La ville de Manassas, en Virginie, a adopté une résolution condamnant le prélèvement d’organes sur les prisonniers d’opinion autorisé par l’État chinois, ainsi que la persécution du Falun Gong par le régime communiste, rejoignant ainsi cinq autres villes de Virginie ayant adopté des résolutions similaires au cours des deux dernières années.
La résolution, adoptée par le conseil municipal le 27 novembre 2023 et signée par la maire de la ville, Michelle Davis-Younger, au nom du conseil, vise à sensibiliser les habitants de Manassas et la communauté médicale aux risques liés aux voyages en Chine pour des transplantations d’organes.
La prise de position du conseil municipal de Manassas fait suite à des rapports récents faisant état de prélèvements systématiques d’organes sur des prisonniers de conscience, sanctionnés par l’État, visant le Falun Gong (également connu sous le nom de Falun Dafa) et d’autres minorités religieuses telles que les musulmans ouïghours et les chrétiens.
Le Falun Gong est une discipline spirituelle chinoise incluant la méditation, des exercices simples de qigong, axée sur l’amélioration de la condition physique et morale. Il a gagné en popularité en Chine au cours des années 1990, avec entre 70 et 100 millions de pratiquants, mais a été interdit par les dirigeants du Parti communiste chinois (PCC) en 1999, faisant l’objet d’une campagne de persécution meurtrière.
« Les habitants de Manassas devraient être pleinement informés de la source d’organes en Chine avant de prendre la décision de s’engager dans le tourisme de transplantation d’organes en Chine », a déclaré le conseil dans la résolution, ajoutant que le conseil municipal devrait contribuer à la sensibilisation à cet égard.
« Le Conseil municipal de la ville de Manassas condamne par la présente la persécution du Falun Gong par le régime communiste chinois, le prélèvement d’organes sur les prisonniers de conscience en Chine et l’utilisation des prisonniers de conscience pour le travail forcé en Chine ».
Un rappel important au public
En signe de solidarité avec les pratiquants de Falun Dafa, Pamela Sebesky a présenté la résolution aux pratiquants locaux lors de la réunion du conseil. Elle a souligné que cette résolution était un rappel important que, même aujourd’hui, des millions de personnes en Chine continuent de subir des persécutions cruelles et des traitements inhumains en raison de leur foi.
Le tourisme d’organes en Chine, le pays qui possède l’une des plus grandes industries de transplantation d’organes au monde, est devenu de plus en plus populaire ces dernières années en raison du coût relativement bon marché des transplantations et de la disponibilité des organes, avec environ 60 000 à 90 000 transplantations d’organes par an, selon un rapport de 2021 publié par Amnesty International UK.
Toutefois, la persistance du prélèvement d’organes sur des prisonniers de conscience en Chine continue de susciter des inquiétudes en matière de droits de l’homme dans le monde entier. La Chambre des représentants des États-Unis, le Parlement européen et la Commission italienne des droits de l’homme ont condamné cette pratique inhumaine. L’Australie a interdit à ses hôpitaux de former des citoyens chinois à la chirurgie, tandis qu’Israël, l’Italie, l’Espagne, le Canada, la France et Taïwan ont interdit le tourisme de transplantation d’organes vers la Chine.
Mme Tang, une pratiquante locale de Falun Gong présente à la réunion, a remercié le conseil de soutenir la liberté religieuse de son groupe. Dans son discours, Mme Tang a souligné que l’action du Conseil était « particulièrement significative » car les pratiquants de Falun Gong en Chine ont été emprisonnés, torturés et tués en raison de leur foi, alors que les Américains sont libres de célébrer leurs fêtes religieuses traditionnelles dans la paix et la joie. Elle a ajouté que la résolution apporterait des bénédictions à la ville.
Wang Chunyan, une pratiquante de Falun Gong qui a vécu la persécution dans les camps de travail en Chine et a travaillé avec les fonctionnaires de la ville pour faire passer la résolution, a partagé son expérience avec le peuple américain pour faire savoir qu’il existe encore des régimes qui approuvent un traitement aussi odieux de certains groupes minoritaires en raison de leurs croyances spirituelles.
Wang Chunyan a appelé les gens du monde entier à s’unir et à travailler ensemble pour mettre fin à ces persécutions et permettre à l’humanité de revenir à la normalité et à la moralité. La résolution de Manassas fait suite à de nombreuses autres résolutions similaires adoptées dans certains États, villes et comtés des États-Unis.
