiques de fournir des preuves fiables
Se référant au corpus scientifique représenté dans Animal Frontiers, la déclaration ajoute : « pour cela, il est demandé aux scientifiques de fournir des preuves fiables de leurs avantages en matière de nutrition et de santé, de durabilité environnementale, de valeurs socioculturelles et économiques, ainsi que des solutions pour les nombreuses améliorations qui sont nécessaires ».
Dans l’article principal de la revue The Societal Role of Meat-What the Science Says, les rédacteurs invités Peer Ederer, du Global Food and Agriculture Network, et Frederic Leroy, de l’université Vrije à Bruxelles, citent les mots d’Aristote datant d’il y a 2 300 ans : « les animaux apprivoisés sont destinés à l’usage et à la nourriture de l’homme, tandis que les animaux sauvages, sinon tous, du moins la plupart d’entre eux, sont destinés à la nourriture et à l’aide, afin que les vêtements et les autres outils soient créés à partir d’eux. »
« Donc, si la nature ne fait rien en vain ou sans but, il est nécessaire que la nature ait fait tout cela pour l’homme », a déclaré Aristote.
Les auteurs posent la question suivante : « il est donc juste que chaque génération se repose cette question en tenant compte des meilleures et des plus récentes preuves scientifiques disponibles : la consommation de viande en portions suffisantes doit-elle constituer une part courante et importante du régime alimentaire standard de l’homme ? »
La viande représente une matrice alimentaire de haute qualité
S’appuyant sur les résultats de l’une des neuf études publiées dans l’édition spéciale, Peer Ederer et Frederic Leroy déclarent : « étant donné que la viande représente une matrice alimentaire de haute qualité pour la digestibilité et l’absorption d’un large éventail de nutriments, dont plusieurs sont déjà des facteurs limitants dans les régimes alimentaires du monde entier, il semble juste d’affirmer que le rôle alimentaire de la viande n’est pas facile à remplacer. »
Cette déclaration est d’autant plus importante que des groupes tels que le consortium des maires des villes C40, une entité liée au Forum économique mondial qui représente les dirigeants municipaux de 96 des plus grandes villes du monde et qui aspire à éliminer 100 % de la consommation de viande dans les villes, tentent actuellement d’éliminer complètement la viande de l’alimentation humaine.
« En fait, les populations qui ont un accès limité à la viande ont tendance à souffrir des problèmes de santé typiques associés à une faible consommation de micronutriments spécifiques présents dans la viande, ou à une consommation insuffisante de protéines de qualité », poursuit le duo.
Ils ajoutent : « en résumé, la consommation régulière de viande semble apporter des avantages nutritionnels multiples et importants ».
L’édition spéciale s’est également penchée sur la question de savoir si l’élevage est utile ou nuisible à l’environnement. Sur la base d’une étude publiée dans la revue Animal Frontiers, les auteurs de l’édition spéciale ont une fois de plus conclu que l’élevage et la production agricole sont majoritairement positifs pour l’environnement.
L’article affirme que le désir de revenir « à un état de nature presque intact » doit être « rejeté comme illusoire, arbitraire et sans doute impossible ».
Les rédacteurs ont souligné que les régimes à base de plantes, tels que ceux fortement promus par des personnalités comme le maire de New York, Eric Adams, présentent une faille dans la mesure où « la production à base de plantes ne conduit pas seulement à des aliments comestibles pour l’homme, mais aussi à de grandes quantités de biomasse non comestible ».
Les chercheurs ont constaté que l’élevage contribue en fait à résoudre ce problème car « le bétail est l’option viable la plus probable pour renvoyer les nutriments capturés dans cette biomasse dans le cycle naturel, tout en produisant des aliments comestibles de haute qualité pour l’homme ».
Dans leur résumé de l’édition spéciale, Peer Ederer et Frederic Leroy préviennent également que « les conséquences économiques, sociales et environnementales imprévues de l’abandon de l’élevage pourraient s’avérer catastrophiques pour l’équilibre écologique déjà fragile des cycles de ressources et le capital naturel restant ».
L’Italie a récemment interdit la viande synthétique
La revue a également abordé la question de la viande synthétique, qui fait la une des journaux. L’Italie a récemment interdit la viande, les produits laitiers, le poisson et la volaille synthétiques afin de protéger les traditions culinaires du pays, qui sont réputées dans le monde entier.
L’une des études composant l’édition a déterminé que l’idée selon laquelle la viande synthétique serait capable de remplacer l’élevage, que ce soit financièrement ou de manière systémique, était « loin d’être réaliste ».
« Les technologies concernées ne sont pas nouvelles, et leur historique de plusieurs décennies de recherche ainsi que les problèmes technologiques qui subsistent suggèrent qu’il faudra beaucoup de temps pour surmonter les obstacles, tandis qu’il n’est pas certain que le coût puisse être suffisamment réduit pour devenir une alternative économique, nutritionnelle ou environnementale viable à l’élevage d’animaux », résument les rédacteurs.
Les scientifiques ont également déclaré qu’il était « très improbable » que « le secteur de la viande ne nécessite aucun changement et que l’industrie mondiale du bétail et de la viande puisse continuer comme elle l’a toujours fait ».
La déclaration de Dublin se termine par un extrait du groupe de solutions sur l’élevage durable lors du sommet des Nations unies sur le système alimentaire de 2021 : « La civilisation humaine s’est construite sur l’élevage, depuis le début de l’âge du bronze il y a plus de 5 000 ans jusqu’à ce qu’il soit le fondement de la sécurité alimentaire des sociétés modernes d’aujourd’hui. L’élevage est la méthode éprouvée depuis des millénaires pour créer une alimentation saine et des moyens de subsistance sûrs, une sagesse profondément ancrée dans les valeurs culturelles partout dans le monde. L’élevage durable apportera également des solutions au défi supplémentaire d’aujourd’hui, qui consiste à rester dans la zone de sécurité des limites de la planète Terre, la seule que nous ayons ».
Rédaction Fetty Adler
Collaboration Jo Ann
Source : Nearly 1,000 Scientists Sign Dublin Declaration Supporting Meat Diet and Livestock Farming
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