En mai, les États-Unis ont émis une ordonnance de détention concernant des produits capillaires fabriqués par une société chinoise appelée Hetian Haolin Hair Accessories Co. Ltd. Cette société opère dans la région controversée du Xinjiang, où Pékin détient des millions de Ouïghours dans des camps de « rééducation ». Le service américain des douanes et de la protection des frontières (DPF) a trouvé des informations concernant la société Hetian Haolin Hair Accessories, censée avoir recours au travail forcé pour la fabrication de produits capillaires.
Agir contre le travail forcé
« Le DPF est chargé de cibler et d’éliminer les marchandises dangereuses et illicites de la chaîne d’approvisionnement américaine... Il est essentiel que les membres de la communauté commerciale inspectent de près leurs chaînes d’approvisionnement pour s’assurer que les entreprises et les consommateurs américains peuvent avoir confiance que les produits qu’ils achètent proviennent de sources sûres et éthiques, sans recours au travail forcé d’aucune sorte », a déclaré Brenda Smith, commissaire adjoint exécutif du Bureau du commerce du DPF, dans un communiqué de presse.
La société Hetian Haolin Hair Accessories Co. Ltd a été créée en 2018, elle se trouve dans un parc industriel spécialement construit pour des entreprises qui fabriquent des produits à partir de vrais cheveux. Le parc abrite apparemment 24 entreprises, avec environ 4 000 travailleurs Ouïghours. Le quotidien Xinjiang Daily, soutenu par l’État, a publié un rapport mentionnant un Ouïghour du nom de Memetjan Mettohti, qui, après avoir passé du temps dans les camps de « rééducation», a été envoyé travailler dans une usine du parc industriel en décembre 2018. Memetjan Mettohti y témoigne que s’il n’avait pas été envoyé dans le camp, il aurait pris un « mauvais chemin » et il se dit reconnaissant que le camp lui ait permis de s’engager dans une nouvelle voie.
Les cheveux utilisés dans les produits proviennent des détenus du camp.
(Image : Pixabay / CC0 1.0)
Il s’agit là d’une propagande typiquement chinoise utilisée à l’encontre des Ouïghours. Pékin considère la communauté musulmane minoritaire comme une menace pour la sécurité et envoie souvent ses membres dans des camps de « rééducation » où ils sont censés recevoir une formation dans diverses compétences. Mais en réalité, ces camps ne sont que des centres de lavage de cerveau destinés à faire renoncer les Ouïghours à leur héritage culturel et à leur faire accepter la suprématie du parti communiste chinois. De nombreuses personnes issues de ces camps sont ensuite contraintes au travail forcé. Dans les vidéos de propagande, les Ouïghours sont montrés comme étant reconnaissants, tout comme dans l'article du Xinjiang Daily cité plus haut.
En outre, les cheveux utilisés dans les produits Haolin semblent également être collectés de force. Certaines des femmes détenues ont admis que les fonctionnaires avaient l’habitude de leur raser la tête de force dès leur entrée dans le camp. Les détenues n’ont aucune idée de ce qu’il advient des cheveux rasés. Un négociant qui prétend avoir visité une usine de la société Haolin a déclaré que non seulement les Ouïghours sont envoyés dans des camps pour y travailler, mais que même les cheveux utilisés proviennent des détenus du camp. La Chine est le premier exportateur mondial de cheveux, qui représentent près de 80 % de ces produits.
La législation américaine
Le mois dernier, le Sénat américain a approuvé un projet de loi visant à sanctionner les fonctionnaires du gouvernement chinois qui sont identifiés comme étant liés aux camps de travail forcé dans la région du Xinjiang. Ce projet de loi du nom de Uyghur Human Rights Policy Act of 2020, recommande au gouvernement américain de réagir plus sévèrement aux violations des droits de l’homme, perpétrées par Pékin à l'encontre des minorités ethniques comme les Ouïghours et les Kazakhs. Les fonctionnaires chinois responsables de la persécution de ces communautés verront leurs propriétés et leurs biens détenus aux Etats-Unis, gelés. En outre, l’entrée aux États-Unis leur sera totalement refusée.
Le Sénat américain a approuvé un projet de loi visant à protéger les Ouïghours. (Image : Pixabay / CC0 1.0)
Le secrétaire d’État devra présenter un rapport sur les violations des droits de l’homme au Xinjiang, détaillant le nombre de personnes détenues dans les camps d’internement, les conditions dans lesquelles elles vivent, les méthodes de torture utilisées contre elles, le nombre de détenus qui sont contraints au travail, etc. Le projet de loi doit maintenant être adopté par la Chambre des représentants, puis signé par le Président, avant de pouvoir être validé en tant que loi.
Rédacteur Fetty Adler
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