En juin 2016, la Chambre des représentants des États-Unis a adopté à l’unanimité la résolution 343, qui condamne le prélèvement d’organes sur les pratiquants de Falun Gong et d’autres prisonniers de conscience, sanctionné par l’État, dans un contexte de préoccupations croissantes concernant les violations flagrantes des droits de l’homme commises par le régime du PCC.
Les preuves du prélèvement d’organes par le PCC s’accumulent
Les rapports faisant état de prélèvements d’organes sanctionnés par l’État sur des prisonniers de Falun Gong ont été rendus publics pour la première fois en 2006, mais la pratique aurait commencé au début des années 2000. Plusieurs chercheurs ont mis en évidence une transplantation massive d’organes en Chine, qui ne peut être soutenue par un système conventionnel de don d’organes, étant donné le nombre extrêmement faible de donneurs volontaires dans le pays.
L’industrie chinoise de la transplantation d’organes a connu un boom dès le début de la persécution du Falun Gong en 1999
Selon un rapport rédigé par David Kilgour, ancien législateur, par David Matas, avocat spécialisé dans les droits de l’homme, et par Ethan Gutmann, journaliste d’investigation, des dizaines de milliers de prisonniers politiques, principalement du groupe Falun Gong, ont été exécutés « à la demande » pour fournir des organes vitaux au secteur en plein essor de la transplantation d’organes en Chine, dont le chiffre d’affaires s’élève à plus d’un milliard de dollars par an.
Les autorités du PCC ont rejeté toutes les allégations de prélèvement forcé d’organes sur des prisonniers de conscience, sans fournir d’explication aux préoccupations spécifiques exprimées par les groupes de défense des droits de l’homme et les enquêteurs. En 2015, les autorités chinoises ont admis que des prisonniers du couloir de la mort avaient été utilisés comme donneurs d’organes, mais ont affirmé que cette pratique avait pris fin.
Le gouvernement chinois a depuis lors gardé le secret d’État sur les chiffres des exécutions, la liste des donneurs d’organes et les données relatives aux transplantations d’organes, violant ainsi les exigences de l’OMS en matière de transparence et de traçabilité dans les filières d’obtention d’organes.
En décembre 2018, le Tribunal chinois basé au Royaume-Uni, chargé d’enquêter sur les rapports concernant le prélèvement d’organes sur des prisonniers de conscience dans l’État communiste, a conclu que « le prélèvement forcé d’organes est pratiqué depuis des années dans toute la Chine à une échelle significative et que les pratiquants de Falun Gong ont été l’une et probablement la principale source d’approvisionnement en organes. »
« Le prélèvement forcé d’organes est d’une cruauté inégalée, même comparé –sur la base de la mort pour la mort – aux meurtres commis par les crimes de masse au siècle dernier », a noté le Tribunal dans son jugement rendu lors d’une audience à Londres.
Le tribunal a également ajouté qu’il existait des « preuves numériques » montrant « l’impossibilité d’avoir un nombre suffisant de " donneurs éligibles " » correspondant au nombre de greffes.
Selon le Tribunal, les allégations de prélèvement forcé d’organes sont apparues pour la première fois en 2001, après un boom de l’activité de transplantation en Chine, avec des délais d’attente plus courts, précise le communiqué, ajoutant que des sites Internet chinois annonçaient des transplantations d’organes vitaux tels que le cœur, les poumons et les reins. Ces organes pouvaient être réservés à l’avance, suggérant que les victimes étaient tuées sur demande.
En juin 2021, les experts en droits de l’homme des Nations unies ont émis un avertissement glaçant : « ils ont été extrêmement alarmés par les informations faisant état d’allégations de " prélèvement d’organes " visant des minorités, notamment les pratiquants du Falun Gong, les Ouïghours, les Tibétains, les musulmans et les chrétiens, en détention en Chine ».
« Malgré le développement progressif d’un système de dons d’organes volontaires, des informations continuent d’apparaître concernant de graves violations des droits de l’homme dans le cadre de l’obtention d’organes pour des transplantations en Chine », ont ajouté les experts de l’ONU.
Avant Manassas, 25 comtés et au moins cinq villes de Virginie avaient déjà adopté des résolutions condamnant la persécution du Falun Gong par le PCC à compter de décembre 2023.
Rédaction Fetty Adler
Collaboration Jo Ann
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