Le gouvernement chinois a lancé une attaque d’envergure sur plusieurs fronts contre le géant mondial Nike, impliquant une campagne massive sur les médias sociaux encourageant les gens à boycotter les produits de l’entreprise. Cette campagne de défiance intervient après que l’entreprise ait publié un communiqué précisant qu’elle n’avait aucun lien avec le coton issu du travail forcé utilisé au Xinjiang.
Le communiqué n’est pas daté et fait suite aux récentes sanctions imposées par le Canada, la Grande-Bretagne, les États-Unis et l’UE à certains responsables chinois, pour leur implication dans des violations des droits de l’homme dans la région du Xinjiang.
« Nous sommes préoccupés par les rapports faisant état de travail forcé dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang (XUAR) ou en rapport avec cette région. Nike ne s’approvisionne pas en produits provenant de cette région et nous avons eu confirmation de nos fournisseurs contractuels qu’ils n’utilisent pas de textiles ou de fils provenant de cette région... »
Une représentation du travail forcé à l’époque Qing, au musée Yamen du comté de Neixiang, dans la province du Henan. La région autonome chinoise du Xinjiang est sous le feu des projecteurs depuis que le génocide perpétré contre la minorité ouïghoure a été largement reconnu. (Image : Gary Lee Todd, Ph.D. / Flickr / CC0 1.0)
« Nous fournissons régulièrement des informations et des commentaires à la demande des décideurs politiques sur un large éventail de questions de politique publique, y compris les droits de l’homme et l’intégrité de la chaîne d’approvisionnement, et nous n’avons pas fait pression contre la loi sur la prévention du travail forcé des Ouïghours », a déclaré l’entreprise dans le communiqué.
Nike a souligné qu’elle n’avait aucun lien avec des entreprises telles que Changji Esquel Textile, Haoyuanpeng Clothing Manufacturing ou Qingdao Jifa Group, mises en cause dans un rapport rédigé par l’Australian Strategic Policy Institute (ASPI).
Hua Chunying, la porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, qualifie l’accusation se rapportant au travail forcé de « rumeur malveillante ». Elle a averti que les entreprises qui offensent les Chinois doivent être prêtes à en « payer le prix » et que les citoyens ne permettront pas aux étrangers de profiter de l’économie chinoise tout en salissant le nom du pays.
Lors d’une conférence de presse, Gao Feng, porte-parole du ministère chinois du commerce, a déclaré que le « coton blanc immaculé » qui provient du Xinjiang n’a pas besoin d’être « sali par quelque source que ce soit ». En plus de Nike, plusieurs autres marques avaient également publié des déclarations contre le travail forcé au Xinjiang, notamment H&M, Tommy Hilfiger, Puma, Converse et Calvin Klein, et elles aussi subissent la pression.
Un « traître national »
De nombreuses célébrités ont mis fin à leurs contrats avec ces entreprises en raison des risques de dénonciation par les médias sociaux chinois. L’acteur Wang Yibo a rompu son contrat de parrainage avec Nike suite à la vague de sentiments négatifs à l’égard de l’entreprise. Wang Yibo est connu pour son affinité avec Nike. En raison de son alliance avec la marque, il a été qualifié de « traître national » sur les médias sociaux. Mais après que l’acteur ait annoncé qu’il mettait fin à son contrat avec la marque, les utilisateurs ont salué sa « bravoure. »
Les vidéos de propagande sont diffusées en ligne par les médias contrôlés par le Parti communiste chinois (PCC). Le média d’État CGTN, soutenu par Pékin, a partagé une vidéo sur Weibo incluant une citation d’un agriculteur ouïghour affirmant qu’ils se sont « battus » pour travailler sur place afin de gagner plus d’argent. Un article publié dans le Global Times, un média soutenu par l’État, a qualifié Nike de « prochaine cible » après une campagne sévère contre H&M sur les médias sociaux.
« Le hashtag #nike est devenu le plus grand sujet d’actualité sur la plateforme de médias sociaux chinoise Sina Weibo, semblable à Twitter, jeudi, avec 720 millions de vues et 530 000 commentaires sur son annonce décrivant son boycott du coton du Xinjiang... Les internautes chinois ont qualifié l’annonce de l’entreprise de dégoûtante et ont demandé à la marque de quitter le marché chinois après qu’il ait été révélé que l’entreprise avait déclaré qu’elle interdisait tout type de " travail forcé " dans sa chaîne d’approvisionnement au Xinjiang, en invoquant de prétendues préoccupations en matière de droits de l’homme », indique l’article.
Rédacteur Fetty Adler
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