Appuyez sur “Entrée” pour passer au contenu

Monde. UE : polémique autour du passeport vaccinal

ACTUALITÉ > Monde

Silkie Carlo, directeur de Big Brother Watch, prévient que les
passeports vaccinaux pourraient devenir l’épine dorsale d’un
système d’identification numérique oppressif, conduisant à
terme à un apartheid sanitaire (ségrégation). (Image : wikimedia
/ Crookesmoor / CC BY-SA 4.0)

La Commission européenne a récemment introduit un « certificat vert numérique » pour permettre aux citoyens de l’UE de voyager avec une « plus grande liberté » au sein de l’Union. Ce certificat sera accordé aux personnes vaccinées, à celles dont le test de dépistage Covid-19 est négatif ou qui sont guéries. Le coronavirus est également connu sous le nom de « virus du PCC », (car il est né en Chine à l’époque où le Parti communiste chinois est au pouvoir).

La décision concernant les certificats numériques intervient à l’approche de la saison estivale, qui va s’accompagner d’une augmentation des voyages dès les mois à venir.

« Il s’agit d’une approche au niveau de l’UE en ce qui concerne la délivrance, la vérification et l’acceptation de certificats visant à faciliter la libre circulation au sein de l’UE... (La proposition législative est) fondée dans le respect le plus strict du principe de non-discrimination et des droits fondamentaux des citoyens de l’UE... La possibilité de l’étendre aux certificats compatibles délivrés dans des pays tiers sera également prévue », a déclaré la Commission dans un communiqué.

La proposition de certificat numérique stipule que tout État membre de l’UE qui permet aux voyageurs vaccinés de contourner les restrictions doit accepter les certificats des autres États membres dans les mêmes conditions. Les certificats seront également délivrés sur support papier.

L’UE garantit la sécurité

La Commission européenne a garanti que toutes les données collectées seront sécurisées à un « niveau très élevé de protection des données ». Une fois que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) aura déclaré la fin de l’urgence sanitaire internationale liée à la Covid-19, cette mesure sera suspendue.

Le vice-président de la Commission européenne, Margaritis Schinas, a souligné que la proposition de certificat numérique est un « ensemble équilibré de mesures existantes et nouvelles ». Il espère que les États membres de l’UE soutiendront la proposition lors du prochain sommet du 25 mars. La proposition n’entrera en vigueur que si elle est approuvée par les législateurs de l’UE.

La Commission européenne prévoit d’émettre des certificats verts numériques afin de permettre à ses citoyens de voyager plus librement à l’intérieur de l’Union Européenne. (Image : Free-Photos / Pixabay)
La Commission européenne prévoit d’émettre des certificats verts numériques afin de permettre à ses citoyens de voyager plus librement à l’intérieur de l’Union Européenne. (Image : Free-Photos / Pixabay)

Le projet de certificat numérique a reçu le soutien de pays comme la Grèce, qui dépend fortement de l’industrie du tourisme. « L’Europe va de l’avant avec notre proposition. L’introduction d’un certificat vert numérique est en bonne voie de réalisation. C’est une décision qui facilitera grandement la circulation des citoyens et contribuera à stimuler le tourisme et les économies qui en dépendent fortement », a déclaré le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis dans un tweet.

Les acteurs du tourisme irlandais se sont également montrés favorables au projet de certificat numérique de l’UE. Certains rapports ont averti que des milliers d’emplois irlandais seraient menacés si les restrictions imposées en cas de pandémie venaient à nouveau freiner la prochaine saison touristique estivale. Eoghan O’Mara Walsh, directeur général de l’Irish Tourism Industry Confederation, a déclaré que « les certificats étaient une bouée de sauvetage pour le secteur du tourisme, durement touché. »

Discrimination et totalitarisme

La proposition de passeports vaccinaux, de certificats de santé et de vaccination obligatoire s’est heurtée à une forte opposition de la part de plusieurs États membres de l’UE, qui craignent qu’elle ne débouche sur la discrimination et le totalitarisme.

Un scénario, débouchant sur la discrimination à l’égard des personnes ne possédant pas de carte verte numérique, pourrait apparaître. Alors que les personnes vaccinées seraient autorisées à voyager sans restriction, celles qui choisiraient de ne pas se faire vacciner feraient face à des restrictions de voyage plus sévères.

En France, le Rassemblement national (RN) s’oppose à une proposition visant à introduire des passeports sanitaires. Le parti fait valoir qu’une telle mesure obligerait essentiellement les gens à se faire vacciner, car personne ne souhaite être victime de discrimination pour le motif de ne pas avoir été vacciné.

Florian Philippot, président du parti les Patriotes, qualifie l’idée du passeport sanitaire de « dictatoriale et totalitaire ».

« Nous n’accepterons jamais que le gouvernement impose par la contrainte ce qu’il n’est pas capable de nous faire accepter par la confiance... Il ne peut y avoir de citoyenneté de seconde zone pour les personnes non vaccinées. C’est profondément dommageable et [équivaut à] un liberticide (mort à la liberté) », a déclaré la présidente du RN, Marine Le Pen, dans un tweet.

Alison Thompson, bioéthicienne et professeure agrégée à l’Université de Toronto, a souligné que les passeports vaccinaux diviseront la société entre ceux qui bénéficieront des droits et privilèges du passeport et ceux qui se verront refuser ces privilèges. Elle n’est pas surprise que les gens s’inquiètent de savoir si le système de passeport sera un jour équitable.

Le mois dernier, des manifestations ont eu lieu au Danemark contre la proposition du gouvernement de mettre en place des passeports vaccinaux dans le pays. Les organisateurs de l’une de ces manifestations ont également critiqué ce projet comme un moyen de rendre la vaccination obligatoire et ont déclaré qu’une telle mesure restreindrait fortement la liberté individuelle. Les slogans des manifestants comprenaient « liberté pour le Danemark » et « nous en avons assez ».

Les organisations de défense des libertés civiles s’inquiètent du fait que le Royaume-Uni envisage également de délivrer des passeports vaccinaux. Silkie Carlo, directeur de Big Brother Watch, prévient que ces passeports pourraient devenir l’épine dorsale d’un système d’identification numérique oppressif, conduisant à terme à un « apartheid » (ségrégation) sanitaire.

« Les cartes d’identité numériques conduiraient à ce que des dossiers sensibles couvrant des données médicales, professionnelles, de voyage et biométriques, sur chacun d’entre nous, finissent aux mains des autorités et des bureaucrates d’État... Ce plan dangereux normaliserait les contrôles d’identité, augmenterait le contrôle de l’État sur les citoyens respectueux des lois et serait une porte ouverte à la cybercriminalité », a déclaré Carlo au Guardian.

Rédacteur Fetty Adler

Soutenez notre média par un don ! Dès 1€ via Paypal ou carte bancaire.