Le 18 mai, le Trésor américain ainsi que plusieurs banques de développement mondiales, en collaboration avec d’autres groupes, ont annoncé un plan de plusieurs milliards de dollars pour faire face à la crise mondiale de la sécurité alimentaire, exacerbée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Lors d’une conférence de presse le 18 mai, la secrétaire d’État au Trésor, Janet Yellen, a fait état de la forte hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie dans le monde, notant que les économies mondiales risquent la stagflation - une situation économique conjuguant la stagnation de l’activité économique et un taux d’inflation élevé. Elle a affirmé que les États-Unis sont « les mieux placés » pour relever ce défi économique.
« Les perspectives économiques mondiales sont difficiles et incertaines. Et la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie a des effets stagflationnistes, à savoir une baisse de la production et des dépenses et une hausse de l’inflation dans le monde entier », a-t-elle déclaré, selon l’Associated Press.
Afin de contrer le risque d’une famine de masse due à la guerre, à la hausse des prix des denrées alimentaires et aux dommages causés aux cultures par le climat, le département du Trésor et plusieurs banques de développement mondiales ont déclaré qu’ils « travaillaient rapidement pour mettre à profit leurs financements, leur engagement politique et leur assistance technique ».
Des dizaines de milliards de dollars seront investis pour soutenir les agriculteurs, résoudre la crise de l’approvisionnement en engrais et développer davantage de terres pour la production alimentaire.
La Banque asiatique de développement contribuera au financement pour la lutte contre l’insécurité alimentaire en Afghanistan et au Sri Lanka, et la Banque africaine de développement utilisera 1,5 milliard de dollars pour aider 20 millions d’agriculteurs africains, selon le département du Trésor.
En outre, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, ainsi que la Banque interaméricaine de développement, le Fonds international de développement agricole, et la Banque mondiale, apporteront des « dizaines de milliards » dans les mois et années à venir pour faire face à la crise.
La Russie et l’Ukraine produisent ensemble environ un tiers de l’approvisionnement mondial en blé
Ce plan découle d’une réunion convoquée par Janet Yellen, en avril, lors des réunions de printemps du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, où elle a appelé les nations puissantes à intensifier leurs efforts et à rechercher des moyens spécifiques de lutter contre l’insécurité alimentaire mondiale, résultant de l’agression russe en Ukraine.
La Russie et l’Ukraine produisent ensemble environ un tiers de l’approvisionnement mondial en blé. La flambée des prix des denrées alimentaires et des produits de base serait une conséquence directe du conflit entre les deux nations.
Selon le département d’État, en 2021, avant l’invasion de la Russie, plus de 193 millions de personnes dans le monde se sont retrouvées en situation d’insécurité alimentaire aiguë, soit une augmentation de 40 millions de personnes par rapport à 2020. On estime que 40 millions de personnes supplémentaires devraient être confrontées à une insécurité alimentaire aiguë et basculer dans la pauvreté, d’ici à la fin de 2022.
La Banque mondiale va fournir 12 milliards de dollars supplémentaires
Conjointement à l’annonce du Trésor américain, la Banque mondiale a annoncé qu’elle allait fournir un financement supplémentaire de 12 milliards de dollars pour atténuer les « effets dévastateurs » de la crise croissante de l’insécurité alimentaire.
Ces fonds supplémentaires portent le total des dépenses de la Banque mondiale pour cette crise à 30 milliards de dollars, au cours des 15 prochains mois. L’injection de fonds a été annoncée quelques heures seulement avant la tenue d’une réunion clé des Nations unies sur la sécurité alimentaire mondiale.
Selon l’AFP, la Banque mondiale a déclaré que ces nouveaux fonds permettront de stimuler la production de nourriture et d’engrais, de faciliter l’accroissement des échanges commerciaux et de soutenir les ménages et les producteurs vulnérables.
David Maplass, le président de la Banque mondiale, a déclaré : « La hausse des prix des denrées alimentaires a des effets dévastateurs sur les plus pauvres et les plus vulnérables. Il est essentiel que les pays fassent maintenant des déclarations claires sur les futures augmentations de production en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. »
Auparavant, la Banque mondiale avait promis 18,7 milliards de dollars de nouveaux financements pour des projets créés pour répondre aux « problèmes de sécurité alimentaire et nutritionnelle » en Afrique, au Moyen-Orient, en Europe orientale et en Asie centrale et du Sud.
Selon David Malpass, « les pays devraient déployer des efforts concertés pour accroître l’offre d’énergie et d’engrais, aider les agriculteurs à augmenter les plantations et le rendement des cultures, et supprimer les politiques qui bloquent les exportations et les importations, détournent les denrées alimentaires vers les biocarburants ou encouragent le stockage inutile. »
Le week-end dernier, l’Inde a interdit les exportations de blé, ce qui a fait monter en flèche les prix des céréales, et l’administration Biden a récemment annoncé qu’elle allait augmenter la quantité d’éthanol, un additif à base de maïs, dans l’essence américaine afin de soulager les consommateurs, qui ont vu le coût de l’essence monter en flèche ces derniers mois.
Le département du Trésor a été prompt à saluer l’engagement de la Banque mondiale en déclarant : « La guerre russe contre l’Ukraine est le dernier choc mondial qui exacerbe la forte augmentation de l’insécurité alimentaire aiguë et chronique de ces dernières années, due aux conflits, au changement climatique et aux ralentissements économiques, tels que ceux associés à la pandémie de Covid-19. »
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